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Dispute autour du contrôle de l’accès aux services web personnels

Emmené par Sun, le projet Liberty Alliance défie le service Passport, de Microsoft. Cet affrontement souligne l’enjeu croissant de l’identification unique sur internet.

Dans l’indifférence, Microsoft développait depuis 1998 son service Passport, rassemblant 165 millions d’identités d’internautes, mais moins d’une centaine de sites utilisateurs. En lui opposant le projet Liberty Alliance, avec le soutien d’une trentaine de partenaires, dont Sony, Cisco ou Vodafone, Sun a soudain attiré l’attention sur la problématique de l’authentification unique. L’idée semble ainsi devenue, du jour au lendemain, l’enjeu incontournable des années à venir. “La maturité des technologies, la démultiplication des supports et les attentes d’internautes désormais plus expérimentés expliquent l’opportunité de cette initiative “, analyse Eric Mahé, responsable marketing des technologies Java chez Sun.

Une carte d’identité virtuelle pour l’internaute

L’objectif premier de Liberty Alliance est de définir des métadonnées standards de description de l’internaute et de les remettre à des organismes tels que le W3C ou l’IETF. L’internaute acceptant les conditions du modèle sera alors muni d’une sorte de carte d’identité virtuelle susceptible de l’accompagner sur le réseau. Un tiers de confiance participant à l’Alliance et choisi par l’internaute ?” sa banque, par exemple ?” serait le dépositaire de l’ensemble des informations et les communiquerait toutes ou partie aux autres sites adhérents, selon des règles techniques et déontologiques à établir.Les deux principes sous-jacents à ce système ?” l’authentification et le transfert automatique d’informations personnelles ?” sont en fait les deux facteurs indispensables à l’élaboration de services complexes et personnalisés sur internet : envoi d’alertes, transmission d’un événement en cascade aux sites concernés (l’annulation d’un voyage, par exemple), assemblage de commandes par un prestataire logistique, configurateurs multisites, cross-selling ou co-branding. Les possibilités pour ces services web personnels sont innombrables et particulièrement prometteuses. Toutefois, Liberty Alliance n’en est encore qu’au stade de la déclaration d’intentions et les premières spécifications ne sont pas attendues avant la fin de l’année.Conçu avec la même ambition, Passport, de Microsoft, est, quant à lui, un produit opérationnel dont Sun valide implicitement la pertinence et le principe, tout en s’y opposant. D’abord très centralisé et intrusif, Passport a progressivement évolué jusqu’à sa récente version 2.0, puis déclinera une version 3.0 en 2002, qui fonctionnera très exactement sur le même principe que Liberty Alliance ?” celui d’une association d’entreprises signataires d’une charte. Ce modèle n’est pas sans rappeler ceux des organismes gérant les cartes bancaires, Visa ou Mastercard, et leurs promoteurs en espèrent le même succès. Cependant, si l’un et l’autre prônent l’ouverture, la standardisation, et affirment être prêts à accueillir leur rival à bras ouverts, on doute d’un rapprochement dans un futur proche. En fait, il est plus probable que les deux réseaux cohabitent. Certains, comme le site d’enchères eBay, ont d’ailleurs fait le choix prudent de travailler avec les deux parties.

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Jean-Baptiste Dupin