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Compaq désavoue son processeur Alpha

En pariant sur Intel, le constructeur force la communauté Alpha à une migration complexe.

Les utilisateurs Compaq, n’en finissent plus d’être baladés de stratégie en stratégie. Dernier séisme en date, l’abandon de l’Alpha au profit de l’Itanium qui équipera l’ensemble des gammes Unix Tru64, OpenVMS et Himalaya à partir de 2004. Cette volte-face est justifiée par la volonté de ” coller ” aux standards. “Dans deux ans, nous n’aurons plus que deux gammes de serveurs, l’une tournant avec quatre systèmes d’exploitation : Tru 64, Linux, OpenVMS et Windows ; l’autre tolérante aux pannes, héritière de l’actuel Himalaya. Mais toutes avec un même processeur standard “, explique Laurent Blanchard, directeur de la division serveurs d’entreprise. Le constructeur texan gagnera donc en cohérence de gamme et économisera les 250 millions de dollars dévolus chaque année au développement de l’Alpha.

Une décision somme toute assez logique

Pourtant cette transition au forceps (deux ans) oblige les fidèles de l’Alpha à une migration qui peut se révéler longue et complexe. “ Il y a trois ans, lors du rachat de Digital, l’annonce n’aurait pas surpris. Compaq est un fervent adepte des standards et le meilleur ami d’Intel, commente un DSI fidèle des technologies Digital. Mais après nous avoir presque rassurés sur la pérennité de l’Alpha, ils l’assassinent. C’est un coup de poignard dans le dos. ” Alors Compaq s’emploie avant tout à dédramatiser. “Nous avons prévenu les grands comptes quelques jours avant l’annonce. Ils étaient très enthousiastes. L’important pour eux, ce n’est pas le processeur, mais le système d’exploitation et les applications. Or il est hors de question d’abandonner Tru64 ou OpenVMS“, insiste quant à lui Laurent Blanchart.Il n’empêche, changer de processeur n’est pas une opération anodine. Compaq sera davantage impliqué dans le développement de l’Itanium, mais c’est toujours Intel qui tiendra les rênes. HP, co-inventeur du processeur a déjà dû ressusciter son PA-Risc pour pallier les retards successifs d’Intel. Sans compter avec d’éventuelles difficultés internes. En effet, si l’on en croit les carnets de route de Compaq, les serveurs Himalaya devraient déjà avoir troqué leur puce Mips pour l’Alpha. Le projet, déjà retardé, est maintenant enterré. Compaq promet toutefois que les Himalaya version IA-64, offriront une compatibilité binaire totale avec les applications Mips actuelles. Un engagement qui n’a pas été pris pour les gammes OpenVMS ou Unix Tru64. Il faudra donc recompiler… si l’on possède le code source. Sans oublier les optimisations, nécessaires compte tenu de la sensibilité de l’architecture IA-64 à la structure du code ).

Sun et IBM se tiennent prêts à agiter les épouvantails

Ce revirement n’est donc pas bon augure pour la stratégie de reconquête du marché Unix. Les commerciaux de Sun et d’IBM sont déjà à pied d’?”uvre, prêts à agiter les épouvantails – contrairement à HP ou Compaq, ils n’ont pas de migration d’architecture à l’horizon. Enfin, difficile de prévoir les chances de Tru64 sur Itanium hors de la loyale base installée. Le projet avait déjà été abandonné il y a deux ans “parce qu’il n’y a pas de marché pour Tru64 hors de l’Alpha“. Alors les utilisateurs s’interrogent : “J’ai l’impression que ce qu’ils souhaitent, c’est nous voir migrer vers Tru64 sur Intel, puis sur Windows“, souligne l’un d’eux. Une seule certitude ; Compaq veut devenir le leader de l’architecture Wintel, que ce soit en 32 ou en 64 bits.

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Anicet Mbida