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En attendant les sanctions… si elles tombent

Microsoft, reconnu coupable d’avoir violé la loi antitrust américaine, fera appel de la décision. L’effet est surtout psychologique, les sanctions ne seront pas applicables avant deux ans.

Coupable. Le verdict n’aura surpris personne. Pas même Bill Gates. Microsoft jouit d’un monopole sur les systèmes d’exploitation de PC de bureau. Il a utilisé ce monopole pour évincer Netscape et devenir leader des navigateurs Web. Des conclusions qui, finalement, ne font que lever un secret de Polichinelle.
Reste maintenant à trouver des sanctions qui “fassent la différence pour les consommateurs et qui rétablissent l’innovation et la concurrence dans l’industrie”, comme l’a déclaré Tom Miller, le ministre de la Justice de l’Etat de l’Iowa. Et c’est là que le bât blesse. Les sanctions ne seront connues que dans trois ou quatre mois. Comme Microsoft a d’ores et déjà décidé de faire appel, aucune peine ne sera appliquée avant la fin d’une procédure qui peut finir devant la cour suprême. On est donc parti pour un long feuilleton politico-judiciaire qui peut s’éterniser pendant encore deux ou trois ans. Entretemps, Microsoft restera en un seul morceau, et libre de sa politique commerciale.

Caduque dans deux ans

Les conséquences restent donc faibles pour l’utilisateur. Il n’y aura pas plus de choix en matière de systèmes d’exploitation ou d’applications bureautiques. “Ce procès révèle surtout qu’il est urgent d’adapter la loi antitrust à Internet et à l’évolution rapide des technologiques”, note Michael Gartenberg, analyste au Gartner Group. Car les problèmes d’aujourd’hui ne seront plus d’actualité dans deux ans.” Et c’est déjà le cas aujourd’hui. Ce procès, déclenché en 1996, est centré sur l’intégration du navigateur Web dans Windows. Depuis, le paysage informatique a changé. Même à 1 GHz, les PC ne défraient plus la chronique. Le succès des iMac, Palm Pilot, Play- Station et autres téléphones GSM prouve que l’avenir est aux petits appareils communicants. Difficile, dans ces conditions, d’assurer qu’une sanction contre Microsoft ne sera pas caduque dans deux ans. En la matière, l’exemple du procès antitrust IBM est éloquent. L’affaire s’est enlisée et les charges ont été abandonnées au bout de huit ans de procédure. Aujourd’hui, IBM conserve un monopole sur les grands systèmes. Mais personne ne semble s’en émouvoir. L’intérêt est ailleurs. Comme les grands systèmes, la bureautique pourrait devenir un simple marché de renouvellement. Bien entendu, un accord à l’amiable peut toujours intervenir à tout instant. Mais, d’ici là, le procès n’aura que des conséquences collatérales. L’annonce du verdict a déjà fait chuter l’indice Nasdaq de près de 600 points et amputé la capitalisation de Microsoft de plus de 100 milliards de dollars.
Cette période d’incertitude judiciaire peut aussi avoir des conséquences dommageables pour Microsoft. Le verdict a en effet ouvert la porte à des centaines de petites affaires de dommages et intérêts qui seront intentées en civil. Sans oublier la Commission européenne qui enquête sur les programmes inclus dans Windows 2000. Un nouveau procès antitrust pourrait en conséquence démarrer de ce côté-ci de l’Atlantique.
Microsoft risque donc d’être embourbé dans des procédures judiciaires avec les conséquences que l’on sait : distraction des dirigeants et pression financière. Un Microsoft moins agile et harcelé de toutes parts laissera probablement des opportunités à ses concurrents. Il n’aura pas non plus la même agressivité pour investir les marchés du XXIe siècle : Internet, commerce électronique, appareils communicants, etc. Des secteurs où ni Windows NT ni Windows CE ne font l’unanimité j
Anicet Mbida et Ludovic Nachury

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Anicet Mbida et Ludovic Nachury