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Cyber-bataille autour de la clé de décryptage des DVD HD

Le consortium à l’origine du système antipiratage des disques Blu-ray et HD DVD a tenté d’empêcher la publication de son code de décryptage sur le Net, déclenchant la fronde des internautes.

A l’heure du Web 2.0, la censure devient de plus en plus délicate sur le Net. L’AACS Licensing Administrator (1), à l’origine du système antipiratage de la nouvelle génération de DVD, vient d’en faire l’expérience. Il y a
quelques jours, le consortium demandait à plusieurs sites Internet de retirer de leurs serveurs toute mention à une clé de cryptage (suite de chiffres hexadécimaux) utilisée pour
protéger contre la copie les disques Blu-ray et HD DVD. Le consortium s’appuyait pour cela sur le DMCA (Digital Millenium Copyright Act), une loi américaine
interdisant la publication de tout moyen permettant de contourner un système de protection des droits d’auteur. Mais, au lieu de faire disparaître de la Toile cette information censée rester secrète, c’est tout le contraire qui s’est passé.

Une censure qui ne passe pas inaperçue

Pourtant, au départ, la plupart des sites contactés par l’AACS se sont exécutés, et en particulier l’un des sites phares du Web 2.0 aux Etats-Unis :
Digg.com. Les internautes y référencent les articles lus sur le Réseau qu’ils jugent intéressants, articles qui sont ensuite notés par les visiteurs du site. Le système permet de
relever les contenus les plus pertinents aux yeux de la communauté. L’un de ces articles, justement, faisait référence à la clé de cryptage de l’AACS.Mais sur un site aussi fréquenté, la censure n’est pas passée inaperçue. Elle a déclenché une première vague de réactions de la part des internautes qui ont multiplié les références à l’article incriminé sur le site communautaire. Les
responsables de Digg ont immédiatement répliqué en supprimant toute mention à la clé de cryptage et en fermant les comptes des utilisateurs impliqués.Au lieu de calmer le jeu, cela n’a fait que mettre de l’huile sur le feu. Les internautes se sont déchaînés, rivalisant d’imagination pour contourner l’interdiction. Ils ont exploité à fond la fonction communautaire du Web, se
référençant les uns les autres sur leur site. Le fameux code hexadécimal a été publié sur des milliers de blogs, mais il a également pris la forme de photos, de tee-shirts, d’économiseurs d’écran, etc. Un site utilisant la clé comme nom de domaine a
même
ouvert et une chanson y faisant référence a été
publiée sur Youtube.

Tout s’est déroulé en moins de 24 heures

Digg a fini par jeter l’éponge, la censure n’ayant plus aucune prise. Dans un message publié sur son blog, Kevin Rose, fondateur du site, conclut : ‘ Vous préférez voir Digg fermer en résistant plutôt
qu’en obéissant à une grande société. Nous vous avons entendus. ‘

‘ C’est une bonne leçon pour tous ces sites du Web 2.0. Il faut qu’ils comprennent qu’on ne peut pas demander aux internautes de
produire tout leur contenu, sans leur laisser le contrôle de leur travail ‘,
commente Tristan Nitot, président de la fondation Mozilla Europe, sur son blog
Standblog.Tout cela s’est déroulé en moins de vingt-quatre heures. Aujourd’hui, le sujet est toujours en tête des votes sur Digg.com et une recherche sur Google à propos de la clé de décryptage affiche plus de 900 000 résultats.


(1) Advanced Access Content System Licensing Administrator : cette société a été fondée notamment par Sony, Toshiba (à l’origine du Blu-ray et du HD DVD), Microsoft, Intel et
IBM.

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Karine Solovieff