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Comment une mise à jour a sauvé la qualité photo du Huawei Mate 10 Pro

Alors que les tests photo préliminaires du nouveau terminal haut de gamme de Huawei étaient mauvais, une mise à jour logicielle a remis les pendules à l’heure. Une preuve de plus de la prééminence du software sur le hardware.

C’est l’histoire d’un sauvetage improbable, d’un héros sauvé du peloton d’exécution et qui termine son film en happy end. La semaine dernière, le Huawei Mate 10 débarquait au labo de 01net.com. Comme tout produit qui arrive à la rédaction, il se fait cuisiner sur plusieurs bancs de test : les différentes autonomies, les mesures de performances, la qualité de l’écran, etc. Et la photo bien sûr.

Mais, stupeur, le nouveau fleuron chinois se comporte non comme la Ferrari que sa coque laisse envisager – il est franchement joli – mais plutôt comme une Trabant : autonomie décevante, chauffe excessive et clichés loin des promesses du logo « Leica ». La crucifixion rédactionnelle allait bon train jusqu’à ce que les équipes de Huawei nous proposent une mise à jour. Pas un échange de produit du genre « Rend moi le vrai téléphone que je te donne un modèle truqué avec de meilleurs composants ». Non, une simple mise à jour logicielle à télécharger et à installer sur le même appareil.

Pour lire le test complet du Huawei Mate 10 Pro, cliquez ici.

Et nous de constater, pantois, non seulement la résolution des problèmes de batterie – l’autonomie a doublé depuis ! – mais surtout une évolution radicale de la qualité d’image.  Ou comment la brouette est redevenue Ferrari. Comme vous pouvez le constater sur les clichés ci-dessus, les clichés du Mate 10 Pro nouvelle version sont bien plus détaillés. 

Sans bon logiciel, la puissance n’est rien

Intéressons-nous ici à la qualité d’image du module caméra : comment est-il possible qu’un même couple optique + capteur offre des performances si différentes ? Tout simplement parce que la photographie numérique n’est pas la photo argentique. Pour cette dernière, seules les qualités de l’optique et la nature du film affectaient la qualité finale de l’image – ainsi que les talents du tireur dans le cas de films développés à la main.

En photographie numérique, si les propriétés de l’optique et du capteur sont évidemment importantes, un autre facteur entre dans la danse : le duo processeur d’image + partie logicielle. Un couple intrinsèquement lié puisque la performance et la précision des algorithmes ne peuvent pleinement s’exprimer qu’avec du matériel puissant. Mais à mesure que les performances des processeurs, notamment de smartphones, explosent littéralement – Qualcomm se prépare à lancer des puces qui font tourner de vrais ordinateurs sous Windows – le maillon faible de la chaine est le logiciel. Or, le logiciel c’est un peu le pilote de la voiture de rallye : s’il est nul, la voiture n’avance pas.

Un défaut ? Il y a un algorithme pour ça !

Quand un reflex ou un hybride profite d’un gros capteur et d’imposantes optiques de qualité, le smartphone doit se contenter d’une lentille frontale de 2-3 mm de large et d’un capteur de la taille d’une miette de pain. En clair : du petit matériel de rien du tout… qui produit pourtant de très bonnes images. Par quelle magie ?

Par le traitement du signal pardi. Une entreprise comme DxO le sait très bien : le spécialiste français du traitement d’image, célèbre pour ses tests d’optiques et de capteurs, fait une grosse partie de son chiffre en vendant des solutions logicielles à l’industrie qui améliorent drastiquement la qualité des modules optiques. Des entreprises comme Palm par le passé ou, de nos jours Google ou Huawei (à priori, les deals sont secrets) feraient appel au français pour qualifier les modules photographiques, identifier les défauts structurels (vignetage, déformations) et développer des routines de correction des modules caméra de leurs terminaux afin de tirer le maximum d’un matériel donné.

Logiciel > Matériel

« Si le matériel a bien sûr une importance, la majorité de mes ingénieurs sont des ingénieurs logiciels. Nous ne concevons pas des puces, nous en tirons le meilleur », nous confiait lors du CES 2014 Henri Seydoux, patron et fondateur de Parrot, marque célèbre pour ses drones. Précisant que puisque tout le monde peut acheter les mêmes composants sur le marché, c’est par le logiciel que ses ingénieurs arrivaient à se démarquer. Le parallèle avec Huawei est criant : comme le reste de l’industrie, Huawei achète des modules caméra avec des lentilles chinoises, taïwanaises ou japonaises et un capteurs Sony made in Japan. Or, et c’est presque la beauté de la chose, avec un capteur Sony, les Apple, HTC ou Huawei font toujours mieux que… Sony lui-même. Un Sony archi leader en capteurs mais pourtant incapable de dominer la scène photo dans ses smartphones à cause de son manque de maitrise logicielle.

Il n’y a donc aucune magie dans la métamorphose du Huawei Mate 10 Pro mais une volonté et beaucoup de travail de la part de ses ingénieurs de tirer le meilleur de la partie matérielle. Un pari réussi qui aura valu quelque sueurs froides aux ingénieurs chinois !
Cette leçon prouve bien que si les constructeurs prenaient le temps, nos smartphones (et autres appareils high-tech) s’amélioreraient sans aucun doute tout au long de leur vie. Ce qui n’est pas dans l’intérêt d’une industrie qui vie du renouvellement acharné du matériel.

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