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Dominique Bayle (Ubisoft) : ‘ Nous ne sommes pas un centre de coûts ‘

L’entreprise familiale française de jeux vidéo est devenue une PME internationale. Dominique Bayle, son DSI, détaille les leviers de la performance.

Avec 77 % du chiffre d’affaires générés par le seul développement interne et pas moins de mille trois cents créatifs en production, l’ex-petite entreprise familiale des frères Guillemot parle maintenant de
‘ proposer des expériences de jeux capables de rivaliser avec les films de Hollywood ‘. Rien que cela ! A la clé, plus de recherche, mais aussi plus de techno et, surtout, encore plus de jeux à
succès. Et, en filigrane, une culture d’entreprise fondée sur une obsession : innover.Dominique Bayle, qui occupe la fonction de directeur des systèmes d’information depuis la création du poste, décrit les ingrédients de ce cocktail explosif, composé, selon son expression, ‘ pour partie
d’artistes, et pour partie de gens qui sortent de l’Essec ‘
.01 Informatique : Qu’est-ce qu’un DSI chez un éditeur de jeux ?Dominique Bayle : Actuellement, j’ai la responsabilité d’une centaine de personnes à travers le monde. Parmi elles, soixante travaillent au siège, sur le site de Montreuil. Auparavant, j’avais trois acheteurs
dédiés à l’informatique. Ils sont aujourd’hui directement rattachés aux services généraux. Mais revenons un peu en arrière. Dans les années 80, je travaille dans une filiale de la Société des bains de mer à Monaco. Je découvre la micro : les
premiers PC, les machines Tandy… Et puis, je cumule plusieurs expériences diversifiées chez Soleri, Baan, ou encore Deloitte.Quel est l’apport de cette transformation ?Essentiel. Cette transformation est intervenue au bon moment. En 2002, nous avions déjà les premiers retours d’installation de PGI dans les entreprises : ce qui allait bien, mais aussi tout ce qui était à améliorer. A Montréal,
par exemple, nous avions déjà Oracle pour la production, mais des problèmes de diverses natures existaient.La mise en place du PGI a-t-elle été douloureuse ?Elle a surtout été efficace. C’est là que nous avons décidé d’ajouter le décisionnel, sorte de couronne de lauriers posée sur le PGI. Ce décisionnel prend trois formes : Microsoft Olap pour ce que nous distribuons via le net,
Essbase d’Hyperion pour l’analyse multidimensionnelle effectuée directement au siège, et Entreprise (aujourd’hui HFM) ?” là encore d’Hyperion ?” pour tout ce qui concerne le processus de consolidation. Et ça marche ! Pas
seulement sur le plan technique, mais du fait même que les utilisateurs sont très demandeurs d’outils innovants. Nous sommes dans une boîte de technologie, d’innovation, où chacun est stimulé par l’autre.Comment calculer la valeur financière du système d’information?L’état du stock, le taux de rotation, etc. constituent une batterie d’indicateurs permettant d’obtenir une bonne mesure de la valeur financière du SI. Cela dit, notre performance n’est pas appréciée à l’aune, purement quantitative,
du chiffre d’affaires. Je parle uniquement de ce qui se passe chez Ubisoft, car je sais que ce n’est pas le cas partout. Ainsi, chez Electronic Arts, le DSI doit gérer ‘ en direct ‘ 5 % du chiffre d’affaires de
l’entreprise !Vous devez ‘ vendre ‘ vos projets aux utilisateurs internes à l’entreprise. Comment vous y prenez-vous ?Je crois beaucoup à la pédagogie. Y compris dans le vocabulaire, car tout commence par là : pour les développements spécifiques, je leur parle de ‘ haute couture ‘. Pour évoquer le progiciel, j’évoque
le terme de ‘ sur-mesure ‘, en faisant comprendre aux gens que, moyennant quelques ajustements, ça marchera. De la même façon, j’évite le mot ‘ sécurité ‘. Chez un éditeur de jeux, ça ne veut pas
dire grand-chose. ‘ Confidentialité ‘, en revanche, ça leur parle ! Ce sont de petites choses…

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Pierre-Antoine Merlin