Passer au contenu

Du nouveau chez les mécaniciens du squelette

Une jeune société d’informatique médicale, Surgiview, développe un système de chirurgie orthopédique assistée par ordinateur.

A la suite d’un traumatisme ou tout simplement d’un vieillissement des tissus, les chirurgiens orthopédistes “réparent” de plus en plus nos articulations à l’aide d’implants artificiels. Afin d’ajuster correctement ces derniers, ces magiciens du bistouri sont amenés à pratiquer des coupes sur les os, à l’aide de guides mécaniques, et à percer des avant-trous pour fixer des vis. “Ces ancillaires (les outils du chirurgien) doivent être positionnés avec précision, sous peine d’obtenir un mauvais résultat post- opératoire, explique Laurent Nodé-Langlois, chef de projet chez Surgiview, jeune société d’informatique médicale créée en mai dernier. Notamment lorsqu’il s’agit d’ancrer un implant sur une structure aussi complexe que la colonne vertébrale. Malgré sa très grande expérience irremplaçable, le chirurgien est confronté à une visibilité partielle. Par ailleurs, le réglage du positionnement des implants dans l’espace en fonction de la posture du patient n’est pas chose facile à réaliser. Cela requiert souvent l’utilisation d’informations préopératoires.”

Pour pallier ces difficultés, les chirurgiens ont parfois besoin de recourir aux technologies informatiques. Elles les aident à préparer le geste opératoire, à le réa-liser, et aussi à assurer le suivi postopératoire du patient. “Les systèmes de navigation chirurgicale actuellement disponibles sur le marché sont souvent des systèmes propriétaires, adaptés à un seul modèle d’implant. Il s’agit en fait d’un ancillaire informatique, mis à la disposition des chirurgiens par le fabricant d’implants, explique Alexandre Templier, le jeune patron de Surgiview. Nous voulons créer un système électronique et informatique ouvert, adaptable à tous types d’implants orthopédiques. Et, surtout, utilisable tant pour la consultation et la chirurgie que pour le suivi postopératoire.” Le dirigeant vient de monter un programme de recherche européen, dans le cadre d’Eurêka, avec deux laboratoires de recherche – le LBM (Laboratoire de biomécanique de Paris) et le LIO (Laboratoire d’imagerie et d’orthopédie de Montréal). Ainsi qu’avec l’Allemand Zebris, spécialiste des systèmes de mesures tridimensionnelles par ultrasons. Dotés d’émetteurs ultrasonores que l’on déplace sur le corps et d’un capteur qui enregistre l’information, les systèmes agissent un peu comme des GPS (Global Positioning System) miniaturisés. Une fois captés, les signaux émis permettent de quantifier le mouvement et la posture en 3D.
Aujourd’hui, Surgiview dispose déjà d’un logiciel prototype, SpineView, qui, à l’aide d’un scanner de radiographie professionnel, quantifie l’information extraite à partir de clichés radiographiques physiques. “A partir d’un bilan radiographique classique de chirurgie rachidienne, constitué de trois clichés radiographiques, on obtient en moins de dix minutes les mesures précises des amplitudes de mouvement pour chaque segment vertébral et les paramètres posturaux”, déclare Alexandre Templier. Grâce à ce procédé et aux développements attendus, l’exploitation optimale des informations préopératoires, puis la localisation dans l’espace des structures anatomiques et des outils, et leur représentation relative à l’écran permettront au chirurgien de visualiser et d’optimiser son geste durant l’opération selon les angles de vue virtuels de son choix. Du coup, ces ancillaires électroniques vont aider le spécialiste à positionner l’implant non seulement en fonction de la morphologie des os, mais aussi selon les axes des efforts mécaniques.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Erick Haehnsen