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Duo d’amateurs pour une galerie d’artistes

Georges et Geoffroy ont hérité de l’amour de l’art. Mais, quand leurs aïeux faisaient dans la litho, ils ont fondé une dot-com, Artfloor. Visite.

À dos de chameau, les discussions vont bon train. Ainsi, c’est lors d’un bivouac dans le désert marocain que Geoffroy de Francony, 28 ans, diplômé de l’École du Louvre, a confié son projet de galerie virtuelle à Georges Ranunkel, même âge, et issu de l’Institut supérieur de gestion. Ce dernier s’est dans un premier temps montré dubitatif quant au fait que les internautes puissent acheter une toile sur internet. La petite histoire de l’entreprise créée par le père de Geoffroy de Francony l’aura convaincu. Grâce à des encarts publicitaires dans la presse, la vente de lithographies par correspondance sur le mode traditionnel avait alors rassemblé 10 000 clients, “alors que le système de commandes était très contraignant “, se souvient son fils.

Le bohème et le consultant

Alliant le côté bohème du peintre amateur et la raison de l’ancien consultant du cabinet de conseil Cambridge Management Consulting, le binôme Geoffroy-Georges s’est donc mis en marche. Prédestiné par son ascendance (son arrière grand-oncle Georges Charpentier était un mécène des impressionnistes), Georges Ranunkel revendique également une prédilection pour l’art, après avoir été un temps tenté par l’École de conservateur de musée.Première étape : fédérer les artistes de manière à constituer un catalogue, établi davantage en fonction de la qualité des ?”uvres contemporaines que de la quantité. Pour l’instant, une trentaine ont donné leur accord pour la mise en ligne de leurs ?”uvres. “Nous allons bloquer le nombre d’artistes à 50, et celui des ?”uvres à 1 000 “, précise Georges Ranunkel. Les tarifs des ?”uvres oscillent de 61 à 3050 euros (entre 400 et 20 000 francs), mais “ la moyenne avoisine 457 euros“, ajoute-t-il. Le parti pris : rendre l’art accessible aux amateurs, donc privilégier l’esthétisme plutôt que la théorie. Les fondateurs sélectionnent des artistes parmi les quelque 4 millions de peintres amateurs, ” dont seulement 2 % parviennent à exposer en galerie “, évalue Geoffroy de Francony. Artfloor se situe donc à l’opposé du modèle adopté par Nart, site de vente d’enchères d’art : “ Nous ne souhaitons pas concurrencer les galeries d’art “, insistent les deux acolytes. Tirant les leçons des mésaventures de ce site avec les commissaires-priseurs, les fondateurs d’Artfloor ont contacté, pour l’élaboration du contrat type avec les artistes, Me Gauthier, avocat spécialisé dans la propriété intellectuelle, qui était justement intervenu lors de la condamnation de Nart pour atteinte au monopole des commissaires-priseurs. De quoi se prémunir contre tout désagrément. Parmi les signataires figure Patrice Bastian, 30 ans, qui s’est donc engagé à reverser 35 % de commission pour toute vente en ligne (bien souvent les galeries prélèvent de 50 % à 80 %), tout en conservant la possibilité de céder ses ?”uvres par d’autres biais : “Je continue mes démarches sans me soucier d’Artfloor“, précise l’artiste.

Convaincre l’acheteur

De l’autre côté de l’écran, le visiteur-internaute peut être séduit, lors d’une pause, par la visite de la galerie. C’est ce qui est arrivé à Alain Finot, 51 ans, journaliste à Mobile Filaire : “J’ai trouvé le site esthétiquement bien conçu. Après une phase d’acquisition d’appartement, nous sommes entrés dans une phase de décoration. Nous n’avons pas de Rembrandt, nous disposions de toiles plutôt traditionnelles. Là nous voulions prendre de l’art moderne. Nous étions allés rue de Seine [rue de galeries à Paris, ndlr]. Que nous aimions ou pas, c’était toujours cher. ” Faisant fi du scepticisme de son épouse, il a commis l’acte d’achat, pour la somme de 457 euros, “ comme l’on goûte à un fruit défendu“. Sur l’écran de son Imac, il était difficile de se rendre compte de la dimension de la toile. En revanche, il a pu voir la matière dans ses moindres détails grâce à quelques clics de souris. Mais il ne se dit pas prêt à réitérer l’opération… Les acheteurs resteraient donc à convaincre.

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Valérie Quélier