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Données personnelles : la Cnil juge la situation angoissante

Elu président du G29, Alex Türk souhaite que ce groupement des autorités européennes de protection des données se fasse mieux entendre.

‘ L’utilisation des données personnelles dérive de plus en plus. Pire, il y a un glissement des mentalités : les gens ne se rendent pas compte qu’il faut protéger leurs informations, donc leur
intimité. ‘
Alex Türk, président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) tire une fois de plus la sonnette d’alarme. Et il le fait, cette fois, à l’échelle européenne.En effet, il vient d’être élu à la tête du groupement des ‘ Cnil européennes ‘
 ?” le G29 ?” et dit nourrir de grandes ambitions pour donner plus de poids aux autorités de protection des
données, à l’échelle de l’Europe et face aux Etats-Unis et à l’Asie.Car, selon le président, la situation est angoissante. ‘ Rien que ces dernières semaines, des projets sidérants ont été annoncés : implantation de puces RFID sur les vestes d’élèves britanniques pour les
localiser, détecteur de mensonges par téléphone envisagé par une compagnie d’assurances, vidéosurveillance dans les avions pour analyser le comportement des passagers, etc. ‘

20 millions d’euros pour pister les passagers aériens

La Cnil s’étonne que même l’Union européenne finance ce type d’initiatives. Ainsi, 20 millions d’euros ont été alloués par Bruxelles au projet Op Tag, qui vise à pister les passagers aériens avant leur embarquement grâce à la
vidéosurveillance et à l’aide de puces RFID dans les billets. Objectif officiel : repérer les 5 % de flâneurs qui retardent le départ des avions en traînant dans l’aérogare.Tous ces projets posent évidemment des problèmes de respect de la vie privée suivant la compilation et la réutilisation qui sont faites des données collectées. ‘ Le transfert de données des passagers aériens qui
se rendent aux Etats-Unis
[ou PNR pour
Passenger Name Records, NDLR] concerne une trentaine d’informations. Leurs coordonnées, mais aussi leur origine, le nom
de leurs accompagnateurs ou ce qu’ils ont mangé à bord ! Cela, les gens ne le savent pas ‘,
illustre Alex Türk.

Les réseaux sociaux dans le collimateur

Malgré ses alertes, le G29 n’a pas pu intervenir sur les PNR face au poids des Etats-Unis ; son nouveau président ne veut pas subir la même déconvenue sur le dossier des PNR vers l’Europe, actuellement à l’étude. Autres dossiers en
cours au sein du G29, l’évaluation des réseaux sociaux (Facebook, MySpace…) en matière de traitement des données personnelles et la définition d’un cadre juridique pour les moteurs de recherche comme Google.Mais pour avoir un G29 plus influent, encore faut-il que les Cnil européennes s’entendent. Ce qui n’est pas toujours simple si l’on compare le niveau d’exigence français en matière de protection des libertés à celui de pays d’Europe de
l’Est ou même de la Grande-Bretagne. Mais Alex Türk se montre optimiste. Il compte également beaucoup plus médiatiser les actions des Cnil pour sensibiliser l’opinion, à défaut de pouvoir renforcer leur influence auprès des pays de l’Union, leur
rôle n’étant que consultatif.

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Julie de Meslon