Passer au contenu

Directeur des achatsLa révolution annoncée tarde à venir

Négociateur avec les fournisseurs stratégiques, le directeur achat a pour tâche de gérer et planifier l’activité achat de l’entreprise. A lui de choisir les fournisseurs, s’assurer de la rentabilité des accords passés et, dorénavant, d’intégrer les nouveaux moyens d’achat (e-Procurement, places de marché) dans sa stratégie.

Après une première vague d’analyses annonçant, dans le début des années quatre-vingt-dix, un bouleversement des relations commerciales entre les entreprises désormais dominées par l’absence d’intermédiation, les spécialistes ont revu leur copie fin 1999. La nouvelle ère serait celle de la réintermédiation. Les places de marché indépendantes se sont alors multipliées à travers le monde. Horizontales, verticales… Tous les secteurs d’activité ont vu des start-up se poser comme les intermédiaires indépendants entre les acheteurs et les milliers de fournisseurs qui allaient se battre à coup d’enchères en ligne pour leur proposer la meilleure offre.L’année 2000 a vu cette approche largement remise en question. Bon nombre d’entre elles ont mis la clé sous la porte et les grandes multinationales ont lancé des projets privés ou mis en place des consortiums de tous ordres.

L’e-procurement démarre enfin

C’est naturellement par les achats non stratégiques que nombre d’entreprises ont préféré infléchir leur politique d’achat au profit du web. Toutes les grandes entreprises ont lancé des initiatives de ce type. Delphi Automotive Systems, équipementier automobile est de celles-là. “Depuis quelques mois, nous avons mis en place deux systèmes d’e-procurement : l’un pour les fournitures de bureau, l’autre pour nos documents imprimés, explique Jean-Pierre Fleury, responsable des achats indirects, Machines et Équipements pour la France et le Benelux. Les acheteurs ont négocié avec ces fournisseurs une liste restreinte de produits que les utilisateurs sont autorisés à commander en ligne. Suppression des opérations administratives récurrentes, gain de temps et tarifs négociés au plus près, les gains financiers sont évidents. On libère en outre l’acheteur de tâches administratives sans valeur ajoutée. Le temps dégagé est consacré au choix des fournisseurs, à celui des articles et à la négociation des catalogues.”Ces projets s’appuient sur les catalogues électroniques mis en ligne depuis plusieurs années par les distributeurs de matériel de bureau ou de matériel informatique. Simples à mettre en ?”uvre chez les clients, ces solutions ne résolvent pourtant pas tous les problèmes. “Il n’y a pas encore, par exemple, de lien physique entre le site fournisseur et notre système de gestion interne SAP. Il faut donc créer un contrat ouvert incluant tous les montants annuels alloués à chaque utilisateur”, ajoute Jean-Pierre Fleury. Ce constat est partagé par Gilles Hamel, directeur des achats de Herbé Thermique : “Une première expérience d’e-procurement sur le site de Guilbert a fait apparaître le besoin d’intégration de tels projets : la saisie des commandes est double, au niveau du site puis dans notre système de gestion. Le recours à une telle plate-forme s’est avéré très utile même si la problématique de l’interfaçage doit être résolue. En outre, chaque site nécessite un apprentissage non négligeable lorsqu’on sait qu’à l’époque nous avions 6000 fournisseurs (4 000 aujourd’hui). Cela nous a poussé à réfléchir aux places de marché.”

L’essor et la chute des places de marché

Jean Pierre Fleury se souvient : “Nous avons expérimenté depuis plus de deux ans maintenant, les enchères inversées sur la place de marché freemarkets.com. À une date et une heure convenue, nous convions nos fournisseurs à participer à une enchère inversée. Peu probantes au départ, ces opérations ont fait apparaître la nécessité de sensibiliser les fournisseurs à ce nouveau mode de cotation. Ce procédé nécessite d’autre part l’élaboration d’un cahier des charges irréprochable, et des règles d’attribution du marché parfaitement définies à l’avance.”Outre les problèmes d’organisation du travail, de formation des équipes internes, de motivation des fournisseurs à venir s’affronter sur ces places de marché, l’e-krach et les nombreuses faillites de start-up ont déstabilisé beaucoup d’entreprises alors en phase pilote sur ces sites indépendants. Gilles Hamel, directeur des achats de Herbé Thermique, a connu cette mésaventure. “Début 2000, nous avons choisi B2Build et passé notre première commande par leur intermédiaire en septembre 2000 ; cette place de marché a aujourd’hui mis la clé sous la porte. Nous avons donc décidé de poursuivre l’expérience et avons finalement choisi la plate-forme d’achat Hubwoo. Notre objectif principal consiste à faire baisser les coûts de traitement des commandes, pas les coûts d’achat, du moins à court terme.”Outre cet aspect, internet apporte de réelles innovations aux entreprises ; ainsi, Jean-Pierre Fleury de Delphi utilise le Net comme un moyen de revente d’actif. “Lorsqu’un directeur d’usine cherche à se défaire de machines ou de petits équipements par lots (parc informatique par exemple), il les fait apparaître sur le site zonetrader.com. Pendant un mois, toutes les autres usines du groupe peuvent faire une offre sur le site. À expiration de ce délai, l’actif est proposé directement sur le web.”

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Alain Clapaud