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E3 2017 : premier contact avec la Xbox One X et sa 4K à 60 fps

Reine de l’E3 cette année, la nouvelle console de Microsoft fait jouer ses muscles et veut démontrer sa suprématie en termes de puissance. Le géant américain a pris soin de présenter ses forces -4K et fluidité- qui sautent aux yeux et séduisent.

Dimanche dernier, Microsoft n’a pas seulement introduit la Xbox One X, il a également inventé le voyage dans le temps. Alors que le monde du jeu vidéo assistait, tout excité, à ce qu’il croyait être la naissance du premier chaînon manquant, une console aussi puissante qu’un PC de jeu, il voyageait en fait en novembre 2001.

L’histoire se répète… en mieux

C’est ce que rappelait, amusé, Albert Penello, senior director du projet Scorpio, lors d’une session dédiée à son bébé dans le cadre d’un ensemble de conférences organisées pour l’E3. Lorsqu’il est entré chez Microsoft en octobre 2000, les ingénieurs et designers de la société suaient sang et eau pour offrir au monde leur vision de ce que devrait être un PC de jeu dans le salon. Un an plus tard, la toute première Xbox (qui était bel et bien un PC déguisé pour se glisser sous nos téléviseurs) était lancée. Elle était alors portée par un slogan, dont la paternité revient en partie à Albert Panello : « There is no power greater than X ». Une phrase bien sentie que Phil Spencer a reprise sous les ovations des fans lors de l’introduction de la Xbox One X, dimanche dernier.

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DR – La Xbox, première du nom est d’une volonté de Microsoft d’apporter le jeu PC dans nos salons.

Petit saut quantique…

2017 oblige, les PC se sont musclés et pour reprendre le rôle de la première Xbox, il faut vivre avec son temps. En l’occurrence, la Xbox One X voit grand : son spatialisé Dolby Atmos, HDR, 4K native et surtout un plancher à 60 images par seconde pour les jeux adaptés.

Evidemment, un salon bruyant n’est pas l’endroit idéal pour se rendre compte des performances audio d’une console. C’est pour cela que Microsoft a organisé des sessions Xbox One X expérience où l’on prend place dans une sorte de salon reconstitué et équipé de matériel compatible avec Dolby Atmos. Dire que les effets de spatialisation sont bluffants serait un euphémisme. On entend la pluie se déplacer autour de soi, on perçoit le rugissement des voitures concurrentes se rapprocher, s’éloigner, tenter de passer par la gauche ou la droite. Vraiment très utile pour bien planifier son prochain coup de volant.

01net.com – De la vraie 4K, c’est la promesse de Microsoft pour sa Xbox One X.

Si le son est capital, la force de la One X est bien entendu sa puissance de calcul (6 Teraflops pour ceux qui auraient oublié), qui lui permet d’afficher des jeux vidéo – et non pas seulement des vidéos – en 4K native. Jusqu’à présent, cet exploit était réservé aux PC plutôt musclés, puisqu’il faut miser sur une carte GeForce 1080 Ti ou équivalente pour en profiter sans trop souffrir.

Dans les faits, s’il est difficile à l’œil nu de juger de la définition d’une image, il est évident que la Xbox One X affiche des jeux incroyablement beaux. Nous avons eu l’occasion de voir tourner plusieurs titres mis à jour pour tirer parti de la One X ou directement développés pour elle.

Ainsi, Forza Motorsport 7 est d’un réalisme incroyable. L’intérieur des véhicules et les environnements sont splendides, hyper détaillés et donc immersifs. On pourrait presque les toucher. Turn10, le studio en charge de son développement, a recouru à la photogrammétrie pour atteindre ce résultat.
Même sans pouvoir comparer de visu le jeu à une version tournant sur une Xbox One S, on voit clairement qu’un saut qualitatif a été franchi. Ce photoréalisme est d’autant plus impressionnant qu’il s’accompagne d’un accroissement du nombre d’images par seconde, « rock solid », comme le disait un représentant du studio. 60 images par seconde et pas une de moins.
 

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Microsoft – Le réalisme de Forza Motorsport 7 est saisissant…

Il faut voir une goutte d’eau s’écraser sur un pare-brise et s’étirer à pleine vitesse, le ciel se déchaîner et s’obscurcir dans le lointain alors que des voitures plus vraies que nature nous frôlent pour prendre la mesure de ce saut quantique.

La puissance pour la qualité

Le cas Gears of War 4 est légèrement différent. Le jeu a été développé en prenant en compte l’arrivée future de la Xbox One X, mais il n’a pas été conçu spécifiquement pour cette console. Il a donc fallu que ses développeurs le retravaillent, l’adaptent. C’est ce que nous a expliqué Mike Rayner, directeur technique de Coalition, le studio chargé de ce titre : « Généralement, quand on reçoit un nouveau kit de développement, on passe la première journée à essayer d’afficher un triangle ». « Avec la Xbox One X (dont l’architecture est très proche de celle de la One, NDLR), il ne nous a fallu que 24 heures pour faire tourner notre jeu ».
Ce portage a donné immédiatement un jeu 4K tournant à 60 images par seconde, a-t-il poursuivi. C’est d’autant plus impressionnant que, sans optimisation, la Xbox One X offre déjà plus de marge de puissance que la Xbox One S qui n’affiche le jeu qu’en 1080p. Il lui restait environ 30% de ressources non allouées, précisait Mike Rayner. Une marge de puissance identique à ce qu’a obtenu Turn 10 lors des tests de portages de Forza sur la Xbox One X.

Gears of War 4.
DR – Gears of War 4 n’était pas originellement optimisé pour la Xbox One X.

Ces ressources inexploitées ont une conséquence directe pour les utilisateurs. En effet, le studio n’a pas eu à se concentrer uniquement sur la gestion des ressources de calcul et a ainsi pu améliorer la qualité des effets de lumière, des shaders, etc.

Le résultat est visible, le jeu reste le même mais il est simplement plus beau, pour autant qu’on puisse se fier aux démonstrations comparatives que nous avons pu voir.

Nous avons aussi pu prendre en main d’autres jeux, plus petits ou développés par des éditeurs tiers, comme Super Lucky’s Tale, et la qualité d’affichage est vraiment impressionnante. Le piqué des images est précis, les effets de lumière saisissants, les couleurs plus soutenues grâce à la HDR. Tous ces titres gagnent en profondeur de champ, en détails aussi et semblent offrir une fluidité nouvelle. Là où on l’habitude de voir les pixels quand on joue, tout devient plus lisse et agréable à l’oeil.

Même les jeux qui prennent le parti de montrer leurs pixels, pour des raisons esthétiques, de direction artistique, apparaissent plus séduisants pour nos rétines fatiguées de gamers. Certes, la 4K ne rendra pas un jeu nul génial… mais au moins sera-t-il beau, si le studio se donne la peine de proposer des textures qui tiennent la route et des animations dignes de ce nom.

Quelques incertitudes…

En définitive, comme la Xbox première du nom, la Xbox One X est le fruit de la relation étroite de Microsoft (et Windows 10) avec le monde du PC. Cette console est indéniablement tirée vers le haut par ce que le marché des ordinateurs personnels produit de meilleur.

En ce sens, les titres exclusifs à la One X seront certainement des jeux de toute beauté, et profiteront au mieux des performances de cette plate-forme. Pourquoi s’en priver ?

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Sony – Moins puissante, la PlayStation 4 Pro peut-elle nuire aux graphismes des jeux sur Xbox One X ?

Toutefois, la console surpuissante de Microsoft a beau être la plus puissante du marché, elle n’est pas seule. Comme nous le rappelait Hugues Ouvrard, de Microsoft France, la majeure partie des jeux qui sortent sont multiplates-formes. Se pose alors la question de l’effort d’optimisation spécifique que seront prêts à faire les développeurs pour que le jeu bénéficie du meilleur rendu possible.

Hugues Ouvrard est confiant : pour lui, les développeurs sont non seulement enchantés par la One X, mais ils aiment que leur jeu soit le plus beau possible. On le croit volontiers mais dans une équation économique et temporelle restreinte, les développeurs pourront-ils toujours faire au mieux ? Les jeux Xbox One X seront-ils toujours plus beaux que ceux de la PlayStation 4 Pro ? Seul le temps nous le dira.

Un potentiel encore à mesurer

Ce que nous avons vu lors de l’E3 nécessite toutefois d’être encore pris avec quelques pincettes, même si tous les signaux semblent au vert. Les jeux que nous avons vus, quasi finalisés pour certains et sûrement très optimisés pour l’occasion, tournaient généralement sur une XDK, le kit de développement de la Xbox One X. Or, ce dernier a un peu plus de mémoire et donc de puissance, afin de faciliter le travail des développeurs.

De fait, pour réellement prendre conscience du saut réalisé avec la 4K et la puissance de la One X, il faudra attendre un peu pour s’assurer :

  1. de pouvoir réellement comparer un même jeu sur une Xbox One S et sur une Xbox One X.
  2. de voir ce que les développeurs – rattachés à Microsoft ou indépendants – arrivent à faire de ces 30% de puissance supplémentaires, en espérant que le choix sera toujours celui de la qualité.
  3. que la Xbox One X en version définitive affiche les mêmes performances que les prototypes et kits de développement que nous avons vu tourner.

Après quelques heures de jeu sur la One X et quelques expériences 4K, une certitude s’installe, la 4K gaming pour tous est vraiment l’avenir du jeu. Reste maintenant à la Xbox One X de conquérir son public et de franchir le seuil de la réalité virtuelle. Distancé sur cette génération de console, Microsoft pourrait bien, grâce à sa nouvelle Xbox, revenir très fort dans la course à la pole position…

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Pierre Fontaine, envoyé spécial à Los Angeles