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Comment SFR veut faire passer ses abonnés du câble à la fibre

Les abonnés au câble pourraient basculer facilement sur la fibre optique si le FAI parvient à faire changer la réglementation. Mais l’affaire est loin d’être gagnée.

SFR est le champion du Très Haut Débit en France avec ses 11,5 millions de lignes éligibles. Mais la majeure partie d’entre elles dépendent encore d’une technologie que les spécialistes appellent du « câble coaxial » ou « FttB », hérité des infrastructures de feu Numéricable. En clair, la fibre optique est tirée jusqu’au pied de l’immeuble, puis c’est une ligne en câble qui va à l’abonné. Une technologie moins performante concernant le débit montant. Le FAI a peut-être trouvé une astuce pour convertir tout son réseau câble à la fibre. Il réclame de pouvoir intervenir facilement dans les colonnes montantes pour remplacer la terminaison câble en fibre.

Court-circuiter les syndics

Le Figaro a repéré un amendement déposé par le FAI à la loi Elan sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique. Il a été rejeté en première lecture par le Sénat, ce qui n’a pas découragé SFR qui a décidé de le présenter à nouveau. Il propose une intervention après une simple notification par courrier lorsque les parties communes ne sont pas impactées. Quand des travaux doivent, en revanche, être réalisés, il sollicitera l’accord des copropriétaires.

Tout cela est impossible aujourd’hui. L’installation de la fibre est en effet très réglementée. Elle doit être préalablement approuvée en assemblée générale et faire l’objet d’une convention signée avec le syndic/bailleur social/propriétaire individuel et un opérateur. Dans les zones très denses, seul cet « opérateur d’immeuble » est autorisé à intervenir dans les colonnes montantes. Ses concurrents se contentent de raccorder leur réseau à l’immeuble et de proposer leurs offres commerciales aux habitants.

Une déstabilisation du déploiement possible

En parallèle de sa démarche législative, SFR a adressé un courrier à l’Arcep où il appelle à l’adoption de mesures concourant à « la modernisation, la simplification et la fluidité des déploiements sur l’ensemble de [ses] réseaux très haut débit ». L’Arcep a déjà répondu en faisant part de « ses plus grandes réserves ». « Ces mesures remettent en cause l’équilibre entre opérateurs et propriétaires […] et seraient également source d’inefficacité économique dans les déploiements. De telles mesures pourraient enfin contrarier la dynamique des déploiements et s’avèreraient ainsi contre-productives au regard de l’objectif d’accélération des déploiements », peut-on lire dans un communiqué de presse.

Le son de cloche n’est absolument pas le même du côté du gouvernement. Le secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires Julien Denormandie a déclaré n’avoir « aucun sujet tabou » lors du point d’étape du gouvernement cette semaine sur la couverture mobile. « Il faudra toutefois consulter au préalable les représentants des syndics et des locataires sur cette question », a prévenu le secrétaire d’Etat.

Le gouvernement va donc devoir trancher entre le risque de déstabiliser le marché et l’avantage de compter de nouveaux abonnés SFR à la fibre. Pour SFR, ce serait aussi un moyen de rattraper son retard face à Orange qui reste le FAI comptant le plus d’abonnés en FttH avec plus de 2 millions de clients convertis.

* 01net.com est édité par une filiale de NextRadioTV, elle-même propriété à 100% de SFR Médias.

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Amélie Charnay