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En 2001, Sun accuse le coup

Champion des équipementiers de l’ère Internet, Sun tente de convaincre qu’il peut rebondir. Cerné sur le marché des serveurs, le constructeur-éditeur est désormais menacé sur sa chasse gardée, Java.

“On ne peut pas juger de l’évolution d’une société comme Sun sur les 12 derniers mois”, martelait Scott McNealy, PDG de Sun, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue 48 heures avant la publication des résultats financiers du deuxième trimestre.À l’en croire, après la suppression de 4 000 emplois en octobre, le plus gros de l’orage serait passé. Pour avoir, selon les termes de Scott McNealy, ” profité mieux que personne de la progression des sociétés Internet “, Sun a aussi été très durement touché. Mais les résultats publiés vendredi 8 janvier n’en sont pas moins une bonne surprise pour les analystes, qui s’attendaient à ce que les pertes annoncées de 435 millions de dollars soient près de 100 millions de dollars plus élevées.“Nous avons réussi à conserver nos équipes de R&D intactes, poursuit Scott McNealy, ce qui nous permet de rester dans la course.”

Le stockage, Nouveau moteur de croissance ?

Le 6 février prochain, Sun devrait révéler aux analystes financiers sa stratégie pour les mois à venir. Si peu d’éléments précis ont filtré jusqu’à présent, le thème probable de l’intervention d’Ed Zander, le directeur général exécutif de Sun, devrait être le stockage.“Les entreprises dépenseront plus en stockage qu’en serveurs dans les années à venir”, commente Mark Canepa, patron de la division stockage en réseau chez Sun. Annonce qui viendrait, à propos, détourner l’attention du recul de plus en plus net du marché des serveurs, qui représente plus de 80 % du chiffre d’affaires du constructeur-éditeur.Déjà confronté à la concurrence de Compaq, de HP et surtout d’IBM, Sun doit aussi compter avec l’arrivée de son ennemi juré, Intel, décidé à rogner les parts de Sun sur le segment des serveurs de bas de gamme pour le secteur des télécommunications.

Le marché des serveurs de plus en plus disputé

L’arme suprême du fabricant de semiconducteurs : laisser aux clients et aux intégrateurs le choix du système d’exploitation, soulignant ainsi le caractère “propriétaire” du couple Sparc-Solaris. Une concurrence qui conduirait Sun, selon la petite phrase de Michael Dell, PDG de Dell, à “devenir l’Apple du marché des serveurs “.Dans ce contexte, l’offensive de Sun sur le marché du stockage peut tout aussi bien être interprétée comme le signe inquiétant d’un double constat d’échec, qui concerne autant la plate-forme matérielle Sparc que le système d’exploitation Solaris, dont Sun vient d’ailleurs d’abandonner le projet de portage sur les plates-formes Intel (lire encadré).En matière de stockage, la situation semble également incertaine. Parti en retard, de l’aveu même de Scott McNealy, Sun continue de miser sur le matériel d’Hitachi, faute d’avoir vu naître la nouvelle vague des réseaux de stockage IP, sur laquelle il comptait sans doute pour redynamiser ses ventes de serveurs.

Les services, nouvelle voie de diversification

En guise de vision d’avenir, le patron de Sun reprend un concept vieux de quatre ans, le “Web Tone Switch”, ou l’idée d’avoir pour le web des infrastructures équivalentes aux centraux téléphoniques (lire encadré). Le seul élément précis est la réorganisation qui transparaît derrière les nouvelles “directions” stratégiques.La création toute récente “d’organisations virtuelles et transversales”, dédiées à des segments verticaux tels que l’éducation, les biotechnologies ou encore la grande distribution, marquerait le début du renforcement de la division Services, dont les missions dépasseraient le simple cadre de l’intégration des technologies Sun, comme c’est le cas chez son concurrent IGS (IBM Global Services). Des services qui s’articuleraient autour des plates-formes Java, adoptées, selon le cabinet BZ Research, par une entreprise sur deux aux États-Unis.

Java et les services Web devront faire la différence

Mais cette nouvelle stratégie, mélange de logiciels et de services, n’est pas sans risques. Après IBM et Oracle, c’est au tour de BEA de proposer des extensions propriétaires pour son environnement de développement de services web basé sur Java et J2EE, dont la sortie est prévue courant février.“Cajun autorisera le développement de services web sans qu’il soit utile de maîtriser les interfaces de programmation [API, Ndlr] Java”, explique-t-on chez BEA, sans confirmer ni infirmer qu’un service web développé avec cette plate-forme ne fonctionnera que sur le serveur d’applications Java maison, WebLogic.Une décision qui, pour les analystes, est caractéristique des difficultés de mise en ?”uvre qui handicapent pour l’instant J2EE. Le portage des applications Java d’une plate-forme à une autre serait encore loin de ce qu’en attendent les entreprises. C’est pourtant sur ce seul point que repose la crédibilité de l’environnement Java/J2EE face à son concurrent Microsoft.NET. Par effet de cascade, c’est aussi sur ce point que repose, pour partie, la crédibilité de Sun.

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Paul Philipon-Dollet