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Des vrais

Il y a en France plus de comptes individuels d’accès à internet que d’habitants en Suisse. Et on peut légitimement supposer que les 7,7 millions d’internautes…

Il y a en France plus de comptes individuels d’accès à internet que d’habitants en Suisse. Et on peut légitimement supposer que les 7,7 millions d’internautes hexagonaux sont peu ou prou en état de dépenser de l’argent de façon proactive. Au contraire d’un nouveau-né suisse, qui n’agit sur le PIB de son pays que par procuration. Et, 7,7 millions d’internautes susceptibles d’être démarchés directement, vendus en tant que volume d’audience ou commercialisés sur le marché des bases de données, constituent indéniablement un marché. Dans ces conditions, s’il n’y avait pas aujourd’hui d’opérateur internet rentable sur le sol de Colbert, ce serait vraiment désespérant. Manifestement il y a eu écrémage. Les start-up parties toutes lances érigées, comme aux Croisades, ont fait tellement de poussière il y a deux ou trois ans qu’elles ont dissimulé ceux qui n’oubliaient pas qu’en affaires une idée en vaut une autre tant qu’elle n’est pas rentable. Il y a eu en France des entrepreneurs, des vrais, pour considérer internet d’un ?”il froid. Soit ce canal pouvait être rentable, avoir une utilité pour un nombre donné de consommateurs, soit il vaudrait toujours moins qu’une baraque à frites ambulante sur les plages de Vendée.À maints égards, internet ressemble à beaucoup de systèmes de distribution ou de zones de chalandise. À une nuance près, mais elle est énorme : son espace commercial est quasi infini. Par conséquent, faire du commerce sur le web oblige à une veille concurrentielle, en termes de créativité, de contenus, d’ergonomie, de tarifs, de choix, plus importante qu’ailleurs. Une fois que l’on a racheté tous les restaurants d’une rue ou d’un quartier, on peut être tranquille, y compris au détriment des intérêts du consommateur. Dans sa configuration actuelle, internet interdit toute tentative de sécurisation de périmètre par rachat systématique d’emplacements virtuels. Ou presque. Puisqu’en y mettant le prix on s’aperçoit maintenant que les moteurs de recherche et les annuaires savent se montrer sélectifs, et donc plus favorables à celui qui paye qu’à celui qui croit encore aux concepts libertaires. Internet rappelle les débuts du pétrole : savoir où creuser, acheter une concession, savoir pomper, savoir vendre, savoir à qui. Attention, c’est le début d’un business plan.

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Philippe Bonnet