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David et Diamond, miraculés du web

À Montréal, la photographie d’un sans-abri et de son chien a mobilisé des milliers d’internautes. Une campagne d’entraide a permis à l’homme de sortir de la rue.

Il y a six mois, Mikael Theimer, Samuel Rocheleau et Thibault Carron lancent le projet Portraits de Montréal. S’inspirant du blog Humans of New York, ils décident de parcourir les rues de la métropole canadienne, appareil photo en main. Chaque fois, ils tirent le portrait de plusieurs inconnus, qui confient en une ou deux phrases un moment clef de leur vie.


Un jour du mois d’août dernier, Mikael parcourt le centre-ville. Lorsqu’il aperçoit David, celui-ci est à genoux, visage vers le bas, presque convulsant. Après une légère hésitation, il aborde l’homme, et lui demande si tout va bien. David lève le regard, tout sourire : « Je vais bien merci. Je prie simplement pour que les choses s’améliorent ». 

5.000 dollars collectés en deux semaines

Sa vie, l’équipe de Portraits de Montréal va la raconter. Une enfance chaotique, de la drogue dès 10 ans, puis 40 années de dépendance. Lorsqu’il adopte Diamond il y a deux ans, la jeune chienne est mourante. David préférera payer les frais de vétérinaire plutôt que son loyer. L’animal sera guéri, et l’homme à la rue. Le portrait sera le plus vu, et le plus partagé de la page Facebook du projet.

Un anonyme envoie même un don de 200 dollars afin d’acheter de la nourriture à Diamond. Ce geste inspire l’idée d’une campagne de financement participatif. Le but : permettre d’offrir à David de quoi remonter la pente. 

Afin de mieux partager cette histoire aussi extraordinaire que dramatique, un court-métrage est réalisé par l’équipe. De nombreux médias québécois reprennent le sujet, dont La Presse, Métro, ou le Huffington Post. Sur la page Indiegogo lancée le 15 octobre dernier, l’objectif des 5.000 dollars – afin de permettre à David de s’installer, et d’acheter des outils pour reprendre une activité de carrossier – est rapidement atteint.  « En échange d’argent, nous avons proposé des tee-shirts, ou la réalisation de portraits professionnels. Mais la majorité des gens ont donné sans rien demander en retour », a confié Mikael à 01net.

Un projet de chaîne d’entraide

Aujourd’hui, David a trouvé un logement. La propriétaire, qui a suivi l’histoire sur les réseaux sociaux, a décidé de faire un geste sur le loyer. L’homme a par ailleurs retrouvé un emploi dans un garage de la ville. Quand on lui demande s’il s’attendait a ce qu’internet change sa vie à ce point, il répond : « je n’avais jamais touché à un ordinateur, ni quoi que ce soit d’informatique. J’avais un téléphone à la maison, mais je ne m’en suis jamais servi ! ». Il reste cependant conscient de sa bonne étoile: « une seconde chance comme celle-ci, je ne pensais pas que cela m’arriverait, que ce serait possible. »

Mais Mikael ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Avec Marion, sa compagne, ils ont décidé de lancer Humans of the street, un blog consacré à ceux qui vivent dans la rue. Ensemble, ils ont eu l’idée de faire de l’argent récupéré sur indiegogo la mise de fond pour une chaîne d’entraide. David, une fois en mesure de rembourser la somme qui lui a été versée, aidera à son tour un itinérant à se sortir de la rue. Le couple est par ailleurs en contact avec plusieurs associations d’aide aux sans-abris afin de coordonner leur action. « Avec Portraits de Montréal, on va continuer à mettre en lumière des causes qui nous semblent mériter une visibilité. Comme on le fait avec l’accessibilité en ce moment » précise Mikael, qui travaille actuellement sur une série de portraits consacrée aux personnes handicapées.

Portraits de Montréal aura finalement été plus loin que Humans of New York. Mais pas de quoi affirmer que l’élève a dépassé le maître. « C’est une utilisation différente de notre plateforme, mais Brandon Stanton [le fondateur du blog New Yorkais, ndlr] reste ma référence » conclut Mikael. Il y aurait pourtant de quoi donner des idées au photographe américain. 

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Raphaël Grably