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Elsa Sklavounou apprend le langage humain aux ordinateurs

La linguiste informaticienne décrit en algorithmes les raffinements de la langue. Ses codages syntaxiques enrichissent les moteurs de traduction automatique.

Elsa Sklavounou a 34 ans. Maître en lettres françaises, dans sa Grèce natale, et traductrice trilingue, elle a “attrapé le virus informatique” en France, au contact du professeur Maurice Gross, “le pape français du traitement de la langue”. Sujet de son doctorat : “La normalisation des adjectifs, en grec moderne et en français, dans le cadre du traitement automatique de la langue “. Aboutissement logique de ses études, elle intègre l’éditeur Systran en qualité de linguiste informaticienne. “Médiateur entre la langue naturelle et celle, technique, de l’ordinateur”, son métier consiste à “décrire de manière cohérente et exploitable les spécificités morphosyntaxiques de chaque langue.” Travaillant de concert avec l’équipe informatique du laboratoire, elle décompose, puis recompose, les séquences dynamiques d’une phrase, de la langue source à la langue cible pour repérer et identifier les structures du texte puis appliquer les règles linguistiques les plus appropriées. Ce séquençage s’effectuant par représentations graphiques, une affinité naturelle avec l’outil informatique est indispensable, au-delà du bagage classique de traducteur. Autres qualités requises : un esprit logique et une propension marquée pour la recherche, avec tout l’investissement intellectuel que cela implique.

Des corpus améliorant les performances des intranets

Un moteur de traduction étant enrichi en permanence, il s’agit de l’alimenter continuellement en nouveaux termes et codages syntaxiques. Si elle n’intervient “que” sur l’italien et le grec, sa pratique d’autres langues lui permet d’exploiter des constructions communes. Spécialisée dans les solutions intranet, Elsa Sklavounou développe des corpus, des glossaires, voire des terminologies propres à chaque entreprise, pour gagner en performances. Prochain défi : traduire les messages transmis par “chat” et leur lot de codes phonétiques ?”“Qui t’a dit ?” devient “Ki ta di ? “.
“La traduction automatique et ses résultats approximatifs sont souvent pointés du doigt. Mais nous faisons sauter la dernière frontière d’internet : celle de la langue.”

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Xavier Biseul