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Easynet, la marche tranquille vers l’équilibre

A contre-courant des acteurs Internet et télécoms, Easynet poursuit sa croissance en mettant l’accent sur un équilibre dans chacune de ses filiales pour la fin 2003. Le groupe dispose d’une trésorerie suffisante pour financer un développement interne ou externe. Comme le prouvent ses acquisitions récentes.

On peut dire que Easynet est arrivé sur le marché au bon moment. Enfin presque. En huit années d’existence, le fournisseur d’accès professionnel d’origine britannique a survécu aux catastrophes qui ont été fatales à bon nombre d’acteurs du secteur.Coté à la Bourse de Londres depuis 1996, modeste à l’échelle européenne, Easynet n’a pas été absorbé par un opérateur gourmand de la bulle Internet. Après que cette dernière ait éclaté, son chiffre d’affaires a continué de croître, passant de 24,8 millions d’euros en 1998 à 113,3 millions en 2001 (soit un taux de croissance annuel moyen de 65 %), signe que l’activité n’a pas eu trop à pâtir de la disparition des dot-com. La crise des télécoms ne semble pas trop affecter le FAI qui peut se targuer d’un niveau d’endettement nul et d’une trésorerie suffisamment étoffée pour ramener le groupe à l’équilibre d’ici à la fin de l’année 2003.Seule ombre au tableau, les 465 millions d’euros d’amortissement de survaleurs passés au bilan 2001 qui font plonger les comptes du FAI dans le rouge à 445 millions d’euros de pertes. 2001 fut également l’année durant laquelle Marconi prit 70 % du capital en fusionnant sa filiale Ipsaris avec Easynet, dont elle détenait déjà 49,9 % des parts. L’opération de fusion entre l’opérateur d’infrastructures et le FAI a enrichi ce dernier de 320 millions d’euros de cash disponible.

Deux acquisitions en une semaine

Voici donc Easynet en position de challenger crédible dans le secteur de l’accès et des services Internet aux professionnels en Europe de l’Ouest. Après être resté longtemps confiné à la Grande-Bretagne et à la France, Easynet a ouvert ses portes dans six autres pays, du Belgique à l’Italie en passant par l’Allemagne. C’est outre-Rhin justement que le FAI est passé à la vitesse supérieure en annonçant la semaine dernière le rachat de l’hébergeur Ision contre 3,4 millions d’euros.Toujours dans sa stratégie de consolidation de l’activité, Easynet s’est également porté acquéreur de Wirehub! Internet aux Pays-Bas contre 6 millions d’euros payables en deux fois.” Nous avons payé un peu plus cher qu’en Allemagne car Wirehub! Internet était à l’équilibre “, explique Denis Planat, directeur général de Easynet France. Une acquisition qui reflète la politique maison : profiter des occasions de croissance externe immédiatement profitables.On pourrait penser que Easynet est en position, à l’image de LDCom, de se constituer un petit empire à vil prix. ” Cela n’a jamais été notre stratégie et nous ne voulons pas construire un chateau de cartes qui s’écroulerait au premier renversement de conjoncture venu “, rétorque Denis Planat.

Un modèle d’affaires en constante adaptation

En effet, sans jouer les opérateurs Internet de premier plan, Easynet a construit son activité sur une appréciation raisonnable de l’adéquation entre l’offre et la demande. Face à la baisse du prix de la bande passante, Easynet a été l’un des premiers à se convertir au tout DSL
quitte à paupériser notre clientèle accès “, avoue Denis Planat, mais en misant sur la vente de services à valeur ajoutée pour compenser.Ainsi, en deux ans, la composition du chiffre d’affaires de Easynet France est ainsi passée de 80 % pour l’accès et 20 % pour les services (hébergement compris) à un tiers et deux tiers.
Si demain le DSL était surpassé par une autre technologie, nous pourrions rapidement changer notre fusil d’épaule, affirme Denis Planat, car nous n’avons pas d’investissements à long terme qui nous handicapent.La seule limite objective de ce modèle de développement est sa relative lenteur. “Nous restons un acteur modeste du marché. Même si nous pointons en troisième position en France, il faut encore que nous atteignions la taille critique pour gagner en crédibilité “, explique le directeur général.Une ambition qui ressemble aussi à un aveu : les PME achètent plus volontiers à des fournisseurs qui leur en impose, et quant aux grands comptes, cest une condition sine qua non avant la signature. En jargon marketing, on appelle cela ” la prime au leader “.

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David Prud'homme