Passer au contenu

Comment Amazon torpille les ventes des livres Hachette aux Etats-Unis

Le site sabote depuis plusieurs mois les titres de l’éditeur sur sa plate-forme US pour l’obliger à baisser ses marges sur les e-books. Un chantage qui pénalise surtout les auteurs.

Amazon, le site qui expédie votre commande de livres en 24 heures… ou pas ! Le géant du e-commerce a blacklisté Hachette parce qu’il refuse de baisser ses marges sur les e-books. Et rend plus difficile, voire impossible, l’achat des titres de tous les éditeurs qui dépendent du groupe sur sa plate-forme depuis plusieurs mois. La guerre d’usure d’Amazon vient de franchir un nouveau pas vendredi dernier avec l’impossibilité de précommander la version papier du blockbuster The Silkworm, le dernier ouvrage de JK Rowling, publié sous le pseudo de Robert Galbraith.

Augmentation des prix et des délais de livraison

C’est le New York Times, alerté par les plaintes de certains auteurs sur Twitter, qui a révélé les débuts de l’affaire dès le 9 mai dernier. Depuis, le syndicat des auteurs américains (Authors Guild) s’est fait le porte-drapeau des mécontents d’Amazon.

Parmi eux, l’illustratrice pour enfants Nina Laden qui a décrit dans un post Facebook les mesures de rétorsion d’Amazon à l’égard de One Open A Memory, son dernier opus paru en décembre 2013 chez Brown Books for Young Readers du groupe Hachette. Le site a commencé par augmenter le prix de son livre de 10 à 17 dollars. Puis il a mis en place des bannières proposant à l’internaute d’autres publications similaires moins chères. Enfin, il affiche un délai de livraison anormalement long de trois à cinq semaines. 

« Vous me punissez parce que vous voulez un plus gros rabais de Hachette. Cela est déplorable », résume Nina Laden. Mais l’auteur peut s’estimer chanceuse : Amazon fait pire avec d’autres auteurs en prétendant que leurs ouvrages sont épuisés ou en supprimant des options. C’est le cas de Anne Rivers Siddons dont le roman The Girls of August qui doit sortir en juillet n’est plus indiqué en version papier et e-book et ne peut être précommandé que sous format audio au prix exorbitant de 62,99 dollars.

Sachant qu’Amazon domine 60% des ventes de livres électroniques et 30% des ventes papier, on voit à quel point ce petit jeu peut mettre en difficulté les auteurs. Du côté d’Hachette, on marche sur des oeufs. Pas de déclaration de guerre donc mais un message de sa directrice de la communication Sophie Cottrell : « Nous espérons que cette situation ne va pas durer trop longtemps mais nous ne ménageons pas nos efforts et explorons toutes les options. » Hachette serait donc prêt maintenant à négocier. Rappelons qu’Amazon est en conflit depuis plusieurs années sur le dossier des e-books avec les cinq plus gros éditeurs américains dont Hachette. Mais ces derniers avaient été condamnés pour entente illicite avec Apple sur les prix des e-books par la justice américaine.

Un éditeur européen, Bonnier Media Group, se déclare également victime des mêmes mesures de rétorsion de la part d’Amazon en Allemagne. 

Source :
The New-York Times

A lire aussi :
Livre : le vote de la loi “anti-Amazon” à l’Assemblée reporté
20/02/2014


🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Amélie Charnay