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Danger des mobiles : des eurodéputées veulent avertir les utilisateurs

Deux eurodéputées réclament une législation pour traiter les téléphones portables comme les paquets de cigarettes. Elles demandent qu’ils portent un avertissement informant les consommateurs des risques en cas d’utilisation excessive.

Pendant que l’Ile-de-France se dote d’un observatoire pour surveiller les ondes basses et hautes fréquences, des eurodéputées belge et française ont réclamé une législation européenne pour informer les consommateurs des risques de tumeurs au cerveau en cas d’utilisation intensive du téléphone portable, comme cela se fait sur les paquets de cigarettes, ce mercredi 5 décembre 2012. « Comme pour le tabac ou pour l’amiante, il faut de toute urgence légiférer sur les dangers de l’utilisation intensive du téléphone portable. (…) C’est une catastrophe sanitaire d’ampleur qui nous attend d’ici quelques années si nous ne faisons rien », a estimé l’eurodéputée écologiste française Michèle Rivasi.

L’eurodéputée a ainsi invité Innocente Marcolini à s’exprimer devant le Parlement européen. Ce cadre d’entreprise italien a été déclaré invalide à 80 % le 12 octobre dernier par la cour de cassation italienne du fait de son utilisation intensive du téléphone portable. M. Marcolini vivait avec son téléphone collé à l’oreille, ce qu’il n’aurait peut-être pas fait s’il avait été averti des dangers, a estimé Mme Rivasi.

Selon elle, avec cette décision de justice, « le risque de tumeurs de cerveau a été démontré. Dorénavant, ce n’est plus le principe de précaution qui s’applique, mais le principe de prévention ». Pour Innocente Marcolini, l’objectif est de convaincre les députés européens de voter des directives limitant les dangers des ondes de téléphones portables.

Pas de changement depuis 1999

Frédérique Ries, députée belge de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe, s’est associée à la démarche de sa consoeur française. Pour elle, « il est aberrant de constater que les limites d’exposition aux champs électromagnétiques n’ont pas été modifiées dans l’Union européenne depuis 1999. Cela alors qu’un nombre de plus en plus important d’études ont prouvé que l’exposition répétée aux ondes électromagnétiques peut entrainer des risques de cancers ou de sérieux problèmes psychologiques. »

« Nous savons maintenant qu’il existe un risque élevé de tumeur des nerfs crâniens pour les utilisateurs intensifs de téléphone portable. Il faut que cela se sache, par le biais de campagnes d’information officielles émanant des responsables de santé publique de tous les Etats membres de l’Union européenne », assure-t-elle.

Communauté scientifique partagée

Mme Rivasi réclame à la Commission européenne qu’elle s’attache désormais sans délai à rédiger un projet de loi qui imposerait aux fabricants de téléphones sans fil de placer sur leurs emballage des avertissements sur les dangers potentiels des ondes émises par ces téléphones, à l’instar des messages que l’on retrouve sur les paquets de cigarettes.

Pour le moment, « la Commission est quasiment autiste sur cette question »« les enjeux financiers sont tels que les arguments de précaution ont extrêmement de mal à porter » face à des industriels et à des autorités sanitaires qui affirment que les portables ne sont pas nocifs, faute de preuve du contraire, déplore Mme Ries.

Reste que la communauté scientifique est partagée. Une étude suédoise estime à 30 % l’augmentation de risque de contracter un neurinome acoustique (tumeur bénigne) en cas d’utilisation prolongée d’un cellulaire. Le Centre international de recherche sur le cancer, un organisme créé par l’OMS, considère, lui, que les ondes électromagnétiques, utilisées dans la téléphonie mobile, ont peut-être des effets cancérigènes pour l’homme. Mais, finalement l’an dernier, l’OMS elle-même a estimé qu’« il n’a jamais été établi que le téléphone portable puisse être à l’origine d’un effet nocif pour la santé ». En France, le comité scientifique de Bouygues Telecom a rejeté en 2008 tout risque lié aux ondes pour la santé et ce rapport a reçu la caution de l’Académie de médecine, qui l’a publié.

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Cécile Bolesse, avec AFP