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De l’administration de réseaux à la gestion de la qualité de service

A la faveur d’Internet, des messageries et de l’e-business, le trafic sur les réseaux d’entreprise devient un casse-tête pour les administrateurs. Les consoles de supervision, frameworks ou outils modulaires, aident à surveiller et à anticiper les problèmes. Certaines entreprises le font en interne, d’autres font appel aux opérateurs ou aux intégrateurs.

Le problème est qu’aujourd’hui on ne considère pas les logiciels d’administration comme des applications à part entière, regrette d’emblée L’Hacène Belkhodja, directeur produits de Computer Associates France. Mais, cela risque de changer, car l’administration de réseaux et de systèmes se met à l’heure du commerce électronique. A présent, avec l’arrivée de l’e-business, les entreprises ont un grand besoin de supervision, lié à une qualité de service. ‘

Se reposer sur un tiers, sans perdre la maîtrise de son réseau

Cette évolution ne s’est pas cantonnée aux grandes plates-formes issues de Computer Associates, de HP ou de Tivoli-IBM. Elle a, au contraire, dynamisé un marché du logiciel déjà foisonnant.
De la gestion de la qualité de service à celle des annuaires et des messageries électroniques, de l’administration des applications à celle des bases de données ou de la sécurité, l’offre apparaît étendue et mûre. Mais, la prolifération de ces outils ne s’est pas toujours déroulée dans un climat d’interopérabilité. ‘ L’offre est trop disparate ‘, analyse André Chandat, directeur des réseaux et systèmes d’information de l’intégrateur réseau Memorex Telex. Beaucoup d’entreprises cherchent à être accompagnées par un intégrateur, une SSII, un opérateur ou, parfois, par un constructeur ou un éditeur.
‘ En matière d’administration de réseaux, les entreprises sont souvent confrontées à deux problématiques. Soit la solution adoptée ne fonctionne pas comme elles l’entendaient lors de l’installation du produit, soit cela marche, mais elles ne savent pas comment faire. L’infogérance peut alors constituer un recours pratique. Elle permet aux services informatiques de rester concentrés sur le métier de base de l’entreprise. Un procédé habituel dans les secteurs de la banque et des assurances, explique encore André Chandat. Memorex propose, d’ailleurs, plusieurs niveaux de service de gestion de réseaux. Un premier, d’entrée de gamme, comprend un support technique et l’administration des équipements du réseau. Il répond alors à des tâches bien précises. Pour les plus grandes sociétés, nous proposons un service haut de gamme, qui prend en compte la gestion et la surveillance complète et permanente du réseau. ‘ Les entreprises cherchent à se dégager d’un certain nombre de tâches, en veillant toutefois à ne pas externaliser en totalité leur réseau.

L’administration est plus qu’un simple service

‘ Le client doit rester le maître d’?”uvre, et l’intégrateur doit être là pour fournir une assistance en maîtrise d’ouvrage. C’est une infogérance à pas comptés. Les clients sont informés de l’état de leur réseau, via des rapports d’incidents édités avec des outils comme ceux de Concord ou d’InfoVista ‘, confie Didier Legrand, responsable marketing services d’Arche Groupe Siemens. Concord vient d’ailleurs de lancer son logiciel MyHealth, une interface paramétrable par l’administrateur, qui lui permet d’obtenir une vue synthétique et centralisée de l’état de son réseau local et étendu, et des systèmes et des applications qui les composent.
Mais, pour Didier Legrand, le rôle de l’intégrateur dans un projet d’administration de réseaux doit être assez vaste : ‘ Pour ne pas s’arrêter à la fonction de gestionnaire, il faut être davantage un partenaire intégrateur qu’un simple fournisseur de services auprès de l’entreprise. Il convient de proposer au client un suivi du contrat, des services de maintenance et de supervision, avec une certaine dose de réactivité, et, enfin, une offre d’administration. Je parlerai plus aujourd’hui de télégérance, c’est-à-dire de maintenance évoluée. Un intégrateur doit apporter plus de services d’accompagnement du client. Il doit maîtriser la montée en charge au cours de l’évolution de changements. ‘

Accompagner les mutations de l’entreprise

En effet, le plus complexe pour l’administrateur d’un réseau n’est pas tant la gestion du réseau, mais la prise en compte des changements. Ces mutations vont du simple déménagement de la société à une réorganisation interne, en passant par le rachat d’une autre entité. Cela s’étend ensuite aux mises à niveau logicielles ou matérielles. Il faut tenir compte de l’intégration des fonctions de sécurité, de la gestion des performances des applications, de la surveillance des pannes et, bien sûr, de la qualité de service. Ces différents maillons font, d’ailleurs, désormais partie intégrante d’un projet d’administration de réseaux. ‘ Et, c’est ici que se situe tout l’enjeu des grandes plates-formes d’administration. Leur rôle consiste aujourd’hui à essayer de faire le lien avec tous les outils hétérogènes ‘, défend L’Hacène Belkhodja. Les ténors du monde logiciel cherchent à faire valoir les capacités de corrélation de leurs outils.
Mais, l’adjonction de nouvelles fonctions ou de liens vers des applications tierces ne gomme pas les lourdeurs de ces superviseurs et leur difficulté de mise en ?”uvre. Surveiller les nouvelles composantes du système d’information, d’une part, et consolider toutes les informations du réseau, d’autre part, devient difficile pour un seul produit, notamment dans le contexte du commerce électronique où une disponibilité presque permanente est nécessaire.

L’interopérabilité n’est encore qu’un v?”u pieux

De fait, les entreprises ont de plus en plus tendance à se tourner vers des solutions d’administration qui se consacrent à des tâches spécifiques et font le lien entre une collection d’outils parfois issus du même éditeur. ‘ Il n’existe pas de solution universelle, mais seulement des outils complémentaires ‘, assure Didier Legrand. Un réseau fortement imprégné de matériels de Cisco Systems se tournera ainsi vers le logiciel CiscoWorks. Il en va de même pour Nortel Networks, avec Optivity. ‘ En outre, il existe encore des problèmes de standardisation. Le protocole CIM (Common information model) ne sera là qu’en 2002. En attendant, il faut parier sur des produits pris en compte par les principaux éditeurs, dans le cadre de partenariats étroits, indique L’Hacène Belkhodja. De plus, les grandes plates-formes doivent aussi apprendre à évoluer pour atteindre le marché à fort potentiel des PME. Ces dernières réclament des outils simples à mettre en ?”uvre, avec des collectes de données pertinentes, des logiciels pointus, intégrés, banalisés, mais attention, pas appauvris. ‘ Cependant, pour nombre de spécialistes, il ne suffit plus de centraliser les informations. Il convient plutôt de répondre exactement aux besoins. ‘ On ne choisit pas un produit, mais une solution pour répondre aux besoins du client. Il arrive ainsi, que pour une exigence précise, nous mettions en ?”uvre deux ou trois produits ‘, précise Didier Legrand.

Superviser, c’est bien ; anticiper, c’est mieux

‘ Il ne faut pas non plus se noyer dans un trop grand flot d’informations. Les standards du marché, tel SNMP, sont pauvres. Il faut réaliser une étude en amont afin de déceler les indicateurs les plus pertinents ‘, estime Marc Sabatier, consultant télécoms de Siticom Paris, une société spécialisée dans les télécoms, qui ne fait pas d’intégration, mais du conseil autour d’outils d’administration notamment. Il est vrai que la grande foison d’outils peut déverser un trop plein d’informations plus ou moins complexes sur le réseau, et plus ou moins utiles pour l’administrateur. Pour certains d’entre eux, une alerte qui indique un taux d’occupation de 60 % de la CPU d’un routeur ne posera pas de problème. Mais, si ce matériel est affecté à la gestion du trafic d’applications stratégiques telles que les ERP, cela peut tout changer. ‘ On assiste, en effet, à une administration plus verticale ‘, constate Didier Legrand. ‘ Avant, on se concentrait sur la supervision des équipements. Aujourd’hui, cela concerne plus la gestion des applications et des flux liés à un métier ‘, complète L’Hacène Belkhodja.
Les acteurs du secteur insistent également sur l’anticipation. L’observation et la remontée d’alertes ne suffisent plus. Faisant appel à des fonctions d’intelligence artificielle, certains produits sont capables de se préparer en amont à l’émergence de problèmes. L’analyse de quelques paramètres leur permet ainsi de prévenir des risques de saturation du réseau. Il s’agit là d’un argument essentiel pour le bien-être d’une application d’e-business et de son éditeur. Le marché voit également apparaître des mécanismes optimisant les transferts de flux avec une gestion des priorités. ‘ Il existe des procédés donnant à l’utilisateur la bande passante désirée en fonction de l’application utilisée, explique L’Hacène Belkhodja. La gestion de réseaux devient donc proactive. Computer Associates avec son offre de Neugents effectue ainsi de la gestion prédictive, en s’appuyant sur des régulateurs placés dans les systèmes et des identificateurs de problèmes. ‘ ‘ Les outils réactifs et simples, c’est bien, mais il faut aussi être à même de gérer le problème des compétences ‘, insiste Didier Legrand. ‘ C’est, l’une des difficultés à résoudre dans le secteur de l’administration de réseaux. Il faut, entre autres, un spécialiste de l’environnement d’administration et un expert de l’environnement des utilisateurs, souligne André Chandat. L’infrastructure se complique et comprend de plus en plus d’éléments. Mais, il est inutile de se poser la question de la centralisation. Pour maîtriser cette complexité, il faut segmenter par équipes métiers, en sachant reconstituer le puzzle. Mais, on perd alors la vision utilisateur. ‘

L’e-business, un nouveau défi à relever

Quant à la qualité de service, elle occupe un rôle de plus en plus prépondérant dans l’infrastructure réseau. Certains l’appliquant au sein du réseau local, en adoptant des fonctions d’optimisation avec du reporting sur les incidents ou de l’aide aux diagnostics, par exemple. Sur le réseau étendu, la responsabilité de la qualité de service s’est accentuée avec le commerce électronique. Chaque administrateur réseau tente par conséquent d’en maîtriser les mécanismes pour pouvoir régler et prévoir les performances des applications transportées. Et, là encore, le paramétrage par métiers ou par applications est essentiel. ‘ Pour certains postes de travail, une application disponible à 95 % est satisfaisante. Pour d’autres, c’est impensable ‘, précise André Chandat.

La qualité de service, botte secrète des opérateurs

Et, pour assurer une meilleure qualité de service, notamment sur les liens externes, les opérateurs sont les mieux placés. ‘ Ils sont les seuls capables de lisser le trafic sur leur infrastructure ‘, constate Marc Sabatier. ‘ Le métier de l’infogérance est complexe ‘, souligne Didier Legrand.
Mais, contrôler la qualité d’un réseau privé virtuel IP ne consiste pas simplement à mesurer l’état de la liaison spécialisée. ‘ Il faut analyser des critères plus précis, comme le temps de transit entre deux ports ‘, indique Marc Sabatier. Pour cet expert, cette fonction est devenue primordiale : ‘ D’un côté, le directeur télécoms peut contrôler ses fournisseurs. De l’autre, il peut délivrer, en interne, un service de qualité. Mais, pour la supervision, il y a un problème de mise en ?”uvre. A l’avenir, il faut prévoir l’évolution de la mesure de la qualité de service jusque chez l’utilisateur, avec des PC qui pourront remonter des informations. ‘ .

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Frédéric Simottel