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Contact tracing : l’application irlandaise est, par habitant, la plus téléchargée en Europe

Populaire, pas chère, fonctionnelle, Covid Tracker est un succès en Irlande. Retour sur les clés de cette réussite technologique mais surtout politique. 

« Nous sommes ravis du taux de participation. Il a dépassé nos espérances », a déclaré Colm Harte, le directeur technique de Nearform, l’entreprise qui a créé l’application irlandaise de suivi de contacts contre la propagation du Covid-19.
Depuis son lancement le 6 juillet, l’appli, baptisée Covid Tracker, a été téléchargée 1,3 million de fois en Irlande. En seulement huit jours, elle est devenue l’application par habitant la plus téléchargée en Europe.

Covid Tracker remporte l’adhésion des Irlandais

Comme StopCovid, l’appli utilise le Bluetooth pour signaler à un utilisateur lorsqu’il croise, à moins de 2 mètres et pendant plus de 15 minutes, un autre utilisateur déclaré positif au Covid-19. Mais, contrairement à la version française qui n’a alerté que 14 personnes en trois semaines, Covid Tracker rencontre un succès populaire. 

« Cela démontre la crédibilité de l’application, la confiance dans l’initiative et l’enthousiasme de participer au projet collectif pour contenir le virus », analyse Seán L’Estrange, chercheur en sciences sociales à l’University College de Dublin au Guardian. Bien qu’elle doive « encore faire ses preuves ». 

En parallèle, l’entreprise irlandaise Nearform a conçu une application similaire pour Gibraltar, lancée le mois dernier, et une autre pour l’Irlande du Nord, qui devrait être lancée dans quelques semaines. 
L’Irlande est donc le lieu de naissance d’un outil pour lutter contre le virus sur son territoire mais aussi sur une partie du Royaume-Uni et de son territoire d’outre-mer… alors que Londres peine à concevoir sa propre application nationale. Le gouvernement britannique prévoit une sortie d’ici l’hiver après avoir abandonné la version originale qui n’intégrait pas l’API Apple-Google. 

Une appli « peu coûteuse »

L’efficacité irlandaise est d’autant plus notable que son prix, estimé à 850 000 euros, est « peu coûteux » au regard du coût moyen pour identifier chaque cas d’infection estimé à 42 000 euros, explique le chercheur Seán L’Estrange toujours au Guardian. Le fruit d’une bonne coordination du Health Service Executive (HSE). 

« L’ensemble des services se sont accordés et se sont concentrés sur le coronavirus », a déclaré Fran Thompson, porte-parole du HSE au quotidien britannique. La pandémie a permis de raccourcir le processus d’appel d’offres régulier et de sélectionner Nearform, mi-mars. « Cela a probablement permis d’économiser de six à huit semaines », estime le HSE. 

« Nous étions en avance »

Nearform emploie 150 personnes et produit des logiciels principalement pour des clients privés, dont Intel et Microsoft. Ils sont parmi les premiers à avoir adopté la solution Apple-Google, fin avril, après avoir rencontré trop de problèmes sur leur version originelle sur le mode centralisé.
« Nous sommes arrivés tôt et nous étions en avance. Cela nous a permis de passer à autre chose rapidement », souligne le directeur technique de l’entreprise au Guardian.

Pour atteindre le seuil des 60 % de population cible, les téléchargements doivent encore atteindre 2,2 millions. Mais si le taux de participation record est encourageant, il reste encore de nombreuses interrogations : « Combien de personnes l’utilisent correctement ? Les transports en commun et d’autres paramètres sabotent-ils la précision de Bluetooth ? Combien de personnes seront avisées et testées qui auraient été oubliées sans cet outil ? », liste le Guardian

Pour répondre à ces questions, le journal britannique a interrogé Stephen Farrell, un informaticien du Trinity College de Dublin qui a étudié la technologie de traçage de contact. Pour lui, l’impact reste incertain : « Je ne serais pas surpris que nous n’ayons jamais de réponse définitive à ces questions. »

Source : The Guardian

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Marion SIMON-RAINAUD