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Données personnelles : comment les utilisateurs de Facebook se font avoir

Selon une étude scientifique, les membres du réseau social cherchent de plus en plus à protéger leurs données personnelles face aux inconnus. Mais ils n’y arrivent pas vraiment, en raison de conditions d’utilisation changeantes et d’un manque de sensibilisation.

Les utilisateurs de Facebook ont-ils une bonne maîtrise de leurs données personnelles ? La réponse est clairement « non ». Pour la première fois, des chercheurs de l’université américaine Carnegie Mellon ont réalisé une étude sur plusieurs années (2005-2011) pour analyser le comportement des membres de ce réseau social au niveau de la confidentialité de leurs données. L’étude s’est basée sur les données des profils Facebook d’un panel de 5.076 utilisateurs. Les résultats sont assez surprenants, voire contradictoires.

D’un côté, les utilisateurs ont tendance à verrouiller de plus en plus leurs données personnelles, pour éviter qu’elles soient accessibles aux étrangers dans le réseau. Une prise de conscience, voire une méfiance, semble donc s’opérer dans le temps.

On note, néanmoins, une légère inversion de cette tendance à partir de 2009, mais sur certaines types de données seulement (éducation, lieu de naissance, musique,…). D’après les chercheurs, cette hausse de données divulguées  n’est pas volontaire, mais résulte des changements introduits en 2009 et 2010 sur l’interface du réseau et ses réglages de confidentialité: les utilisateurs se sont mis à partager davantage d’informations, parfois sans le savoir.

Des changements souvent déconcertants

En particulier, certaines données personnelles ont été automatiquement reliées aux « pages Facebook » correspondantes. Un utilisateur qui habite Paris s’est ainsi retrouvé connecté à la page Paris, sans rien avoir demandé. Or, les connexions aux pages Facebook étaient, par défaut, publiques. Résultat : des données personnelles que l’on pensait protégées se sont retrouvées sur la place publique de Facebook. « Alors que les gens essayent d’avoir le contrôle de leurs informations personnelles, le réseau ne cesse de changer, affectant leurs décisions », a commenté l’un des chercheurs, Alessandro Acquisti.

L’autre grande tendance est que les utilisateurs – alors qu’ils essayent de se protéger de plus en plus vis-à-vis des personnes inconnues – divulguent de plus en plus de données personnelles au sein de leur réseau d’amis (et amis d’amis). En 2011, Facebook avait indiqué que la quantité de données qu’un utilisateur partageait avec ses amis doublait chaque année. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela, comme la multiplication des champs de données, le « tagging » par les amis, les publications automatiques par des applications (Spotify, TripAdvisor) ou, tout simplement, la conviction d’être bien protégé. En effet, l’augmentation médiatisée des options offertes aux utilisateurs pour régler leurs critères de confidentialité « peut encourager le sentiment de contrôle », souligne l’étude.

Les applications tierces vous espionnent

Mais en réalité, ce sentiment est faux, car la divulgation massive de données au sein du réseau d’amis profite également aux applications tierces et aux publicitaires, à qui les utilisateurs donnent le droit de consulter leurs données personnelles alors que ce sont des « étrangers ». Les chercheurs les appellent des « auditeurs silencieux » (silent listeners), car les utilisateurs ne se rendent pas vraiment compte de leur présence au quotidien.

En somme, dans la gestion des données personnelles, il existe beaucoup de chausse-trappes et de faux-semblants que les utilisateurs n’ont pas vraiment les moyens d’éviter. Alors que dans la communauté Facebook, la volonté de se protéger existe bel et bien.

Ci-dessous, l’étude en question (en anglais) :

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Gilbert Kallenborn