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Créer sa start-up: cinq raisons de foncer

Les idées reçues sur la création d’entreprise et le travail indépendant sont battues en brèche par le souffle de la Net-économie, en France comme ailleurs.

Oui, il est possible de créer une entreprise de haute technologie en France. Oui, le capital-risque dans l’Hexagone joue son rôle. Non, les créateurs de la Net économie ne bénéficient pas tous d’argent facile… Voici cinq bonnes raisons de tenter le grand saut.

1- Il est facile de se mettre à son compte… via Internet

” Ma petite entreprise connaît pas la crise… “ La chanson d’Alain Bashung résonne comme l’hymne des entrepreneurs qui lancent leur activité depuis deux ans dans le secteur de l’informatique et des télécommunications. Non seulement ils bénéficient d’une insolente euphorie économique, mais, en plus, les initiatives publiques et privées se multiplient à leur profit.Le 11 avril dernier, le gouvernement annonçait des mesures en faveur de la création d’entreprise. En particulier, l’exonération financière d’un certain nombre de formalités administratives.L’immatriculation d’une entreprise se fait en vingt-quatre heures dans les centres les plus performants. Cet objectif est à atteindre, pour l’ensemble du territoire, d’ici à un an. Une simplification des démarches qui devra bientôt déboucher sur la possibilité de créer son entreprise directement sur Internet !Outre un accès facilité aux diverses aides financières, des structures publiques ou privées, comme les incubateurs et les pépinières d’entreprises, apportent un coup de pouce non négligeable (voir encadré
les intermédiaires en conseils et financements
ci-dessous). Avec, pour cible privilégiée, les porteurs de projets liés aux technologies de l’information.Ainsi les nouveaux entrepreneurs gagnent du temps et s’affranchissent des contingences logistiques, bloquantes les premiers mois de vie d’une entreprise. ” La chance de ce secteur est qu’il n’a pas les contraintes d’investissement de l’industrie lourde. Ainsi, même une aide minime permet déjà de financer une étude de marché ou un voyage, fort utile pour accélérer le processus de création “, remarque Laurent Kott, directeur général d’Inria-Transfert.L’essaimage dans les entreprises est aussi favorisé, notamment dans les grands comptes des télécommunications. “Cegetel m’a permis, durant deux mois, de monter mon projet. J’ai ensuite été accueilli gratuitement, durant trois mois, par l’incubateur de l’Enst de Paris “, confie Stéphane Rodier, fondateur en juillet 1999 avec Diaa Elyaacoubi ?” elle aussi ingénieur transfuge de Cegetel ?”d’e-Brands, une société de services marketing appliqués à Internet.

2- Une start-up peut réussir sans être cotée au Nasdaq

 Dans la ruée vers l’or qu’est Internet, quelques-uns trouveront le bon filon et gagneront des fortunes colossales. Mais il y a aussi tous ceux qui vivront bien en vendant simplement les pelles et les pioches pour creuser la mine. “ Par cette métaphore, Laurent Kott signifie bien qu’il y a de la place pour tous les types d’entreprises, ” du brin d’herbe au baobab “, ajoute-t-il.Combien des huit mille entreprises créées en 1999 dans le domaine des technologies de l’information et des communications seront, d’ici à 2001, cotées sur un marché boursier ?Cette même année, cinq cent quinze ont levé des fonds sur notre Nouveau Marché hexagonal, toutes n’étaient pas nécessairement de médiatiques dot. com. D’ailleurs, les créateurs eux-mêmes tentent de se démarquer de l’image caricaturale de l’entreprise qui dépense de l’argent, ne fait pas de chiffre d’affaires et brandit ses pertes en étendard.” Nous avons décroché notre premier fonds d’amorçage avec une idée novatrice, qui n’était pas liée directement au Web “, confirme Philippe Coup-Jambet, président d’Intelligent Sales Objects, éditeur français de logiciels mariant gestion de la relation client et aides à la décision, créée en avril 1999.Inutile de nier que l’initiative des nouveaux entrepreneurs est largement stimulée par les promesses d’Internet. Même dans le domaine du Web, des activités de proximité peuvent naître sans autre ambition que de servir un marché local. “Mes clients sont des PME/PMI de la région qui souhaitent avoir un service clés en main et un seul interlocuteur “, commente Emmanuel Nancey, fondateur d’EN-Net à Troyes.
Depuis dix-huit mois, il a monté, seul, une dizaine de sites Internet, conception et hébergement compris. Du cyberartisanat, en quelque sorte…

3- On peut se lancer à tout moment, il n’y a pas d’âge idéal

Il y a peine une décennie, devenir son propre patron n’était-il pas l’aboutissement d’une carrière de vingt ans ? Dans le domaine des technologies de l’information, les repères traditionnels, fondés sur l’expérience, ont tendance à se brouiller. Du coup, sont exhibés, dans les émissions télévisées, des adolescents de seize ans patrons de start-up Internet, expliquant comment ils vont engager leur deuxième levée de fonds en attendant de passer le bac !Il est vrai que le centre de gravité de la moyenne d’âge des créateurs du monde des nouvelles technologies s’est déplacé aux alentours de la trentaine. Et même de jeunes ingénieurs jusque-là promis aux plus belles carrières chez EDF ou chez Michelin risquent l’aventure entrepreneuriale tout en terminant leurs études.Pourtant, quand il faut concrétiser l’idée géniale, les sages conseils des anciens ne sont pas superflus. “Dès le début, nos pères respectifs nous ont aidés. Et nous venons de nommer un président de quarante-cinq ans “, confie Michaël Stern, vingt-trois ans, cofondateur, en juin 1999, d’Everbee, éditeur d’une solution de sécurité pour les réseaux avec son ami d’enfance, au cours de sa deuxième année à Centrale Paris.Chez DoubleTrade. com, diffuseur d’appels d’offres sur Internet, les frères Sidommo ?” respectivement, vingt-huit et trente et un ans ?”, cofondateurs de l’entreprise, ont écouté aussi leur papa : “Nous étions prêts à vendre 500 000 francs notre produit développé durant deux ans, confie Philippe, le cadet. Il nous a conseillé d’attendre. Quelques semaines plus tard, nous levions 5 millions de francs pour financer l’expansion de notre entreprise.”L’expérience des aînés n’est pas seulement un faire-valoir. Les entrepreneurs de plus de quarante ans confient gagner plus facilement la confiance des investisseurs. Partech International, capital-risqueur, a même poussé le raisonnement à son extrême en donnant six mois à un cadre expérimenté d’Alcatel pour trouver une idée géniale à financer.

4- Profiter de l’argent de la Net-économie… en commençant par faire des économies

” Attention ! On a ouvert la boîte de Pandore, et l’on caricature l’image de l’entrepreneur “, s’irrite Etienne Krieger, responsable de la formation Challenge + du Groupe HEC. L’eldorado, le casino où les investisseurs sont prêts à casser leur tirelire au moindre . com qui surgit du néant…Le mirage d’Internet tend à faire oublier l’essentiel : pour démarrer une entreprise il y a toujours et encore des sacrifices à concéder. D’abord en mettant en jeu ses propres économies et les capitaux prêtés par les amis et la famille.” Il faut que l’entrepreneur ait pris lui-même des risques pour réussir à convaincre les financiers d’investir à leur tour “, relève Yannick Petit, expert du cabinet de conseil en investissement SR Consult France. Et même les premiers fonds décrochés, de prudentes fourmis économisent la manne : ” Nous nous sommes payés un demi-Smic les six premiers mois d’existence de la société “, confirme Jacques Le Marois, responsable des finances de Mandrake Soft, éditeur du monde Linux.Il est, par ailleurs, courant de voir les dirigeants de ces entreprises accepter de se dégager un salaire de 20 à 30 % en dessous de leur valeur sur le marché de l’emploi.Sans recours aux investissements extérieurs, la prudence est encore plus vitale : “J’avais six mois de salaire alloués par les Assedic et 15 000 francs pour suivre une formation aux logiciels du Web après mon licenciement économique, confie Emmanuel Nancey, d’EN-Net. Juste de quoi lancer mon activité et pouvoir signer mes trois premières commandes au moment où je déposais les statuts de mon entreprise.”
Dix-huit mois plus tard, les affaires marchent bien. Il doit embaucher pour faire face aux nouvelles demandes.” Reste que les charges sociales constituent un obstacle majeur, souligne-t-il. Si je recrute un concepteur Web pour me seconder, il ne sera pas payé au Smic ! C’est mon principal tracas, car j’ai une masse de travail importante. Je dois faire un choix, et je n’ai pas envie de refuser les nouveaux clients. “

5- Les investisseurs misent sur l’aventure collective

Impossible de coller une étiquette à ces nouveaux patrons et de brosser leur portrait-type. Une certitude, toutefois : le modèle du self-made man au pouvoir absolu n’est pas de mise dans les entreprises de moins de deux ans. Serait-ce l’influence des investisseurs extérieurs, qui parient d’abord sur un groupe d’individus ? Ou simplement une question d’époque.Chez Nagora, société de services Internet, Claude Amenc, multirécidiviste de la création d’entreprise, vient de revoir à nouveau sa copie du management en passant d’un modèle collégial de décision à une direction tricéphale.S’il s’octroie le rôle de président chargé de la stratégie, il est accompagné de deux vice-présidents : l’un pour les choix technologiques, l’autre aux commandes de la finance. “J’ai tiré les leçons de mon expérience à la tête d’Ingénia. Les décisions étaient prises avec mes six associés ?” un principe difficile à poursuivre lorsque l’entreprise grandit “, remarque-t-il.Le partage du pouvoir est le principe d’Intelligence Sales Object : ” Il faut bien un président pour donner une vision de l’entreprise “, remarque Philippe Coup-Jambert, dirigeant de la société. Un rôle qu’il assumait déjà chez Andyne, qu’il a créée, puis revendue à Hummingbird. Il repart pourtant dans l’aventure collective de la création d’une entreprise avec un nouvel associé.” Nous n’avons pas un ego trop développé. D’ailleurs, nous n’avons qu’une part de notre capital. Il faut donc, dès le départ, accepter de diluer le pouvoir. “Henri Souillard, à la tête de Coopération, un réseau de consultants indépendants spécialistes du secteur des technologies au service du marketing, a pris l’habitude de travailler par affinité.” Sans dépendre économiquement les uns des autres. Nous nous concentrons sur les projets à réaliser “, commente-t-il. Un état d’esprit qu’il souhaite conserver avec sa nouvelle activité à la tête de Net-Direct, destiné à produire des émissions interactives sur Internet. Même si, du conseil, il passe à l’offre de services

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Sophie Maréchal