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Optimiser votre voiture comme un ordinateur !

Avec le développement de l’électronique embarquée, nos véhicules sont devenus de véritables ordinateurs sur roues. Mais désormais, plus besoin d’être un geek pour profiter de cette tendance, que ce soit pour améliorer ses performances ou réaliser de substantielles économies de carburant.

Vous rêvez de contrôler tous les paramètres de votre véhicule comme les pilotes de Fast & Furious, qui utilisent un PC portable pour communiquer avec leur bolide ? Vous voulez tirer le meilleur parti de votre motorisation, ou tout simplement diminuer votre consommation sans pour autant réduire les performances de votre véhicule ? Aujourd’hui, rien de plus facile, grâce à de nombreux accessoires vendus à des prix toujours plus abordables et aux services proposés par un nombre croissant de prestataires professionnels.

La prise diagnostic enfin abordable

Depuis quelques années, la prise diagnostic OBD-II, obligatoire aux États-Unis depuis 1996 et en Europe depuis 2002 pour les véhicules à essence et 2004 pour les Diesel, n’est plus l’apanage des concessionnaires et de leur « valise » dédiée. En effet, on trouve aujourd’hui dans le commerce de nombreux accessoires, parfois vendus à des prix dérisoires, qui permettent de communiquer via cette interface avec l’unité de contrôle moteur (ECU) et à l’aide de matériel grand public. Grâce à des applications comme Torque ou Dash Command (pour systèmes iOS ou Android), on peut transformer n’importe quel PC portable, smartphone ou tablette en un véritable ordinateur de bord bardé de jauges et de cadrans très « design » qui afficheront et enregistreront en temps réel toutes les données issues des différents calculateurs, comme un compte-tours ultra-précis, le couple, la puissance, la consommation, les émissions de CO2, etc. Ces logiciels permettent également de lire les codes défaut afin de déterminer l’origine des dysfonctionnements moteur. Les mécanos confirmés pourront ainsi pratiquer les interventions nécessaires et réinitialiser le code défaut (et donc désactiver le voyant d’alerte du tableau de bord) sans passer par la case concessionnaire.

Mais loin d’être un simple outil de lecture et de diagnostic passif, la prise OBD-II permet également de réaliser des opérations bien plus pointues sur de nombreux véhicules. Les communautés d’internautes passionnés parlent alors de « chiptuning » (pour l’optimisation pure) ou d’ « ecotuning » (pour réduire la consommation). Certains professionnels, comme François Poirot, directeur du développement national d’Algorithme-Racing, une société spécialisée dans la reprogrammation, préfèrent parler d’optimisation moteur. « Nous partons des cartographies – les paramètres définissant le comportement du calculateur d’injection sur la plage de régime du véhicule – génériques définies par les constructeurs pour proposer deux types de produits : optimisation pure, principalement pour les véhicules de compétition, et réduction de la consommation en fonction des besoins du client. Nos ingénieurs développent alors des cartographies sur-mesure tout en préservant la fiabilité du véhicule. ». Presque tous les engins consommant du carburant (motos, véhicules marins, engins industriels et agricoles, etc.) sont concernés. Les bénéfices démontrés laissent songeur : sur une Audi A3 TDI 105 d’1.9L d’une puissance initiale d’environ 105 chevaux, la reprogrammation permet d’atteindre 140 chevaux sans compromettre la fiabilité du véhicule. Une reprogrammation facturée environ 500 euros par Algorithme-Racing permet ainsi d’obtenir des performances équivalentes à un véhicule vendu 2000 euros plus cher par le constructeur. Le véhicule a plus de couple en bas régime et jouit d’une meilleure reprise, au point qu’on a l’impression de redécouvrir sa voiture à l’issue d’une courte période de rodage. Un moyen de « changer de véhicule sans changer de véhicule », en somme. Il n’est pas rare d’obtenir une économie de carburant d’1L pour 100 km et une réduction notable des émissions, à condition de ne pas modifier ses habitudes de conduite.

Que font les constructeurs ?

Mais pourquoi diantre les constructeurs ne procèdent-ils pas eux-mêmes à ce type d’optimisation sur les véhicules de série ? Certes, François Poirot est très fier de l’expertise de ses ingénieurs : « il s’agit de spécialistes qui connaissent parfois mieux les véhicules que les propres motoristes des constructeurs. » Cependant, ces derniers utilisent déjà la programmation moteur pour segmenter commercialement « des véhicules dont la mécanique est totalement identique, comme par exemple les BMW Série 1 116, 118 et 120. Une 116D peut ainsi être transformée en 120D nettement améliorée ». Certains constructeurs ou concessionnaires font même homologuer des véhicules dont la cartographie a été développée par Algorithme-Racing.

La reprogrammation n’est évidemment pas une opération anodine. François Poirot met ainsi en garde contre les cartographies génériques vendues par lots sur Internet, susceptibles de mettre en péril la mécanique des véhicules. Même si l’on y trouve certains spécialistes auto-proclamés offrant des modifications « sur mesure » de la cartographie que vous aurez extraite de votre véhicule afin de vous permettre de le reprogrammer vous-même, au risque de le « bricker » comme un smartphone mal reprogrammé, rien ne vaut une intervention professionnelle avec passage du véhicule sur un banc de puissance. De plus, la garantie constructeur est parfois invalidée par la procédure. Quand une Audi passe en concession, toute reprogrammation est détectée, occasionnant un fichage du véhicule. Certains prestataires proposent dans ce cas l’équivalent des garanties constructeur via une société partenaire. Pour certaines Renault en revanche, la reprogrammation n’aura aucune incidence sur la garantie. De nombreux prestataires proposent une réinitialisation gratuite de la programmation moteur en cas de revente ou de retour chez le concessionnaire. Le relatif flou juridique et réglementaire qui entoure cette pratique pousse certains professionnels à vanter la discrétion de leurs interventions, qui « évitera de devoir, peut-être, répondre à des questions embarrassantes », peut-on lire sur le site Dynatek.be. Cependant, la reprogrammation est susceptible d’invalider l’assurance d’un véhicule, conformément à l’article L .113-9 du Code des assurances. Certains assureurs refusent tout simplement d’assurer les véhicules reprogrammés. Pour d’autres, comme Axa, toute reprogrammation doit faire l’objet d’une déclaration*. De plus, la reprogrammation du moteur influant sur de nombreux domaines réglementés tels que la puissance du moteur, les émissions polluantes, les émissions sonores, les émissions de CO2, la consommation de carburant et la compatibilité électromagnétique (en cas de pose d’un boitier), un véhicule reprogrammé doit faire l’objet d’une réception à titre isolé auprès des services locaux de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) avec fourniture des justificatifs relatifs à la conformité des domaines réglementaires impactés. Avant toute modification de votre véhicule, pensez donc à vérifier qu’elles sont autorisées par la loi et acceptées par votre compagnie d’assurance.

* Selon Caroline GIN, chargée des relations média chez AXA, l’assureur a intégré depuis juin 2012 la question des modifications (ou tuning) dans ses conditions générales. Toute transformation doit être déclarée pour l’établissement d’un contrat valide, sous réserve d’une réception par la DREAL.

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Nathan Sommelier