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Comment la France va aider la NASA à chercher des traces de vie sur Mars

Le rover Perseverance, qui décollera cet été, est équipé d’un instrument franco-américain baptisé SuperCam. Une sorte de couteau suisse destiné à analyser les roches martiennes.

Une forme de vie a-t-elle émergé sur Mars ? La planète rouge est-elle habitable ? C’est pour répondre à ces deux questions fondamentales que le rover Perseverance de la Nasa décollera de Cap Canaveral entre le 22 juillet et le 11 août prochains. A son bord, la SuperCam. Un instrument franco-américain chargé d’analyser les roches. Plusieurs laboratoires de notre pays y sont associés sous la direction de l’IRAP (Institut de recherche en astrophysique et planétologie). Le dispositif est l’héritier direct et amélioré de la ChemCam française qui équipait déjà le rover martien Curiosity en 2011.

Instrument Supercam de la mission Mars 2020.
© CNES/GRIMAULT Emmanuel, 2017
– Instrument Supercam de la mission Mars 2020.

40 millions d’euros d’investissement

« Nous n’avons pas les moyens de financer des missions à 2,5 milliards de dollars et nous ne sommes pas capables de mettre au point des rovers avec des générateurs nucléaires comme la Nasa », a reconnu le président du CNES Jean-Yves Le Gall. « Nous sommes fiers malgré tout de participer à cette mission Mars 2020 grâce à notre positionnement de niche », a-t-il ajouté, précisant que SuperCam a nécessité un investissement de 40 millions d’euros.

Des échantillons de retour dans .. dix ans

Perseverance ne parviendra à destination de Mars qu’au mois de février 2021. Le rover se fixera dans un cratère ayant abrité un delta de rivière débouchant dans un lac il y a 3,5 milliards d’années. L’endroit est jugé propice aux carbonates, des minéraux ayant pu capturer des traces fossiles de vie ancienne. « L’enjeu sera d’explorer des environnements anciens, pour mieux caractériser l’habitabilité passée, de trouver des traces de vie anciennes ou encore d’améliorer nos connaissances sur ses climats et conditions atmosphériques », a souligné le PDG du CNRS Antoine Petit. Pour cela, les Américains ne se sont rien refusé. Ils vont même, pour la première fois, envoyer un drone qui guidera Perseverance dans ses explorations.

Antoine Petit, PDG du CNRS.
01net.com – Antoine Petit, PDG du CNRS.

La NASA prévoit, pour la première fois, de ramener des échantillons prélevés sur Terre, dans le cadre d’une seconde mission prévue en 2026. Mais il ne sera pas nécessaire d’attendre aussi longtemps pour en tirer des enseignements puisque la SuperCam permettra d’analyser les roches à distance.

La Supercam servira à analyser les roches à distance.
© CNES/LE BRAS Gwenewan, 2019 – La Supercam servira à analyser les roches à distance.

Un laser d’une portée de 7 mètres

Le point fort de la SuperCam, c’est son laser d’une portée de 7 mètres. Depuis la France ou les Etats-Unis, des scientifiques procéderont à des tirs laser. Cela chauffera la pierre, et, suivant la lumière émise par le plasma, il sera possible de déterminer la composition de la roche. Supercam sera aussi en mesure d’analyser la lumière du soleil réfléchie par les roches et de prendre des images à haute résolution. La grande nouveauté, c’est la présence d’un micro. Le son enregistré lors des tirs sur les roches devrait aussi apporter des informations sur l’état de leur dureté.

Coup double, la mission Mars 2020 devrait permettre à la fois de mieux comprendre la Terre et de préparer l’exploration humaine de Mars que la Nasa veut absolument maintenir pour 2033.  Les Américains ne sont toutefois pas les seuls à convoiter la planète rouge. Les Européens sont sur les rangs, mais la mission Exomars, prévue cette année, a du être repoussée en 2022 à cause de la crise sanitaire. Il faudra aussi compter avec la mission chinoise Tianwen qui débutera cet été, et la sonde Mars Hope des Emirats arabes unis, prévue l’année prochaine.

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Amélie CHARNAY