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Court-circuiter France Télécom, nouvelle priorité des opérateurs

Après Telecom Italia, neuf telecom et Free, c’est au tour de Tiscali et de Tele2 d’annoncer leur intention de couper tout lien entre certains de leurs clients et France Télécom. Cegetel s’y intéresse également, mais préfère
temporiser.

Le dernier monopole de France Télécom est menacé. Ses concurrents promettent aujourd’hui la disparition de l’abonnement téléphonique, ces 13 euros que l’on reverse chaque mois à l’opérateur historique même si l’on n’a pas recours à
ses services de téléphonie et d’accès à Internet. La solution s’appelle le dégroupage total.Ce procédé permet à un opérateur alternatif de dévier la totalité des services passant par une ligne téléphonique (téléphonie et ADSL) vers son propre réseau. A la différence du dégroupage partiel, qui consiste à ne prendre en charge
que l’accès Internet à haut-débit.Jusqu’à présent, le dégroupage total se limitait au marché des entreprises. En mars dernier, il ne concernait que 4 600 lignes, alors que plus de 355 000 lignes avaient été dégroupées partiellement. Seul
Telecom Italia avait osé l’utiliser pour connecter des clients grand public, non sans susciter des interrogations.En quelques jours, la donne a changé. Deux poids lourds du marché français ont annoncé des services s’appuyant sur le dégroupage total, disponibles d’ici au mois de juin. neuf telecom a
détaillé son offre lors de la présentation de ses résultats. Free, lui, supprimera l’abonnement téléphonique dans son offre à 29,90 euros.C’est désormais au tour de Tiscali d’annoncer son intention de ‘ couper le cordon ‘ entre ses clients et France Télécom. ‘ Nous y travaillons depuis décembre dernier. Les annonces de ces
derniers jours ont un peu accéléré notre communication ‘
, reconnaît Rafi Kouyoumdjian, président de Tiscali France.L’opérateur indique qu’il sera prêt à lancer une offre commerciale d’ici à l’été, au sein des zones où il dégroupe lui-même, mais sans plus de détails sur le contenu. Comme pour neuf telecom et Free, l’abonnement devrait se dissoudre au
sein d’une offre mêlant plusieurs services (téléphonie, vidéo, ADSL)Tele2, pour sa part, ne cache pas vouloir arriver prochainement sur ce marché : ‘ Nous voulons avoir le plus grand nombre de clients le plus vite possible. Nous aurons une offre avant la fin de
l’année ‘,
souligne Jean-Louis Constanza, directeur général de Tele2 France.

Les concurrents veulent des baisses de prix

Chez Telecom Italia, pionnier du dégroupage total en France pour le grand public, on sourit un peu de ces différentes annonces. ‘ Connecter directement le client en dégroupage total est le meilleur moyen de le
fidéliser, puisque nous lui proposons le meilleur service et le faisons évoluer. Il n’est pas étonnant, dès lors, de voir d’autres opérateurs suivre cette voie. En tant qu’opérateur historique
[en Italie, NDLR] néanmoins, il est
naturel pour nous d’être l’unique opérateur pour nos clients, ce qui n’est pas le cas de tous nos concurrents. ‘
Jean-Louis Constanza estime qu’il s’agit surtout pour l’instant d’annonces, ce que confirment les propos de Rafi Kouyoumdjian : ‘ Nous n’y sommes pas encore. Le dégroupage total reste un processus à
construire. ‘
Car ce dernier n’incarne pas, pour le moment, une solution idyllique pour les alternatifs. ‘ D’un point de vue technique, c’est assez difficile. Et les conditions économiques ne sont pas très bonnes, il faudrait
que le tarif actuel du dégroupage total
[10,5 euros HT, que l’opérateur reverse chaque mois à France Télécom pour la location de la ligne, NDLR] soit bien inférieur au prix de l’abonnement téléphonique
[13 euros TTC, NDLR], afin de donner une marge de man?”uvre aux concurrents ‘, constate Jean-Louis Constanza.De la même façon, Riccardo Ruggiero, le directeur général de l’activité fixe de Telecom Italia, a confié au Figaro que le prix de 10,5 euros était trop élevé, au regard des 8,3 euros transalpins.Pour le patron France de Tele2, le problème n’est pas seulement tarifaire mais aussi technique. Il attend que les délais d’activation des lignes dégroupées s’améliorent et se rapprochent de ceux de Wanadoo (France Télécom).

Cegetel prudent

Chez Cegetel, on reconnaît ne pas vouloir se précipiter. ‘ Il y a une différence entre faire des annonces et lancer une offre commerciale ‘, commente Olivier Huart, directeur général
de l’opérateur. Cegetel, préfère s’assurer que le procédé est bien rodé, même s’il précise qu’il pourrait techniquement se lancer dès aujourd’hui, du fait de sa connaissance du dégroupage total pour les entreprises.Mais ‘ les entreprises sont un monde où l’on fait du sur-mesure. Le grand public, c’est très différent, on passe alors à des processus qui concernent des milliers de lignes. Les 5 000 premiers clients
déçus peuvent faire un mauvais bouche-à-oreille ‘
, confie Olivier Huart.De plus, selon lui, ‘ le dégroupage total n’est intéressant que si vous avez la possibilité de proposer plusieurs services. ‘
Pour l’opérateur, une grande majorité de foyers français n’est
pas aujourd’hui concernée par Internet, et une offre de facture unique (voir l’accord passé entre l’opérateur et France Télécom) suffit alors. Cegetel pense pouvoir annoncer des offres à base
de dégroupage total d’ici au 3e ou au 4e trimestre 2004.

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Guillaume Deleurence