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Echelon : Washington fait la sourde oreille à l’Europe

Le Comité sur le système d’interception Echelon du Parlement européen a écourté son séjour aux Etats-Unis. La plupart des rencontres prévues avec les autorités américaines n’ont pas été honorées.

Les demandes d’explication formulées par les trente-six parlementaires européens du Comité sur le système d’interception Echelon sont restées lettre morte.Cette structure à laquelle appartiennent quatre eurodéputés français dont Catherine Lalumière et Alain Krivine, n’est pas une véritable commission d’enquête, le Parlement européen en ayant refusé la création lors d’un vote en juillet 2000.

Entrevues annulées et séjour écourté

Tant à la CIA, au Département d’Etat, qu’à la National Security Agency (NSA), l’organisme qui pilote les activités d’Echelon de par le monde, l’idée d’un entretien avec des députés européens a été jugé “inappropriée” et les entrevues ont finalement été annulées à la dernière minute.Par la voie de son président Carlos Coelho, le Comité a exprimé sa déception face “à ces réticences” des autorités américaines à collaborer. En conséquence, les eurodéputés, présents depuis lundi dans la capitale fédérale, ont décidé d’écourter de 36 heures leur séjour outre-Atlantique.

Un système créé pendant la guerre froide

Le cas Echelon embarrasse périodiquement les relations entre l’Europe et les Etats-Unis. Ce système d’écoute électronique créé au tout début de la guerre froide, en 1947, pour surveiller et contrecarrer les initiatives soviétiques, servirait maintenant à espionner les “partenaires” des Etats-Unis, au profit des intérêts économiques et stratégiques américains.Autre fait marquant, les principaux bénéficiaires d’Echelon seraient, outre certaines multinationales américaines, des pays anglophones (Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle-Zélande et Canada), qui pour la plupart hébergent sur leur sol l’infrastructure de ce système d’écoute.

Manque de pouvoir du Parlement européen

A Bruxelles, cette confusion des genres pose problème. De rapports en commissions d’enquête, les autorités européennes font feu de tout bois et clament leur indignation devant ces pratiques.Mais la politique de la porte close adoptée aujourd’hui par Washington semble cohérente si l’on considère le peu de pouvoir dont dispose en la matière un organisme comme le Parlement européen, pour ne pas parler de l’actuel Comité (temporaire) sur le système d’interception Echelon.Une prise de position du Parlement européen condamnant le système Echelon n’aurait en l’espèce guère plus de conséquences qu’une résolution adoptée par le Conseil de l’Europe sur le respect des Droits de l’Homme en Tchétchénie.

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Philippe Crouzillacq