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Elle était si joli-e…

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler – et parfois crier – plus librement…

La semaine dernière, je vous ai communiqué cette information capitale : notre groupe vient de conquérir un fleuron autoproclamé de la technologie bretonne, près de Lannion. Pas de quoi faire la une du Nouvel Hebdo, malgré l’extase incompréhensible dans laquelle cette acquisition a plongé Roland, notre boss chéri, qui commence à m’inquiéter un peu… Il m’a dépêché sur place pour tâter le terrain, le labourer, et y semer la bonne parole que je manie avec brio, si l’on en croit ma fiche de paye ?” scandaleusement élevée selon certains de mes collègues et néanmoins roquets… Bref, rayon breton, Roland se met allégrement le doigt manucuré dans l’?”il.Pourquoi ? Parce que cette gentille boiboîte, pour laquelle il a déboursé de quoi reloger les sinistrés de la Somme pendant deux ans, ne chapeaute en fait que quelques SSII et autres start-up lannionaises grosses télécomme des puces, à peine électroniques… Selon Armand, le boss local vassalisé par Roland, ces petites merveilles ont un ” fort potentiel “. Ma petite s?”ur, qui est vingtième en maths, a également un fort potentiel : elle peut gagner 19 places. Fort potentiel aussi chez les stagiaires que nous venons de prendre pour aider notre webmaster : un jour, ils sauront ne plus confondre HTML avec HLM et WAP avec rap, j’en suis sûr… Devant mon scepticisme, Armand m’a aussitôt pris en grippe. Pour lui, je ne suis qu’un Parisien, doublé d’un directeur de la communication, ce qui aggrave évidemment mon cas. Mais cela n’empêche pas ce fourbe, tout en aiguisant ses couteaux assassins, de me flatter par nécessité : je suis un des bras droits du Vishnou Roland, et pour faire pousser ses boîtes naines au soleil de la communication, il est quand même bien content de se voir offrir les services éclairés d’un proparisien. Ah, mais ! C’est comme ça que je me suis retrouvé à battre la campagne en sonnant de la trompette auprès de Ouest France et du FR3 local, avec pour mission de mieux faire connaître les exploits des lilliputiens techno d’Armand. Là, j’ai vraiment souffert.Je n’intéressais personne : ils connaissaient déjà Armand, qu’ils tiennent pour un arnaqueur. Ils m’ont sèchement éconduit, certains m’annonçant même que je pouvais me le carrer dans le Lannion !… Les Bretons ont du caractère, me suis-je dit. Mais j’ai quand même insisté, en essayant de renforcer mon plan de communication avec une boîte rennaise de RP dirigée par une fille étonnamment compétente et créative. De quoi faire pousser mes nains, et germer chez moi quelques fantasmes peu professionnels : elle était jolie comme un c?”ur de cible, mais toutes mes flèches sont passées à côté. Le Kama-sutra à fort potentiel a viré Bérézina quand je lui ai dit qu’il s’agissait d’Armand. Elle savait qu’il ne payait jamais ses prestataires de services. Quand je lui affirmai qu’à partir de maintenant il les paierait, les additions étant dorénavant sponsorisées par notre célébrissime Roland, elle fronça de plus belle le kama-sourcil : Roland, elle connaissait pas. ” Mais si, voyons, Roland XXX, allons, le groupe YYY ! “. ” Ah oui, je vois. Excusez-moi, mais j’ai une réunion importante…”

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La rédaction