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De la suite dans les idées

On compare souvent l’industrie du jeu vidéo à celle du cinéma. A tort ou à raison, peu importe. N’empêche, j’ai remarqué l’autre jour un autre point commun flagrant : elles subissent toutes deux la loi des séries.

N’importe quel producteur de cinéma vous le dira : quand on trouve un filon, on l’exploite. En d’autres termes, quand un film a bien fonctionné, il n’y a aucune raison de se priver d’en faire une, deux ou trois suites. Quelques
exemples, pêle-mêle, comme ils viennent : Star Wars, Le Parrain, Highlander, Rocky, Rambo… Réfléchissez un peu, vous en trouverez très facilement quelques dizaines. Au moins.Il en va de plus en plus souvent de même pour les jeux. Je m’en suis rendu compte voici quelques semaines, en préparant la sélection de Micro Hebdo des meilleurs jeux de l’année. C’était, en grande majorité, des
suites : Myst III, Alone in the Dark 4, Commandos 2, Edge of Chaos (alias Independance War 2)… Là encore, pas besoin de réfléchir très longtemps pour trouver de (très) nombreux exemples.Faut-il en déduire que l’inspiration se tarit ? Bien sûr que non. Sortir une suite, c’est simplement parier sur le capital sympathie d’un titre ancien, afin d’assurer au nouveau un minimum de succès. Bref, c’est comme acheter une
licence, mais là, au moins, c’est gratuit.Prenez, au hasard, Alone in the Dark 4. Ce jeu est tout de même sorti plus de cinq ans après le troisième épisode, sans que personne ne l’attende réellement. Et étant donné le peu de ressemblance réelle entre le
dernier épisode et le nouveau (hormis le type même du jeu et le personnage principal), Infogrames aurait très pu le sortir sous un autre nom, il n’en aurait pas été moins bon.Simplement, en écrivant Alone in the Dark sur la boîte, l’éditeur a d’abord créé un phénomène de curiosité envers son jeu. Tous ceux qui avaient déjà joué à l’un des trois précédents épisodes étaient forcément
curieux de découvrir le quatrième. Bref, c’était un joli coup de marketing, ni plus, ni moins.Faut-il en rire ou en pleurer ? A mon avis, rions-en… pour le moment. On verra plus tard comment les choses évolueront. Pour l’instant, tant qu’on s’arrête à trois ou quatre, voire cinq, épisodes par série, pourquoi pas ? En
revanche, il est clair qu’il ne faut pas abuser. Arrivé au 12e épisode, les joueurs risquent de se lasser d’Alone in the Dark, de Myst ou de Commandos.Regardez l’exemple de Tomb Raider, il est symptomatique (cela dit, et afin de couper court à toute remarque désobligeante, je me vois contraint de citer le contre-exemple de Final Fantasy qui,
bien qu’arrivé à son 10e épisode, passionne toujours autant les foules ; c’est sans doute l’exception qui confirme la règle).Vous verrez qu’un jour, il en ira du jeu comme de certains films, qui sont tournés par lot de trois, chacun sortant un an après l’autre. Après tout, l’important n’est-il pas que, contrairement aux films, les suites de jeux sont souvent
sinon meilleures, au moins aussi bonnes, que l’original ?

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Stephan Schreiber