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En 2017, faudra-t-il craquer pour les cartes graphiques externes ?

Faire de n’importe quel PC une machine de jeu, c’est la promesse de certains constructeurs, qui se lancent dans les cartes graphiques externes. Si sur le fond l’initiative est louable, elle n’est pas encore parfaite… ni même nouvelle..

Imaginez. Vous utilisez avec plaisir un bon PC portable 15 pouces taillé pour les besoins du quotidien, avec une configuration correcte datant de 2014 Avec son Core i5, ses 8 Go de mémoire vive, son petit SSD et son disque dur 1 To, il n’est pas vraiment taillé pour le jeu vidéo. Problème, Watch_Dogs 2 vient de sortir !
Après avoir consulté le spécifications minimales requises pour faire tourner le nouveau jeu d’Ubisoft, vous vous rendez compte que la carte graphique de votre machine ne pourra pas suivre la cadence. Enfer ! Que faire ? Aujourd’hui, deux solutions s’offrent à vous : acheter une console ou… changer de machine.

Une troisième voie…

Demain, en revanche, vous aurez peut-être une nouvelle option. En effet, votre PC portable voire ultraportable pourrait bien, d’un simple branchement de câble, se transformer en véritable machine de jeu. C’est en tout cas ce que des marques comme Razer et Asus ont pour ambition de réaliser avec leurs modèles de cartes graphiques externes annoncés cette année.

Lancé au CES 2016, le Razer Core est censé épauler l’ultraportable Razer Blade Stealth et le métamorphoser en machine de jeu. Il est bien évidemment compatible avec tous les PC portables équipés d’une prise USB Type-C Thunderbolt 3.
Bien qu’il ne soit, pour le moment, vendu qu’en « bundle » avec l’ultraportable Stealth sur le store en ligne de Razer, son prix unitaire est déjà connu : 600 euros.

LM/01net.com

Au Computex 2016, c’est Asus qui dévoilait le XG ROG Station 2, un boîtier pouvant accueillir des cartes graphiques. Lui aussi utilise le Thunderbolt 3 pour venir se connecter à n’importe quelle machine. Sa sortie, pour le moment, est prévue pour la fin décembre, à moins de 600 euros (vide) mais nous avons eu la possibilité de le tester brièvement avec le Transformer 3 Pro d’Asus, un hybride qui était souvent pris comme machine de démonstration pour la Station.

Thunderbolt 3 : sans lui, rien n’est possible

Comme nous l’avions déjà expliqué dans notre article dédié à la technologie, la troisième version du Thunderbolt, présente sur de nombreuses nouvelles machines portables, propose des débits allant jusqu’à 40 Gbits/s soit 5 Go/s théoriques. De quoi faire passer une importante quantité de données (écrans, disque dur, flux réseaux, etc.) voire de chaîner plusieurs périphériques entre eux, sans que cela n’entrave le bon fonctionnement de chacun.

Une techno qui permet aussi de faire passer du courant pour recharger ou alimenter des appareils tout en faisant transiter des données. Bref, sur le papier, le Thunderbolt 3 est un couteau-suisse du tonnerre.

Intel

Mais, le Thunderbolt 3 est-il suffisant pour transformer votre PC en machine de jeu ? Techniquement, oui. Dans la pratique, nous allons le voir, c’est beaucoup plus corsé.
La carte graphique externe va-t-elle provoquer la disparition des PC de bureau ou PC portables gaming ? Non ! Pas en l’état, surtout si elle continue à être associée à des machines qui ne sont pas armées pour les exploiter.
Car, soyons clairs, les sirènes du marketing desservent actuellement les dispositifs externes comme les machines auxquelles ils sont associés. Sans parler des prix mentionnés plus haut, complètement rédhibitoires. Pour le tarif cumulé du PC ultraportable (1000 euros au moins), du boîtier vide (500 euros minimum) et de la carte graphique un peu costaud (320 euros minimum), s’offrir un très bon PC de jeu coûte… toujours moins cher !

Transformer un ultraportable en PC gaming ne se fait pas d’un claquement de doigt

Premier constat, pour avoir les meilleures performances possibles, il faut déjà avoir des composants solides dans la machine dont vous voulez booster les performances. Comprenez par là qu’un processeur basse consommation, les Core i3, Core i5 ou Core i7 « U », ne fera pas l’affaire, il n’est pas fait pour le jeu. Loin de là.

Il faut donc miser sur un processeur mobile ou fixe qui ne soit pas amputé de certains morceaux de son architecture et qui consomme donc un peu plus. Comme par exemple une puce « HQ », plus musclée et bien mieux armée pour le jeu. Le meilleur des résultats devrait logiquement s’obtenir avec un mini PC de bureau, équipé d’un processeur Core pour PC classique.

Intel

Ci-dessous, une rapide comparaison entre les spécificités techniques des processeurs Intel Skylake Core de 6ème génération, à gauche le haut de gamme basse consommation ; à droite, la puce la plus plébiscitée par les machines de jeux portables actuelles.

En associant une carte graphique externe à ce type de plateforme, on obtient bien sûr de meilleurs résultats qu’avec une partie graphique intégrée (Iris Graphics Pro ou HD Graphics). Néanmoins, même en plaçant une carte comme la GeForce GTX 1080 dans un boîtier, les performances obtenues sont loin de celles que l’on pourrait attendre et extrêmement variables d’un ultraportable à l’autre…

Les essais que nous avons pu réaliser nous ont appris :

  1. qu’il vaut mieux brancher un écran externe à la carte graphique externe que de demander à cette dernière de renvoyer le flux vidéo sur l’écran de la machine portable et ce, afin d’avoir un plus grand nombre d’images par seconde à l’écran.
  2. que désactiver la partie graphique intégrée des processeurs évite toute interférence possible et optimise le nombre d’images par seconde générées dans les jeux.
  3. que les temps de chargements des jeux étaient beaucoup plus longs que d’ordinaire, même quand le stockage de la machine est uniquement assuré par des SSD.

La carte graphique externe : ce fantasme vieux de 10 ans

Mais on aurait tort de croire que cette technologie est perfectible car elle est neuve. Ce serait faux. Le concept du GPU déporté et pensé pour booster un PC portable n’est pas nouveau du tout.
On pourrait, par exemple, mentionner l’Asus XG Station première du nom, sortie en 2007, avec une GeForce 8600 GT à l’intérieur. Ou encore l’Amilo SA 3650 et son GraphicBooster, tous deux issus du catalogue Fujitsu-Siemens, annoncés fin 2009.

En 2011, Sony s’est aussi essayé à l’expérience en lançant le Vaio Z et son module externe (Power Media Dock) exploitant une technologie dérivée du Thunderbolt premier du nom (le Light Peak) pour faire transiter les informations entre le PC portable et la HD6650M déportée.
Ironie de l’histoire, rappelons qu’à l’époque, Intel n’était pas favorable à ce type d’utilisation du connecteur Thunderbolt officiel, pour des raisons qui encore aujourd’hui restent assez obscures.

En 2014, les lignes bougent. C’est l’année pendant laquelle Dell annonce le Graphics Amplifier pour les ordinateurs Alienware. Ce gros boîtier avec alimentation intégrée peut accueillir toutes les cartes graphiques du moment mais se connecte uniquement aux PC portables de la marque, par l’intermédiaire d’une interface propriétaire. Malgré cela, couplé à un Alienware 13, il peinait à nous convaincre.

MSI

C’est aussi en 2014 que MSI a dévoilé son Gaming Dock, une grosse boîte noire sur laquelle se connecte le GS30 Shadow, un ultraportable là encore. Outre la carte graphique au format PC de bureau, le coffret embarquait également un important système audio. Une autre tentative, une autre voie, par vraiment couronnée de succès.

Est-ce que cette fois-ci sera la bonne ? Est-ce que cet acte II aboutira à un grand final ? Pas sûr. Il ne faudrait pas que les constructeurs se précipitent alors que tout n’est pas prêt et nous trompent avec des promesses qu’ils ne peuvent toujours pas tenir.

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