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De l’intérêt d’enseigner le code aux enfants

Les informaticiens plébiscitent le projet de Benoît Hamon qui veut faire enseigner le code aux enfants dès l’école primaire. A l’image de Colin de la Higuera, président de la Société informatique de France. Interview.

Colin de la Higuera est professeur à l’Université de Nantes et président de la Société informatique de France. Il milite depuis de nombreuses années pour l’apprentissage de l’informatique à l’école.

01net : Pourquoi enseigner le code aux enfants ?

Colin de la Higuera : En premier lieu, il s’agit de comprendre le monde de demain et même celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. Personne ne croit qu’un avion décolle par magie parce que tout le monde a des notions de physiques, même sans être un expert. En revanche, beaucoup de gens n’ont aucune idée de la façon dont fonctionne tout ce qui est informatique qu’il s’agisse de cloud, de cryptographie ou de mémoire informatique. La plupart ne cherche même pas à comprendre, laissant cela à des spécialistes.

Il faut absolument donner des clefs à tous pour affronter les situations de la vie quotidienne. J’ajouterai que maîtriser l’informatique peut aussi faire évoluer la démocratie. En Islande, la population est consultée sur les réseaux sociaux, par exemple. Enfin, il y a bien sûr un intérêt économique à encourager les études informatiques.

La France est-elle en retard par rapport à d’autres pays sur ce sujet ?

Par rapport aux pays baltes ou des Länder allemands comme la Bavière, oui. Là-bas, ils ont rendu l’apprentissage l’informatique obligatoire au collège il y a douze ans. L’Angleterre s’y est mis il y a un ou deux ans.

Que pensez-vous des annonces de Benoît Hamon concernant l’apprentissage du code dès la primaire et son entrée au programme au secondaire ?

C’est génial ! Nous, les informaticiens, sommes très heureux de voir que l’envie soit enfin là de le faire après des années de discussions.

Quelles difficultés cela soulève-t-il ?

Pour le primaire, c’est un bon choix de le faire sur le temps périscolaire et de s’appuyer sur les associations et les actions déjà existantes. Mais attention à l’équité territoriale. Les bénévoles de ces associations sont souvent des informaticiens qui résident dans des villes. Et ils travaillent. Seront-ils assez nombreux et disponibles pour agir dans toute la France ?

Concernant le secondaire, les choses sont plus délicates, surtout au niveau des moyens humains. Nous sommes très dubitatifs sur l’idée de Benoît Hamon de former des professeurs de mathématiques ou de technologie sur la base du volontariat. Tout simplement parce que cela a déjà été expérimenté avec l’option ISN (Informatique et sciences numériques) au lycée et que, malgré l’enthousiasme et la très bonne volonté des enseignants, la formation en général insuffisante qui leur a été proposée ne leur permet pas le plus souvent d’enseigner le programme prévu.

Sans aller jusqu’à demander un Capes de l’informatique, il va falloir à un moment donné qu’on reconnaisse l’informatique comme une science et une spécialité avec des intervenants aussi bien formés que pour enseigner le Français ou l’Histoire. Le seul moyen également d’obtenir des enseignants en nombre suffisant.

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Amélie Charnay