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Des freins psychologiques et juridiques

Depuis les craintes de détournement des données d’identité individuelle jusqu’à la lente adaptation législative, les obstacles à l’essor de la biométrie ne manquent pas.

La biométrie, basée sur des caractéristiques physiques ou comportementales, se veut la meilleure clé d’identification authentifiée de l’être humain. Pourtant, nous n’imaginons pas encore, en France, la généralisation au quotidien de cette nouvelle technologie. De nombreuses barrières se dressent encore contre son adoption : psychologiques (car l’usager associe empreintes digitales à police et à fichage), culturelles, éthiques, gouvernementales et économiques. Il existe de nombreuses réticences lorsque la biométrie est appliquée dans un environnement collectif (contrôle d’accès à un laboratoire en entreprise), alors qu’elles sont moindres dans son propre environnement (protection d’un bien matériel).

La Cnil attentive à l’entrée de la biométrie dans le quotidien

Pourtant, les vertus de la biométrie sont bien perçues. L’une des principales étant de faciliter la vie au quotidien. En France, elle a fait l’objet de projets pilotes, controversés par la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés). Il s’agissait notamment de contrôler l’accès des élèves à la cantine scolaire via un système d’empreintes digitales. Malgré l’enthousiasme des parents (fini la perte ou le vol des tickets de cantine), la Cnil s’est finalement opposée au projet pour des raisons qualitatives (inadéquation de l’outil au problème posé) et de sécurité des données. Or, cette technique est utilisée en Afrique du Sud pour la distribution des pensions. Ce sont d’ailleurs les pensionnés eux-mêmes qui, en vue de diminuer la fraude, ont été à l’origine de cette initiative.Aujourd’hui, il subsiste un décalage entre la perception des avantages liés à la biométrie et les applications mises en place. La crainte vient surtout du fait que les données d’identité peuvent être détournées et utilisées à des fins préjudiciables. Cela étant, de nombreuses entreprises se rendent compte que la biométrie répond non seulement à un besoin de sécurité accrue, mais qu’elle contribue aussi à l’amélioration de la vie des salariés (plus besoin de code, ni de carte d’accès).

Un usage encadré par la loi Informatique et Libertés

Outre le coût encore élevé de l’installation en entreprise d’une telle technologie, les sociétés doivent faire face à certaines contraintes d’ordre juridique. Les systèmes biométriques permettant le traitement d’informations nominatives entrent, en France, dans le cadre de loi n?’ 78-17 du 6 janvier 1978, relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés.En fonction de la quantité et de la qualité des informations contenues dans la base de données centrale, l’entreprise est soumise à l’autorisation de la Cnil, qui garantit le respect de la vie privée ou des libertés individuelles ou publiques. Par exemple, si la société se contente de conserver uniquement le nom de la personne et son EDR (empreinte digitale réduite), elle ne sera pas tenue de remplir les formalités demandées par la Cnil. Le non-respect de ces formalités est sanctionné pénalement : de trois à cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 à 2 millions de francs d’amende.Malgré certains amendements apportés à la loi, certains en concluent que celle-ci n’est pas adaptée aux particularités de la biométrie. La carte à puce pourrait être considérée comme la solution idéale tant pour l’entreprise que pour l’utilisateur. Les informations relatives à la personne (données et empreintes) sont uniquement stockées dans la puce. Elles restent ainsi totalement confidentielles.

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Hélène-Lidwina Lausecker