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Crusoe s’attaque au marché des serveurs

Après les ordinateurs portables, la puce de Transmeta va bientôt équiper des serveurs. Son atout : un faible dégagement de chaleur qui permet d’empiler les machines, donc d’économiser de l’espace.

Avec son processeur Crusoe, Transmeta pourrait bien revenir jouer les trouble-fête parmi les ténors de l’industrie des semi-conducteurs. Après s’être attaquée, l’an dernier, au marché des ordinateurs portables ?” ses processeurs équipent déjà certains modèles de Sony, Gateway, Fujitsu-Siemens, Nec ou Hitachi ?”, la société californienne aborde maintenant celui des serveurs. Les fabricants sont en effet sensibles à deux atouts majeurs de la puce : sa faible consommation en énergie et un dégagement de chaleur réduit. Le secret de Crusoe ? Là où Intel a multiplié le nombre de transistors pour augmenter la puissance de ses microprocesseurs, Transmeta a préféré porter ses efforts sur les questions logicielles. Du coup, la consommation d’une puce Crusoe ne va pas au-delà de 2 watts, et ne dépasse pas une température de 48 ?’C, quand un Pentium IV dévore 60 watts et frôler les 105 ?’C ! Intéressés par les capacités de Crusoe, RLX Technologies, Rebel.com, Fibercycle Networks ou Amphus, qui travaillent aujourd’hui dans l’ombre de grosses pointures comme Compaq, Dell, IBM, ou Sun Microsystems, constituent peut-être l’avant-garde d’une nouvelle génération de machines : des ” serveurs denses “, qui visent essentiellement les fournisseurs d’accès à internet, les centres d’hébergement de sites web ou les fournisseurs de services applicatifs (les ASP).

Plus de machines, moins de place

Pour répondre à l’explosion du trafic internet, ces prestataires de services cherchent à augmenter la puissance de traitement des données. Pour ce faire, ils doivent accumuler des serveurs dans des salles toujours plus grandes, et payer des loyers toujours plus lourds. D’où la tendance actuelle des machines disposés en racks, ces armoires métalliques où des serveurs ultraplats s’empilent les uns sur les autres. Seul hic : la chaleur dégagée par les processeurs d’Intel. La présence systématique d’un ventilateur à proximité du processeur limite le nombre de puces embarquées et de machines superposées, sous peine de dommages physiques sur les circuits. D’où l’avantage de produits comme Crusoe, qui ne produisent que peu de chaleur.Les dirigeants de RLX Technologies se sont fixé comme premier objectif de “ redéfinir le modèle économique du marché des serveurs“, à l’aide ?” peut-être ?” du processeur Crusoe. À l’heure où le marché urbain de l’immobilier de bureau s’envole, au moment où la Californie fait face à l’une des plus graves crises énergétiques de son existence, le calendrier semble idéal. Et le patron de RLX Technologies est tout sauf un inconnu. Gary Stimac, qui a cofondé Compaq il y a 19 ans, connaît bien l’industrie et ses acteurs. Il sait donc qu’il lui faudra composer avec la puissance de feu et la réactivité d’Intel s’il veut s’imposer sur ce marché. D’autant que les grands fabricants de serveurs sont encore très dépendants de la firme de Santa Clara et de ses célèbres processeurs. L’institut de recherche américain Dataquest estime que ce segment de marché pourrait représenter 2,8 milliards de dollars (20 milliards de francs) de chiffre d’affaires en 2004 contre 420 millions (3 milliards de francs) cette année. Les consultants d’IDC, pour leur part, considèrent que les ventes de serveurs en racks pourraient représenter plus de la moitié des ventes de serveurs Intel à la même échéance.

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Gilles Musi