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Concurrence : Google reste dans la mire de la FTC

Google, déjà empêtré dans des problèmes avec les régulateurs en Europe, va devoir rendre des comptes dans son propre pays sur ses pratiques vis à vis de ses concurrents. En période électorale, l’affaire prend un virage politique.

La Commission fédérale du Commerce (FTC), gardienne de la concurrence aux Etats-Unis, doit décider dans les prochaines semaines si elle passe à la vitesse supérieure dans une enquête sur le groupe révélée en juin.

Alors que selon la presse la décision se rapproche, un représentant démocrate du Colorado, Jared Polis, l’a mise en garde contre un risque de « compromettre l’important service fourni par Google ». Pour lui, « la FTC devrait agir avec précaution quand elle enquête sur Google, Facebook ou une autre entreprise technologique, étant donné le dynamisme de notre secteur technologique », a-t-il souligné.

Les critiques relèvent, eux, que Google contrôle 70% des recherches sur internet et la publicité qui va avec, et que son système d’exploitation pour mobiles Android équipe les deux tiers des smartphones.

Fort de cette influence, il a « des pratiques qui tirent les prix à la hausse, et la concurrence à la baisse », note Ben Hammer, de l’association Fairsearch.gov.

Cette dernière compte parmi ses membres des agences de voyage en ligne comme Expedia et Kayak, le fabricant de téléphones portables Nokia et Microsoft, qui avait lui-même été accusé d’abus de position dominante il y a quelques années à cause de son système d’exploitation pour PC Windows, et a signé l’une des plaintes pour abus de position dominante déposées contre Google à Bruxelles.

« Le Microsoft des années 1990 »

Google est notamment accusé de mettre en avant ses propres services (vidéos de sa filiale YouTube, voyages, avis sur des restaurants) dans les résultats de recherche qu’il propose aux internautes, une pratique également au cœur de l’enquête ouverte depuis l’an dernier par la Commission européenne mais que son président Eric Schmidt a niée l’année dernière.

Google est aussi dans le collimateur des autorités européennes de protection des données, qui viennent de lui donner « trois ou quatre mois » pour modifier ses règles de confidentialité. Et il est entré dans un bras de fer en France avec les éditeurs de presse, qui demandent la création d’une taxe similaire à des droits d’auteurs pour les moteurs de recherche utilisant indirectement leurs contenus: il menace de ne plus référencer les médias sur ses sites.

« Ils me rappellent beaucoup le Microsoft des années 1990, massivement arrogant, ayant l’impression qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent », commente Rob Enderle, un consultant de la Silicon Valley. « Les entreprises qui partent sur cette voie sont susceptibles de se mettre le gouvernement à dos, parfois de manière catastrophique », ajoute-t-il.

“Rien n’oblige à se servir de Google”

Certains analystes estiment toutefois qu’une action des régulateurs américains serait délicate. Il est difficile de déterminer si une recherche est « juste », souligne Danny Sullivan, éditeur du blog Search Engine Land, pour qui « le gouvernement devrait rester en dehors de ça ».

Monter une affaire contre Google exposerait à s’aventurer dans des territoires légaux « inconnus », prévient aussi Glenn Manishin, un avocat de Washington spécialisé dans la concurrence, qui juge le cas très différent de l’affaire Microsoft, dans laquelle il défendait des plaignants.

« Il n’y a rien qui oblige les utilisateurs à se servir de Google pour la recherche ou la publicité », souligne-t-il, « ce n’est pas la seule route pour aller là où vous le désirez. Windows l’était, parce qu’il était sur 95% des PC. D’autres entreprises peuvent entrer sur le marché de la recherche surIinternet, et elles le font ».

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Rob Lever (AFP)