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CyberComm, coup de bluff ou de génie?

Cyber-Comm lancera son lecteur de paiement sécurisé le 18 avril. Mais le coût d’achat relativement élevé et, plus encore, le fait que la technique soit uniquement française pourraient constituer de sérieux obstacles à son succès.

CyberComm a présenté mardi 12 avril, lors d’une conférence de presse, son lecteur de carte à puce dédié au paiement sécurisé sur Internet. Sur le papier, la solution paraît valable. Elle permet à l’internaute français de payer en validant son paiement par la saisie de son code, mais sans avoir à donner son numéro de carte bancaire sur le Net. Une solution qui devrait rassurer ceux qui n’osaient pas acheter en ligne.Côté commerçants, là aussi, la sécurisation du système s’améliore puisqu’ils pourront bénéficier d’une authentification de la carte par l’un des organismes de cartes (Carte Bleue, Visa, Eurocard-MasterCard, EuroPay France) et donc avoir la certitude que celui qui effectue la transaction est bien le possesseur de la carte. Mais, et c’est là que les choses se corsent : à quoi bon disposer d’un moyen de paiement s’il n’est pas reconnu partout ou presque ? Cette solution, pour s’imposer, nécessite d’équiper un maximum de foyers avec les lecteurs CyberComm. Dans le même temps, les commerçants devraient se décider à adopter cette nouvelle solution de paiement, quitte à la faire cohabiter avec l’ancienne.



Une solution encore trop chère



La première étape consistera à imposer un prix, que certains considèrent déjà comme beaucoup trop élevé : le prix moyen du lecteur devrait être d’environ 400 francs. Pour les commerçants, on parle d’un prélèvement d’environ 1 franc par transaction, sans compter les coûts de déploiement d’une telle solution.


Alors, pour s’imposer, CyberComm mise en grande partie sur ses partenaires et, en particulier, les banques (BNP Paribas en tête). A charge pour elles de convaincre leurs clients, vendeurs et acheteurs, qu’ils doivent utiliser ce mode de paiement. Les banques, qui ne sont jamais à court d’arguments, pourraient même aller jusqu’à suspendre le remboursement des transactions frauduleuses dès lors qu’elles n’auront pas été effectuées avec la plate-forme de paiement CyberComm. La charge en reviendrait, alors, intégralement au commerçant.



Un danger : ne jamais dépasser les frontières virtuelles de l’Hexagone





Les grandes entreprises nationales s’apprêteraient à montrer l’exemple et on évoque la possibilité de voir ce système adopté par la SNCF, France Télécom et son lot de filiales (Itinéris, Wanadoo…), mais aussi par l’administration française. Un démarrage qui n’est pas sans rappeler les débuts du Minitel, une autre spécificité française. Car c’est bien là le danger majeur pour Cyber-Comm, ne jamais dépasser les frontières virtuelles de l’Hexagone.
En effet, la solution CyberComm s’appuie sur le protocole SET (Secure Electric Transaction), proposé à l’origine par Visa et MasterCard, mais qui reste aujourd’hui peu utilisé dans le monde au profit de solutions basées sur le système de cryptage SSL (Secure Sockets Layer).
CyberComm va donc s’employer à exporter sa solution d’abord en Europe puis aux Etats-Unis. Une première phase d’expérimentation doit débuter en Grande-Bretagne au mois de juin. Malgré quelques atouts, le pari est loin d’être gagné car, comme le rappellent certains analystes, on imagine mal les Américains laisser la France imposer sa solution à léchelle mondiale.

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Isabelle Dumonteil