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Dolphin tente un passage au CDMA

L’opérateur de radiocommunications professionnelles numériques a déposé une demande de modification de sa licence auprès de l’autorité de régulation des télécommunications. Une modification qui n’est pas sans inquiéter les opérateurs GSM.

Mardi 22 octobre 2002. Rien de particulier ce jour, si ce n’est une information glanée sur le site de l’ART : “L’Autorité lance un appel à commentaires sur la modification de licence de Dolphin Telecom”, à l’origine autorisé à opérer un réseau à la norme Tetra. Seulement voilà, cette licence, délivrée en 2000 (pour 15 ans) ne prenait pas en compte les actionnaires de l’opérateur de RPN (radiocommunications professionnelles numériques).Depuis juin 2002, Dolphin a, en effet, été repris par le britannique Inquam, filiale de Qualcomm et d’Omnia, à l’issue de dix mois de redressement judiciaire…Or, nul n’ignore que l’américain Qualcomm tente, depuis des années, d’imposer en Europe son standard CDMA, face au GSM et à l’UMTS. Aujourd’hui, l’ART est dans ses petits souliers à cause de cette demande de modification de licence, sachant que peu d’acteurs du marché français laisseront, sans combattre, un opérateur déployer une technologie considérée comme les prémices de la 3G, sans s’acquitter des 619 millions d’euros que coûte une licence de téléphonie de troisième génération.

Qualcomm en embuscade

Pour se défendre de vouloir faire de la 3G, Thierry Balenbois, directeur général de la filiale française, déclare que la stratégie de Dolphin reste de cibler “le marché professionnel uniquement, soit 1,5 % du marché total, et que l’opérateur n’a pas les moyens de déployer un réseau de troisième génération”. De plus, ajoute-t-il, “nous sommes limités en fréquences”. En fait, Dolphin Telecom explique que les besoins de ses clients vont au-delà “de ce que peut fournir la technologie Tetra”, à savoir un débit suffisant pour la transmission de données allant au-delà des 2 à 5 kbit/s qu’offre le système actuellement.Mais, d’ores et déjà, opérateurs et constructeurs ont répondu de manière unanime sur le sujet : Dolphin va avoir du mal à obtenir sa modification de licence. “Nous avons fait part de notre vif désaccord à Jean-Michel Hubert [président de l’ART, NDLR] “, souligne un porte-parole d’Orange. “Modifier automatiquement l’autorisation de Dolphin Telecom serait totalement disproportionné, et contraire au principe d’une concurrence équitable, puisque cela reviendrait à le faire entrer sur le marché de la 3G en l’exonérant des règles que les autres opérateurs ont dû suivre”, explique sans détour Jean-Luc Archambault, directeur de la stratégie et de la réglementation de Cegetel. Plus vague, Bouygues Telecom reconnaît, lui, qu’il “ne donnera sûrement pas un commentaire positif”.Nokia, fournisseur de Dolphin, se contente, lui, de préciser que “Tetra est une norme évolutive, qui couvrira très bien les besoins en données des utilisateurs.” Il apparaît donc clairement que Dolphin Telecom devra batailler ferme pour obtenir gain de cause auprès du gendarme des télécoms.

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Jérôme Desvouges