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Découvrez comment les voitures communiqueront entre elles grâce à la 5G

Qualcomm et PSA travaillent à l’automobile de demain, des voitures capables de communiquer entre elles, grâce à la technologie C-V2X. Nous avons pu assister à une petite démonstration du futur.

Magique, prompte à faire rêver, capable de changer la donne pour beaucoup, la voiture autonome ne pourra pas exister sans la capacité des véhicules à communiquer entre eux et avec leur environnement.
C’est à l’occasion de l’événement INOUT à Rennes, regroupant une multitude d’acteurs (constructeurs, opérateurs, start-up, etc.) travaillant sur la mobilité (numérique) de demain, que nous avons eu l’occasion d’assister à une expérimentation conjointe à Qualcomm et PSA.
Il était en l’occurrence question de découvrir les tests que mènent ensemble les deux sociétés autour de la communication entre le véhicule et son environnement. Nous nous sommes donc rendu sur le site PSA de La Janais (à Chartres de Bretagne), et plus précisément la piste d’essai, pour découvrir la techno C-V2X censée connecter les voitures de demain à tout ce qui les entoure.

C-V2X : pierre angulaire de la voiture autonome

« C’est une expérimentation inédite non seulement en France, mais aussi en Europe que nous réalisons », indique El Khamis Kadiri, responsable innovation et véhicule connecté au sein de PSA. Un discours enthousiaste qui suscite clairement une certaine impatience de notre part. Et pour cause, cette technologie C-V2X, que certains appellent plus justement le C-V2E (pour Cellular Vehicule To Everything) permettra à termes d’établir une communication sans fil entre le véhicule et tout ce qui l’entoure.

01net.com – Le DS7 Crossback utilisé dans le cadre de la démo

A commencer par les autres véhicules, bien entendu, quelle que soit leur marque. Mais également avec l’infrastructure, dont les feux de signalisation, et aussi avec les piétons ou encore les cyclistes. En d’autres termes, le C-V2X (ou C-V2E) est une solution qui permet à la voiture de voir des choses que l’oeil humain du conducteur ne voit pas encore.
Comme cette techno est censée utiliser la 5G, on peut compter sur une communication très haut débit avec un temps de latence quasi nul. Sur le papier, nous nous attendions à vivre une expérience très innovante. Il s’avère que la réalité diffère du papier…

Des véhicules qui discutent… et alors ?

Pour cette expérience, PSA met en scène deux véhicules sur sa piste d’essai, un DS7 Crossback et un Peugeot 5008. La première fait office de voiture dite suiveuse, c’est elle qui recevra les messages d’alertes transmis par le véhicule de tête, le 5008.
Première démonstration dans la ligne droite, le conducteur du 5008 accélère, prend de la distance, puis freine brusquement. Une action retransmise à notre notre DS7 par le biais d’une alerte visuelle sur le compteur central du véhicule. Le conducteur peut réagir en freinant à son tour… manuellement là aussi.

01net.com – La voiture suiveuse est alertée par le freinage du véhicule de tête

Seconde démonstration, le SUV Peugeot adopte cette fois-ci une vitesse lente devant nous et active ses feux de détresses. Là encore, un message indiquant la présence d’un véhicule lent apparaît sur la planche de bord de la seconde voiture. Le conducteur dispose alors de tout le temps nécessaire pour prendre les mesures nécessaires.

01net.com – Le message d’alerte qui s’affiche dans le véhicule suiveur

C’est tout ? Voilà en définitive ce que nous pensons en sortant du véhicule.  Dans les deux démos, nous avions une visibilité parfaite sur le véhicule de tête. PSA et Qualcomm ne mettaient en scène aucune difficulté (obstacle, problème de visibilité, etc) qui auraient permis d’apprécier l’intérêt de cette techno.
En fait, les contraintes du circuit du site de La Janais n’autorisent pas la présence de plus de véhicules sur la piste pour simuler une circulation dense et il n’est visiblement pas possible de mettre des piétons en scène dans ces démos.

01net.com – La voiture de tête envoie les alertes au véhicule suiveur

En fait, ce que Qualcomm tentera de nous faire retenir, c’est que PSA dispose ici de tous les outils nécessaires pour tester la communication entre les véhicules. Il n’est pas question en l’état d’automatisation de la conduite. Toutes les actions qui découlent des alertes sont manuelles – dommage !
Notre enthousiasme sera définitivement douché quand nous apprendrons que le Peugeot 3008 et DS7 Crossback sont en fait juste équipés de modem communiquant en direct l’un avec l’autre (point à point) par une liaison radio 5,9 GHz censée reproduire la connexion 5G ITS (pour Intelligent Transportation Systems) qui sera notamment dédiée aux transports de demain. Au cours de la démo que nous avons suivi aucun lien n’a été établi avec le Cloud. La portée maximale annoncée n’est en l’occurrence que d’un kilomètre.

01net.com – Une bête connexion point-à-point fait communiquer les véhicules

Le V2N ou comment tirer vraiment partie de la 5G

Faut-il pour autant rester sur une déception ? Nous préférons plutôt penser à l’étape d’après, celle de la vraie 5G ITS, sur laquelle travaillent 70 entreprises (dans le monde) dans le cadre de la 5G AA (Automotive Association).
C’est grâce à cette technologie que nos autos demain communiqueront avec les autres véhicules (V2V), l’infrastructure (V2I), mais aussi avec les piétons (V2P) et, surtout, l’internet des objets (V2N).
 

Pierre Jacobs, directeur d’Orange Ouest, évoque une échéance à 2020 pour l’arrivée de la 5G. Ce n’est donc finalement que d’ici deux ans que l’industrie automobile pourra apporter la vraie innovation qu’on nous promet avec ce réseau : donner à la voiture la capacité de voir des choses que l’œil du conducteur ne voit pas encore et automatiser la réaction à une situation potentiellement dangereuse à grand renfort de capteurs.
Faire communiquer les véhicules sur plusieurs kilomètres, c’est donc la première promesse de la 5G. Mais elle pourra aussi permettre de proposer du contenu multimédia à bord, ou encore des services tels que la réservation de sa place de cinéma ou de son restaurant depuis sa voiture semi-autonome.

La 5G est également évoquée comme étant l’une des solutions pour réellement accélérer le déploiement des transports dit multimodaux. Commencer son déplacement en voiture, pour le poursuivre en train puis à pied ou à vélo à travers un service de location ne sera bientôt plus une “prise de tête” pour les utilisateurs.
Tout passera par des plateformes communicantes et intelligentes capables de livrer un flux d’information unique pour faciliter la vie des consommateurs.
D’ici là il s’en passera des choses impressionnantes dans les coulisses de l’automobile de demain, y compris chez PSA. On l’espère en tout cas, histoire d’oublier assez vite cette triste démonstration du 14 mars à Rennes.

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David NOGUEIRA