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Emmaüs offre une nouvelle vie aux vieux téléphones portables

Le mouvement de l’abbé Pierre se lance dans le recyclage des mobiles. Des points de collecte seront proposés au public dans les magasins Fnac dès la semaine prochaine.

Vous venez de craquer pour un nouveau téléphone mobile. Qu’allez-vous faire de l’ancien ? Il finira probablement au fond d’un tiroir, dans un coffre à jouet ou pire, dans une décharge, puisqu’aucune filière de retraitement adéquat

n’a encore été mise en place. Un gâchis qui n’a pas échappé à Emmaüs, spécialiste de la récupération (vêtements, meubles…). Estimant que 19 millions de portables sont
renouvelés chaque année en France, il met en place une activité de recyclage de téléphones mobiles, avec un double objectif : créer des emplois pour les personnes en situation précaire et préserver l’environnement.Pour atteindre le grand public, le mouvement de l’abbé Pierre s’est adossé à la Fnac, comme il l’avait déjà fait pour collecter les cartouches d’imprimantes usagées. Des bornes de collecte seront installées dans tous les magasins de
l’enseigne dès le 29 mai, date du démarrage de la Semaine du développement durable. A l’image des points de récupération de piles, n’importe qui pourra y jeter son vieux téléphone, muni de sa batterie et si possible de son chargeur.Les bornes seront récupérées par les Ateliers du Bocage, une entreprise d’insertion de 170 salariés, affiliée à Emmaüs. Entre autres activités, celle-ci effectue déjà la collecte et le tri de déchets informatiques, de consommables
ou d’emballages (6 sites en France). Les téléphones collectés seront ensuite triés selon leur potentiel de revente. Si le matériel est obsolète ou très endommagé, il sera transmis aux filières de destruction ou qui valorisent une partie du
contenu des téléphones mobiles. S’il est en bon état ou réparable, il sera pris en charge par les Ateliers du Bocage ou par Triem, une autre filiale d’Emmaüs jusqu’ici spécialisée dans le démantèlement d’appareils photo jetables.

Des modèles d’occasion pour les pays émergents

Deux voies sont alors possibles pour les mobiles remis à neuf : une partie sera mise en vente dans le réseau Emmaüs (115 communautés dans toute la France), mais la majorité sera revendue dans les pays émergents par des
sociétés tierces comme Mobile Vert. ‘ Il n’y a pas encore de gros marché en France pour les téléphones de deuxième main. En revanche, il y a une forte demande dans les pays émergents, où il est difficile d’avoir une ligne
téléphonique fixe ‘,
affirme Bernard Arru, directeur des Ateliers du Bocage. Ces appareils d’occasion pourront être facturés une vingtaine d’euros. Fidèle à ses missions, Emmaüs ?”uvre pour la création d’un site de
dépollution de déchets électroniques au Burkina Faso, pour ne pas déplacer le ‘ problème ‘ environnemental.Avec cette nouvelle activité, Emmaüs espère récupérer 5 à 10 % des téléphones en fin de vie, sachant que ‘ 60 % à 70 % des téléphones ne sont pas revendables ‘, estime-t-on
chez Triem. Et ces invendables, du moins leurs éléments qui ne sont pas valorisés, continuent de grossir nos décharges, en attendant que le
décret sur le recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE)
soit concrètement appliqué en France. ‘ Le décret date de l’été dernier, mais les éco-organismes chargés de ce traitement ne sont toujours pas agréés par le
gouvernement ‘,
commente Denis Vicherat, directeur du développement durable de la Fnac.Comme tous les distributeurs, la Fnac est d’ores et déjà tenue de reprendre les appareils électroniques usagés (mobiles, PC, imprimantes…) rapportés par leurs clients en échange d’un achat (système ‘ 1 pour
1 ‘). ‘ Cela arrive rarement… ‘, glisse Denis Vicherat. Et pour cause : les distributeurs ne communiquent guère sur ce service, qui les oblige à financer le transport de ce matériel, en
attendant la future ‘ écotaxe ‘ qui sera payée par les consommateurs. D’ici là, le coup de main gratuit d’Emmaüs est donc le bienvenu.

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Julie de Meslon