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En attendant Orwell

C’est une bonne leçon qu’Amazon vient, à son insu, de donner. Une mise en garde contre les abus de la société à l’heure du tout électronique….

C’est une bonne leçon qu’Amazon vient, à son insu, de donner. Une mise en garde contre les abus de la société à l’heure du tout électronique. Le 17 juillet, des propriétaires du Kindle, le livre électronique commercialisé depuis 2007 par Amazon aux Etats-Unis, se sont aperçus que leur bibliothèque électronique s’était allégée. Sans les prévenir, le cybercommerçant avait effacé à distance certains titres que des clients avaient achetés et téléchargés. Un peu comme si une grande enseigne comme la Fnac envoyait une armée de sbires chargés de récupérer en douce certains ouvrages dans la maison de ses clients. Le plus amusant dans l’affaire, si l’on peut dire, tient aux titres qui ont été effacés par Amazon : la Ferme des animaux et 1984 de George Orwell. Pas de chance : deux livres qui traitent des abus du totalitarisme et, dans le cas de 1984, évoquent les effets d’une censure abusive.Les utilisateurs du Kindle s’exprimant sur le forum d’Amazon se sont immédiatement insurgés, se sentant volés et trahis. Il apparaît évident qu’aucun d’entre eux n’avait conscience de la possibilité d’Amazon d’agir directement sur leurs bibliothèques. Ils étaient surtout persuadés d’avoir bel et bien acheté une version, certes électronique, des livres, et non pas une simple licence d’utilisation.

Problème de droits

Du côté d’Amazon, l’explication n’a pas tardé : l’éditeur spécialisé dans la publication d’ouvrages tombés dans le domaine public, qui avait mis les romans à disposition, n’en possédait pas les droits, ceux-ci courant, aux Etats-Unis, jusqu’en 2044. Amazon a donc effacé les titres à distance et remboursé ses clients. Qu’importe si certains utilisaient ces livres pour leurs études et ont perdu toutes leurs notes… “ Notre solution au problème était stupide, irréfléchie et douloureusement éloignée de nos principes ”, a déclaré Jeff Bezos, le patron d’Amazon. Bref, ils ne recommenceront pas.En attendant, nous, consommateurs, n’oublierons pas qu’il existe souvent, cachées dans les contrats de vente que nous ne lisons jamais, des clauses qui font toute la différence entre un bien électronique et un autre bien : le bien électronique ne nous appartient que rarement, nous n’en sommes que les locataires

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Stéphane Viossat