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Comment la France a inventé le « bon haut débit »… pour patienter

L’Etat clarifie aujourd’hui officiellement les nouveaux objectifs fixés par le président. Il s’agira d’apporter un débit d’au moins 3 Mbit/s à l’ensemble des foyers français d’ici 2020.

Jusqu’à maintenant les choses étaient claires. Pour parler de la vitesse d’une connexion Internet fixe, on parlait de haut débit (entre 512 kb/s et 30 Mbit/s) ou de très haut débit (égal ou supérieur à 30 Mbit/s).
Des seuils établis par la Commission européenne pour les Etats membres et adoptés en France par l’Arcep. Surprise, un nouveau concept vient d’émerger ces jours-ci dans notre pays : celui de « bon haut débit ». Et il ne correspond à aucune norme officielle. Il surprend même par la présence de l’adjectif « bon », un terme éminemment subjectif alors qu’il est question de qualifier des performances techniques très précises.

Du bon haut débit pour tous en 2020

L’expression est apparue ce lundi 17 juillet dans la bouche de l’entourage du président de la République. Ce dernier venait alors d’annoncer vouloir apporter le haut et très haut débit à tous les foyers français d’ici 2020. Une déclaration qui a effrayé l’ensemble des acteurs des télécoms et des pouvoirs publics.
S’agissait-il d’accélérer le Plan France Très Haut Débit (PFTHD) qui prévoyait d’apporter 30 Mbit/s à tous les foyers français d’ici 2022 ? Ou bien de le remettre en cause en revoyant à la baisse ses ambitions ? Le directeur de l’Agence du numérique Antoine Darodes a clarifié ces propos lors de son audition ce 19 juillet par la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable.

Le directeur de l'Agence du numérique Antoine Darodes lors de son audition par le Sénat le 19 juillet.
Sénat – Le directeur de l’Agence du numérique Antoine Darodes lors de son audition par le Sénat le 19 juillet.

Entre 3 et 8 Mbits/s

Pas question de revoir le PFTHD. Emmanuel Macron souhaite juste ajouter un point d’étape supplémentaire en 2020 avec du « bon haut débit »  pour tous. «On peut situer le bon haut débit entre 3 et 8 Mbit/s», a déclaré Antoine Darodes. Cette nouvelle notion aurait été introduite pour ne pas laisser sur le carreau les 5 millions de foyers identifiés qui ne pourront toujours pas bénéficier d’un débit de 8 Mbit/s et le million de lignes qui n’atteindront pas les 3 Mbit/s en 2022, même si le PFTHD se passe comme prévu.
Il s’agit donc d’accélérer les choses en ciblant précisément cette population-là et en lui proposant des solutions plus adaptées que le FttH pour doper la vitesse de sa connexion.

«Nous sommes en train d’identifier les technologies qui pourront être retenues mais de nouveaux contrats entre les opérateurs et l’Etat seront nécessaires», a encore précisé le directeur de l’Agence du numérique.

Un concept pas si nouveau

Mais la paternité du « bon haut débit» est maintenant revendiquée par d’autres. Le sénateur Hervé Maurey, président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, a rappelé que les parlementaires avaient élaboré dès 2012 un projet de loi sur l’aménagement numérique du territoire imposant le principe d’un « bon haut débit pour tous» de 8 Mbit/s avant fin 2015.

Un objectif alors jugé irréalisable par la fédération des télécoms et qui fut vite enterré.

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Amélie Charnay