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En attendant la sortie du tunnel…

Le petit monde des opérateurs IP de nouvelle génération se divise désormais en deux camps : ceux qui sont heureux de pouvoir annoncer l’achèvement de leurs déploiements paneuropéens ; et ceux qui doivent réduire leurs ambitions, difficultés financières obligent.

Les opérateurs du premier camp ne sont pas très nombreux. On y trouve, entre autres, Global Crossing et Ebone. Avec la connexion de Madrid et de Barcelone à sa boucle espagnole ; et de Genève à sa boucle Lyon-Zurich, Global Crossing vient ainsi d’achever la construction de son réseau IP global paneuropéen. Celui-ci interconnecte aujourd’hui 47 villes sur quelque 25 000 km.Au même moment, Global Crossing achevait aussi son infrastructure mondiale, qui interconnecte désormais plus de 200 grandes villes de 27 pays sur près de 160 000 km de tracé. ” C’est le plus important projet d’infrastructure jamais réalisé, se félicite Tom Casey, son CEO. Nous l’avons fait en moins de quatre ans en respectant le budget et les délais impartis. “Ebone, lui, annonce également l’achèvement de son backbone IP fibre optique. Doyen des réseaux IP paneuropéens, celui-ci affiche un taux de remplissage de 50 à 60 %. Son trafic double pratiquement tous les six mois et devrait passer à la commutation optique d’ici à la fin de l’année.Comme celui de Global Crossing, ce réseau remplit aujourd’hui une double vocation : d’abord, celle d’être mis à la disposition des autres opérateurs ; ensuite, celle de supporter les services IP conçus et commercialisés par l’opérateur pour les entreprises (VPN IP, streaming, voix sur IP, hébergement administré, sécurité…).A l’exemple de Global Crossing et de quelques autres comme Carrier 1, il se complète également désormais de réseaux métropolitains dans plusieurs grandes villes, afin de collecter les gros trafics directement à leur source.Quant aux opérateurs de l’autre camp, ils éprouvent des désillusions. Ils sont hélas bien plus nombreux. On y trouve 360networks, XO Communications, KPNQwest, Level 3, Viatel, Interoute… Avant même d’avoir pu commencer de mettre le pied sur le Vieux Continent, comme il en avait l’intention, 360networks a ainsi dû se placer ?” comme Viatel ?” sous la protection du Chapitre 11. XO Communications a dû renoncer, lui aussi, à ses ambitions européennes. Quant à KPNQwest, il est affaibli par le surendettement de son cofondateur, l’opérateur historique néerlandais KPN…

Plan social chez Level 3 France

Level 3, de son côté, a annoncé le licenciement de 24 % de ses effectifs, soit quelque 1 400 personnes sur près de 6 000, dont quelque 550 personnes en Europe. En France, où l’opérateur employait près de 80 personnes, ce dégraissage exigera la mise en ?”uvre d’un plan social. Level 3 renonce également à la construction de sa boucle sud-européenne (Milan-Zurich-Lyon).En effet, il affiche pour 2000 des pertes de près de 1,5 milliard de dollars pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliard et des dettes de long terme de près de 8 milliards de dollars. Pas étonnant, l’opérateur s’était lancé dans un programme des plus ambitieux. Sa règle a été de déployer partout de 10 à 20 fourreaux de 144 fibres chacun en même temps, mais de n’en occuper qu’un seul pour commencer. En cela, il s’opposait radicalement à Ebone, par exemple, qui, au contraire, misait sur la progressivité, en augmentant chaque année, grâce au multiplexage de longueurs d’onde, la capacité des fibres dont il disposait déjà.Autres éléments négatifs dans le bilan de Level 3 : au premier trimestre 2001, il disposait de près de 600 000 m2 de capacités d’hébergement, qui sont sans doute fort loin d’être occupés en totalité. Il n’avait de plus réalisé en Europe qu’un peu moins de 8 % de son chiffre d’affaires.L’opérateur a démenti toute éventualité de rachat par Cable & Wireless. Il a, par contre, choisi de se recentrer sur les plus gros clients et les services de base (la transmission, l’accès et l’hébergement).“Beaucoup de nos 2 500 clients à travers le monde, explique Denis Le Brizault, p-dg France, nous coûtent finalement plus cher qu’ils ne nous rapportent, puisque 80 % de notre chiffre d’affaires vient de 150 clients. C’est sur les acteurs majeurs de l’Internet que nous allons donc désormais nous concentrer, tous les autres devant être pris en charge par des revendeurs et des intégrateurs.”En revanche, Level 3, qui a été l’un des instigateurs les plus actifs de la guerre des prix avec Global Crossing et Iaxis, maintiendra quoi qu’il arrive son objectif de baisse des tarifs de 30 à 50 % par an. ” Dans notre modèle économique, poursuit Denis Le Brizault, nos revenus vont sans doute continuer de baisser, mais pas nos marges. “Les opérateurs IP aujourd’hui en difficulté ont sans doute beaucoup de points communs. Le premier et le plus évident est de ne pas avoir su boucler leur plan de financement avant la crise des valeurs Internet, et donc d’être obligés de demander chaque année des financements complémentaires, qui bien sûr ne leur sont plus accordés.

Vers une reprise de la demande fin 2002

A l’inverse, les opérateurs moins fragiles affichent de ce point de vue une solidité à toute épreuve. Carrier 1 affirme ainsi qu’il disposera encore d’une trésorerie de 200 millions de dollars fin 2001 et que, grâce à un chiffre d’affaires en rapide augmentation, son excédent brut d’exploitation devrait être positif dès cette année. Même Level 3 se dit à l’abri d’une mauvaise surprise.“Nous disposons encore d’une réserve de liquidités de 4,2 milliards de dollars, qui nous permettra de tenir jusqu’à l’Ebitda positif, prévu pour début 2003”, explique le p-dg français.Pour tous, la sortie du tunnel devrait se situer entre la fin 2001 et le début 2002, car le trafic étant toujours en croissance, il faudra bien que les clients commandent un jour ou l’autre des capacités supérieures (www.globalcrossing.com) (www.ebone.com) (www.xo.com) (www.kpnqwest.com) (www.360.net) (www.interoute.com) (www.level3.com) (www.carrier1.com) (www.viatel.com).

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La rédaction