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Concurrence : pas toujours les bons réflexes

Trois questions à Georges Mokhbat, directeur général d’IT.Cal, consultant en télécommunications à Courbevoie (92 400).

Êtes-vous satisfait de la situation de concurrence dans les télécoms d’entreprise en France ?Pour les services de données et la téléphonie, ça peut aller, à l’exception, bien sûr, du local, où c’est encore la page blanche.
Je constate cependant un déficit sur la téléphonie mobile. Ni les opérateurs, ni les SCS n’ont su mettre en place des offres adaptées de gestion de flotte. On est ainsi arrivé à la situation aberrante, où les offres personnelles sont moins chères et plus utilisées en entreprise que les offres entreprises elles-mêmes. Les offres mobiles individuelles ont complètement marginalisé les offres entreprises. Et la gestion de flotte consiste désormais le plus souvent, pour l’entreprise, à prendre en charge une partie du forfait mobile personnel de ses employés.
Je constate également que le DECT est dans l’impasse. Il n’est pas possible, en effet, de donner un terminal GSM et un terminal DECT à chaque employé, ni de distribuer des terminaux bimodes, qui sont plus chers. La solution serait d’intégrer la fonction GSM au PABX afin de diminuer la facture des appels GSM intrasites et intra-entreprises de plus en plus fréquents. Mais on l’attend toujours.
Sur la boucle locale, enfin, je constate deux blocages. L’ADSL, qui est basé sur ATM, complique la mise en place de services de bout en bout. Quant au dégroupage, il n’avancera pas tant que France Télécom ne filialisera pas son activité de centraux téléphoniques. Alors seulement, l’opérateur public aura intérêt à développer l’hébergement et la colocalisation.
Les opérateurs alternatifs manquent-ils d’imagination ?Je trouve que les opérateurs alternatifs ne se positionnent pas assez en opérateurs de niche. Beaucoup prétendent encore faire la même chose que France Télécom avec, comme seule différence, d’être un peu moins chers que lui. Beaucoup trop d’opérateurs calquent encore leurs offres sur celles de l’opérateur public, avec la même culture.
C’est une erreur car, sur les réseaux de données, les entreprises n’attendent pas des opérateurs alternatifs qu’ils leur fassent des propositions standards. Elles souhaitent des opérateurs flexibles. Elles cherchent un accompagnateur. Ceux qui se contentent de vendre des services réseaux sur la base d’un tarif ne gagneront donc jamais contre France Télécom.
Mais je me demande finalement si les intégrateurs de réseaux ne sont pas mieux placés pour répondre à ces besoins. Ce sont peut-être eux les vrais concurrents de France Télécom sur ce terrain. Par définition, ils ont déjà une culture de services. Leur rôle est de répondre à des demandes différenciées. Il leur suffit ensuite de sélectionner l’opérateur x ou y pour la fourniture de la bande passante nécessaire.
D’ailleurs, je ne connais toujours pas en France d’opérateur alternatif disposant d’une structure grands comptes, adossée à des ressources d’ingénierie en propre, comme France Télécom.
Et les entreprises, ont-elles toujours les bons réflexes ?Pour la téléphonie, le pli est pris. Elles ont désormais plusieurs fournisseurs. Mais, pour les services de données, on en est encore loin, les directions informatiques n’aimant toujours pas avoir plusieurs opérateurs. Elles ont tort car, même pour les données, les entreprises peuvent avoir intérêt à traiter avec plusieurs fournisseurs.
Mais choisir plusieurs opérateurs ne s’improvise pas. Il faut de la méthode pour pouvoir comparer des choses comparables.
Pour les services voix, nous préconisons le découpage en lots, local, national, international, help desk, bande passante, gestion… Il faut spécifier ses besoins pour obliger les opérateurs à chiffrer leurs prestations. Si, au contraire, je mélange tout dans mes consultations, je favorise France Télécom, car c’est le seul à pouvoir tout couvrir.
Pour les services de données, nous appliquons notre méthode de l’unité d’?”uvre ou service-pack. Nous aidons l’entreprise à définir ses différents besoins (paramètres des raccordements physiques, services de base, services à valeur ajoutée, services de sécurité, engagements de service et services d’exploitation), sans tenir compte de la technologie.
Puis nous demandons aux opérateurs leurs prix pour chaque pack. Seule cette méthode me permet de comprendre ce qui se cache derrière un prix, et me donne les moyens de négocier des remises ou des forfaits.
Au début, les opérateurs étaient contre, mais ils y viennent à leur tour avec leurs offres Gold et Silver. Chez IT.Cal, nous sommes 25 consultants à mettre en ?”uvre ces méthodes de consultation du marché pour le compte des grandes entreprises et des administrations (www.itcal.com).

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jean-Claude Streicher