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E3 2016 : le bilan sur les annonces Sony et Microsoft faites à Los Angeles

Si Nintendo était le grand absent de cet E3 en matière d’annonces matériel et de catalogue de jeux, Microsoft et Sony ont – eux – dévoilé une feuille de route conséquente, chacun y dévoilant une stratégie différente pour satisfaire leurs joueurs.

L’E3, le plus grand salon annuel des professionnels du jeu vidéo, fermait ses portes jeudi soir dernier à Los Angeles. Certains l’ont qualifié de « calme », d’autres « de meilleur E3 depuis quelques années ». Pas de démonstration de force ni de tacles (trop) appuyés sur le voisin. Que ce soit du côté des éditeurs ou des fabricants de matériel, Sony et Microsoft. D’ailleurs, chacun a dévoilé son planning de sortie sans presque jamais faire allusion à l’autre.

Des plans de bataille très différents qui, cette année encore, mettent une même personne au centre de tout : le joueur. Tant mieux !  Il est temps maintenant de faire un bilan, et de voir comment Sony et Microsoft s’y sont pris pour tenter de nous séduire.

E3 2016 PS4 vs Xbox One
Aymeric Siméon/01net.com

Deux consoles Xbox, du cross-plateforme et des fonctions pour le Live

Premier dans l’agenda des “grosses” conférences, Microsoft. Après des semaines de rumeurs et une jolie fuite dans la nuit de dimanche à lundi, l’américain a – enfin – dévoilé sa nouvelle console, la Xbox One S. Prévue pour le mois d’août à partir de 299 euros (avec un disque dur de 500 Go), cette Xbox est un modèle condensé de la première, avec une alimentation incorporée (enfin), et qui conserve la même puissance. Elle est ainsi compatible avec tous les jeux passés, présents et à venir. Les nouveautés fonctionnelles sont à chercher du côté du multimédia, avec la prise en charge du format 4K vidéo (et bientôt des jeux ?), tant en streaming (Netflix, etc.) qu’en support physique puisque le lecteur Blu-ray change pour un modèle 4K. La gestion du HDR est également ajoutée pour des couleurs plus vives, plus chatoyantes. La console sera également livrée avec une « nouvelle » manette dont le revêtement a changé et est proche de celui du modèle Elite. Ce paddle dialogue toujours en infrarouge avec la Xbox One mais est dorénavant compatible Bluetooth afin d’être utilisé sur PC.

Manette Xbox One S
Aymeric Siméon

Un nouveau mode de connexion sans fil qui contribue à donner son sens au Play Anywhere que Microsoft lançait également lors de sa conférence. Pour rappel, il s’agit de pouvoir jouer à un jeu aussi bien sur console et PC, en n’achetant qu’une seule copie du jeu. « Comme c’était le cas pour Quantum Break mais nous garantissons aux joueurs une meilleure fluidité et une optimisation au top pour tous les titres Xbox Play Anywhere. Nous avons énormément appris ces derniers mois pendant l’élaboration de Play Anywhere et avons beaucoup travaillé avec les développeurs pour que l’expérience soit la meilleure possible avec le même jeu, et ce bien que la plate-forme soit différente » nous confiait Mike Nichols, Corporate Vice President of Marketing for Xbox, lors d’une interview sur le salon.

Pour l’heure, les jeux annoncés comme compatibles sont moins d’une quinzaine parmi lesquels Gears of War 3, Forza Horizon 3, Scalebound, ReCore ou encore les indépendants We Happy Few et Cuphead.

Xbox Play Anywhere
Aymeric Siméon/01net.com

Mais attention, cela ne fonctionne qu’avec les copies digitales ! Pas avec les supports physiques vendus en magasin. Bien entendu, cette convergence est rendue possible grâce à la présence de Windows 10 sur le PC et du Windows Experience sur Xbox. Malgré cela, Play Anywhere requiert quelques mises à jour tant dans la console que du PC mais devrait être rapidement fonctionnel. Certains titres compatibles prendront -aussi- en charge une fonction cross-plate-forme pour que les joueurs PC et Xbox One puissent jouer ensemble, au même jeu, en co-op ou les uns contre les autres (dans le cas d’un jeu de voitures par exemple).

Poursuivons avec le service Xbox Live. Il se voit enrichi de plusieurs fonctions sociales comme la constitution de guildes (clubs), une plate-forme de tournois pour tous (Arena) ou encore la recherche de groupe pour jouer à un jeu particulier. Il sera également possible de changer la langue d’un jeu sans pour autant modifier celui du système.

Scorpio : vers une Xbox One de seconde génération ?

Enfin, Microsoft a dévoilé ses projets d’avenir pour les deux ans à venir. La famille Xbox One va s’étoffer d’un troisième appareil, le Project Scorpio. Ce dernier est venu clôturer la conférence, sans vraiment se montrer mais ne laisse aucun doute quant à sa nature. C’est une nouvelle console, ultra puissante, que Microsoft prépare et qui, comme les deux autres Xbox One, fera tourner tous les jeux sortis depuis 2 ans et demi. Microsoft s’y engage. Toujours d’après Mike Nichols, en annonçant Scorpio si tôt « cela permet aux développeurs de pouvoir anticiper la sortie des prochains jeux et, surtout, de leur permettre de se rapprocher de nous [Microsoft, NDLR] pour en savoir plus sur tout ce que notre projet pourra leur apporter afin de rendre leurs futures créations pleinement compatibles avec tout l’écosystème Xbox ».

Avec Scorpio, la puissance de calcul et d’affichage sera revue sérieusement à la hausse puisque la puissance de calcul estimée est donnée à 6 Teraflops. Cependant, malgré nos sourires enjôleurs et nos questions détournées, le Corporate VP Xbox de Microsoft n’a pas souhaité nous en dire plus sur la nature de la puce embarquée dans Scorpio ni quel était son fabricant. « C’est un secret pour le moment. Si nous devons communiquer, nous le ferons en temps voulu », nous lâchait-il.

Avec ce nouveau processeur, outre le jeu en 4K native, il serait même possible de faire tourner des titres en VR. Sur le papier, Scorpio est donc une troisième console dans le parc Xbox, clairement orientée vers le futur sans pour autant renier ou abandonner ses racines. Rendez-vous en 2017 pour en apprendre plus, la disponibilité étant estimée pour la fin d’année prochaine.

Un dernier mot sur celui dont on ne parle plus depuis plusieurs conférences : Kinect. Pas de trace de jeu ou de nouvelles fonctions pour ce dernier. Pire sur la Xbox One S, la seule mention qui est faite de cette caméra, jadis présentée comme révolutionnaire, se trouve à l’arrière, juste au dessus d’une des multiples prises…

PlayStation VR
Aymeric Siméon

Pas de PS4 Neo, Sony essaie de rassurer avec le PSVR…

Chez Sony, côté matériel et évolution logicielle, on est plus dans la retenue. Quelques jours avant l’ouverture du salon, Andrew House, le patron de Sony Interactive Entertainment, annonçait que la « PS4 Neo » était bien réelle mais serait absente de l’E3. De quoi laisser un boulevard à Microsoft pour annoncer ses consoles… et rejoindre Nintendo sur le banc des constructeurs renonçant à montrer leur nouveauté hardware à Los Angeles. Depuis, les rumeurs sont reparties de plus belle et laissent entendre que cette nouvelle PS4 pourrait être présentée puis lancée pour la fin d’année.

Cependant, pour compléter les annonces de jeux, le géant japonais a annoncé officiellement le prix et une date de disponibilité pour son casque de réalité virtuelle. Le 13 octobre prochain, pour 400 dollars (et donc euros), le PlayStation VR pourra intégrer le foyer des curieux et passionné de VR. Pour assurer le spectacle, Sony annonce 50 jeux, mais combien seront de véritables titres et pas des “expériences” VR ? Pour le moment Sony ne dit pas grand-chose. Lancé en même temps que cette annonce, un nouvel accessoire pour jouer à l’un des jeux VR de Sony (Farpoint), qui n’est rien d’autre qu’un PS Move monté sur un cadre en forme de fusil.

Côté VR justement, mise à part Farpoint, Sony a montré plusieurs « expériences », c’est-à-dire des démos ou des petits jeux très courts… Batman Arkham VR, une mission de Star Wars Battlefront ou encore un side game de Final Fantasy XV se sont montrés mais rien de très prenant. Et, à vue de nez, nous sommes loin des 50 jeux annoncés à la sortie ou dans les semaines suivant la mise en vente du casque.

Bound PS4
Aymeric Siméon/01net.com

… et des jeux de rêve mais lointains

Et, faute d’avoir annoncé une nouvelle console, Sony a ouvert son catalogue de jeux pour nous en mettre plein la vue. Parmi les plus grosses surprises, le nouveau God of War vient se positionner en pôle position, mais n’a pas encore de date de sortie. Il est suivi de près par Horizon Zero Dawn, repoussé à l’année prochaine, et par Resident Evil 7 dont la sortie est annoncée pour le 24 janvier prochain. Viennent ensuite Detroit : Become Human de Quantic Dream (le studio de David Cage), le mystérieux Death Stranding de Kojima ou encore Days Gone. Pas de date de sortie pour ces trois là non plus et nous parions sur encore plusieurs années de développement avant des les voir apparaître en rayon. Autre surprise, prévue, elle, pour le mois d’octobre : The Last Guardian, qu’on n’attendait plus avant l’année dernière.

The Last Guardian
Aymeric Siméon/01net.com

Du côté des indépendants, un vivier où les pépites ont tendance à être nombreuses depuis quelques années, nous avons retenu Abzu (sortie le 2 août), Bound ou encore Pyre (2017). Mais, en tout, ce sont plus d’une dizaine de titres qui ont été mentionnés ou placés en démo sur le stand de Sony, de quoi garnir l’offre du PSN Plus (voire du rayon PS4 en magasin) à plus ou moins longs termes.

Aymeric Siméon/01net.com

De nouveau un gros catalogue pour la Xbox

Chez Microsoft, on a fourbi ses armes et on fait massivement feu à coup d’« exclusifs Xbox One et Windows 10 », et à grands renforts de dates de disponibilité. Et l’offensive commencera dès le 18 septembre avec ReCore, suivi par Forza Horizon 3, disponible le 27 du même mois. Ensuite, ce sera le tour de Gears of War 4 de venir s’installer sur nos disques durs, à partir du 11 octobre.

Du côté des jeux indépendants, le programme ID@Xbox regorge de titres. Microsoft place Inside, par les créateurs de Limbo, sous les feux de la rampe dès la fin du mois de juin. Il sera suivi de plus ou moins près par une grosse vingtaine de titres, dont Cuphead (déjà présenté l’année dernière), New Happy Few  (par certains créateurs du premier Bioshock) ou encore Sea of Thieves

Aymeric Siméon/01net.com

Et sans oublier le très attendu Gwent de CD Projekt RED, le père de The Witcher, que Microsoft s’est offert pour sa conférence. Enfin, en 2017, les gros titres exclusifs feront leur retour avec Scalebound, State of Decay 2, Dead Rising 4 ou encore Halo Wars (le 21/2), définitivement plus jouable sur PC que sur console.
Du côté des sorties multi-plates-formes, on signalera simplement que Call of Duty : Infinite Wars, d’Activision, sera présent sur les deux plates-formes (et PC), sans doute avec du contenu exclusif pour les possesseurs de PS4. Tout comme Watch_Dogs 2 dont les DLC seront jouables sur la console de Sony 30 jours avant la sortie officielle sur Xbox et PC. La console de Microsoft répond à ces assauts – notamment – avec un accès anticipé à Battlefield 1, dès le 13 octobre, pour les abonnés aux EA Access.

Pas de gagnant, les stratégies diffèrent

Globalement, l’impression générale qui ressort de la conférence Xbox One, c’est que Microsoft souhaite de plus en plus imposer sa console comme un centre multimédia et de jeux dans la maison. Ce qui n’est finalement pas sans rappeler le positionnellement originel de la Xbox One, qui a avait tant fait grincer des dents les joueurs. Un hub ouvert à tous, avec la possibilité de jouer indifféremment aux mêmes jeux de son éco système, sur PC comme sur console.
Le père de Windows semble avoir une vision claire de la voie à emprunter et affirme de plus en plus la volonté de s’imposer auprès du « grand public ». Et pour cela, il faut une console abordable, des jeux variés pour tous les goûts,  et ce, qu’ils soient de grosses licences ou des indépendants, plus confidentiels.

Cependant, dans le discours de l’américain, nous avons trouvé qu’il manquait un peu d’agressivité… et de jeux à effets « wahou » pour espérer reprendre le dessus sur son concurrent cette année.

Sony a, de son côté, comme en 2015, joué la carte de l’affecte des héros/licences et multiplie les effets de surprises… sans nécessairement avoir – en fait – de concret à annoncer. Par concret, on entend par exemple une date de disponibilité, même vague… La plupart des titres inattendus paraissent encore lointains, intangibles. Difficile de vraiment en rêver dans ces circonstances.

A se demande si le géant nippon, leader sur le marché des consoles de salon de nouvelle génération, ne s’offre le luxe de prendre son temps pour annoncer ses jeux pour le futur, plus ou moins proche, tout comme sa nouvelle console. Tous arriveront en temps voulu.

Sans doute Sony en garde-t-il de côté pour la GamesCom 2016 de cet été ou, plus sûrement, pour la Paris Games Week. En effet, d’année en année, l’événement parisien prend de l’importance et, en 2015, Sony était le seul à avoir fait une conférence de presse en marge du salon. Vivement la fin du mois d’octobre donc, pour peut-être avoir enfin la chance de voir des images de ceux qui ont brillé par leur absence : Final Fantasy VII Remake, Shen Mue III ou encore Gran Turismo 7. Concernant la licence de jeux de voiture, il faut se contenter pour le moment du Gran Turismo Sport, présent sur le stand mais non présenté lors de la keynote, une étape intermédiaire axée principalement sur les courses de bolide en multijoueurs et dont la date de sortie est prévue pour le mois d’octobre…
Entre Sony qui ménage ses efforts et Microsoft qui étale sa reconquête sur deux ans, difficile de savoir quelle stratégie l’emportera. Au sortir de l’E3, en tout cas, objectivement, la partie semble serrée…

À lire : E3 2016 : l’actualité du jeu vidéo en direct de Los Angeles

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