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Clic, clac, c’est dans la boîte !

Des chercheurs ont modifié génétiquement des bactéries pour les transformer en pixels de film photographique. Une découverte qui ouvre la voie à l’apparition de nano-usines, où des bactéries ouvrières fabriqueraient des
composants électroniques minuscules…

Escherichia Coli – ou, pour faire plus court, E. Coli – est un germe habituel de la flore intestinale de tous les animaux, y compris les humains. Charmant. Après quelques manipulations génétiques effectuées à l’Université de
Californie, cette bactérie a reçu des gènes provenant d’une algue plutôt quelconque. L’un de ces gènes code une protéine qui réagit à la lumière rouge et provoque l’émission d’un colorant noir. L’intérêt ?
Créer une plaque photosensible contenant des milliards de bactéries. En exposant certaines bactéries à la lumière rouge, on arrive à dessiner un motif noir sur la plaque, qui fait alors office de film photographique.L’E. Coli étant de petite taille (2 à 3 micromètres), la précision est très importante : on atteint 100 mégapixels par ‘ pouce carré ‘, soit environ 16 mégapixels par centimètre carré. C’est
autant qu’un capteur d’appareil photo de type reflex ?” généralement, ces capteurs affichent une résolution de 8 mégapixels pour 0,5 centimètre carré.Bien entendu, ce n’est pas demain que cette sympathique bactérie équipera nos appareils photo. Tout d’abord, l’image produite est pour l’instant monochrome ; ensuite, la stabilité de la plaque
photosensible est encore faible (si les bactéries meurent, se reproduisent, se déplacent, l’image peut être modifiée) ; enfin, il faut près de quatre heures pour ‘ prendre une photo ‘.Toutefois, ce procédé, comme d’autres, ouvre la voie au développement de ‘ nano-usines ‘, d’une précision très complexe et coûteuse à atteindre avec des outils de production classiques.Au lieu d’introduire dans les bactéries des gènes entraînant la production d’un pigment, on pourrait leur greffer des gènes permettant de produire des polymères ou de précipiter des ions. L’idée :
‘ lâcher ‘ des bactéries sur une surface, puis éclairer très précisément certains points de cette surface pour que les bactéries se mettent à l’?”uvre. Et deviennent des ouvrières soudant, façonnant des composants
électroniques minuscules.Une fois le procédé technique maîtrisé ?” ce qui n’est pas pour tout de suite ?”, il faudra encore en mesurer les risques. Car que deviendraient des milliards de bactéries sensibles à la lumière lâchées en pleine
nature ? Une réponse est donnée par Michael Crichton (l’auteur à succès de Jurassik Park et d’Urgences) dans La Proie, sorti en Poche l’année dernière. Ou
comment des milliards de nanoparticules, à l’origine pacifiques, peuvent devenir un danger pour l’humanité…* Rédacteur en chef délégué de l’Ordinateur Individuel

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Alain Steinmann*