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Déverrouillage en masse de musique chez Fnacmusic et VirginMega

Les deux sites mettent en vente entre 150 000 et 200 000 fichiers MP3 sans DRM. Uniquement des titres de labels indépendants.

Tout le dernier album de Jean-Louis Murat, Taormina, en MP3 ? Sur les réseaux peer to peer, certainement. Et également sur VirginMega.fr depuis ce mardi 16 janvier. Le site de
téléchargement de musique a en effet annoncé la mise en vente de fichiers en MP3 et sans mesure de protection contre la copie (DRM).Dans la foulée, son concurrent direct, Fnacmusic, s’apprête à faire la même chose à partir du 17 janvier, selon le directeur général de Fnac.com, Frank Leprou, dans une interview donnée à PC Inpact. Le
site a confirmé en publiant un communiqué dans l’après-midi.Il ne s’agit pas cette fois d’un ou deux morceaux d’un artiste, comme les deux sites
l’avaient fait en octobre 2006. Ce sont 200 000 titres qui sont ainsi téléchargeables sur VirginMega et 150 000 sur Fnacmusic, au prix de 99 centimes le
morceau. L’utilisateur n’aura plus à s’inquiéter des formats des fichiers ou de la marque de son baladeur numérique. Tous les titres concernés seront lisibles sur Creative, Archos et autres lecteurs. Et surtout, sur l’iPod qui, jusque-là,
n’acceptait de lire que les fichiers MP3 ou ceux achetés sur iTunes Music Store.

Dynamiser le marché de la musique en ligne

Malgré son ampleur, l’opération garde ses limites. Aucune des majors (Universal, EMI, Sony-BMG, Warner) n’a signé avec les plates-formes. L’opération concerne les labels indépendants qui ont accepté de passer un nouvel accord de
distribution avec les deux plates-formes, comme Ici d’Ailleurs (rock), Makasound (reggae), Records Makers, mais aussi V2, PIAS, Believe, Beggars, The Orchard…Des morceaux de certains artistes comme Anaïs, Miossec, Assassin, Django Reinhardt, Bloc Party, White Stripes, Pixies, Prodigy, Franz Ferdinand, la comédie musicale Notre Dame de Paris ou le dernier album en concert
de MC Solaar seront débarrassés des mesures techniques limitant le transfert, la gravure et la copie, même si cela ne touche pas l’intégralité de leurs répertoires.‘ C’est une condition nécessaire pour dynamiser les ventes en ligne, estime Julien Ulrich, directeur général de VirginMega. Entre la mise en place de serveurs spécifiques et les réclamations
des utilisateurs, les titres verrouillés nous coûtent 5 % de notre chiffre d’affaires. Sans compter les gens qui ne reviennent pas pour cause de mauvaise expérience. ‘
Le site compte ouvrir une seconde plate-forme sur laquelle seront mis en vente uniquement les morceaux sans DRM (qui resteront aussi sur le site principal), pour que l’utilisateur s’y retrouve facilement.L’initiative est d’autant moins anecdotique qu’elle s’inscrit dans un climat d’hostilité de plus en plus prononcé contre les DRM, du moins leur remise en question. Certes, Fnacmusic et VirginMega font depuis longtemps savoir que ces
systèmes handicapent le développement de leur marché. Et à l’époque des débats sur la loi du droit d’auteur, les critiques venaient essentiellement des associations de consommateurs ou d’internautes, ainsi que de quelques sociétés de droits
(Spedidam, Adami).Dans un communiqué publié à la suite des annonces des deux plates-formes, l’UFC-Que Choisir demande à nouveau à ‘ tous les producteurs de permettre l’exploitation en ligne de leur catalogue sans verrous,
c’est-à-dire sans DRM ‘.

Un débat autour des DRM

Mais ce qui est vraiment nouveau ce mois-ci, c’est la décision d’EMI Music de
suspendre la mise en place de DRM sur ses CD. La raison : les ventes commenceraient à s’en ressentir… Par ailleurs,
la major a déjà fourni des titres non protégés en téléchargement (dont le dernier single de Norah Jones)
sur Yahoo! Music, de même que Sony-BMG. Enfin le week-end prochain, dans le cadre du MidemNet Forum, le préambule high-tech du Midem (le marché international de la musique) à
Cannes, les DRM feront l’objet d’un débat.Il reste que, en France, la position des maisons de disques ne va pas dans le sens de la suppression de ces mesures. Lors d’un
point presse organisé la semaine dernière, la Société civile des producteurs de phonographes (SCPP) rappelait malgré tout que la loi droit d’auteur et droits voisins (DADVSI)
légitimait justement les DRM.Le frein principal au développement de la musique légale en ligne ne serait pas, selon les dirigeants de la SCPP, l’existence de DRM mais tout simplement le fait que quasiment tout est disponible illégalement et gratuitement sur les
réseaux peer to peer.

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Arnaud Devillard