Passer au contenu

Cinq géants de la high tech s’allient pour définir et encadrer l’intelligence artificielle

Amazon, Facebook, Google, IBM et Microsoft se sont réunis pour travailler de conserve à l’avenir de l’IA. Aussi bien d’un point de vue de la recherche que de son application au quotidien. Ce qui passera évidemment par un travail de pédagogie auprès du grand public.

The Partnership on Artificial Intelligence to Benefit People and Society – un partenariat pour que l’intelligence artificielle bénéficie aux gens et à la société. L’appellation est longue, un peu ampoulée, et témoigne autant d’enjeux futurs que d’un contexte présent.

Ce partenariat regroupe cinq géants américains : Amazon, Facebook, Google, IBM et Microsoft. Cinq titans à la tête de centaines de data centers, cinq acteurs accumulant chaque jour des milliards de données, d’informations qui sont au cœur de la révolution de l’intelligence artificielle. Or les réseaux neuronaux et le deep learning reposent sur ces ensembles colossaux de données : c’est dans cet amas de 0 et 1 que nous produisons que l’intelligence artificielle puise son utilité, sa force et ce qu’il lui faut pour dessiner les contours de son avenir.

Recherche et pédagogie

Un avenir qui peut inquiéter et qui implique que dès maintenant les grands acteurs de la recherche en intelligence artificielle se retrouvent et se mettent d’accord pour éviter les débordements que la science-fiction nous promet depuis des décennies.

Ce partenariat sur l’IA a autant pour objectif de conduire des recherches que d’établir et promouvoir les bonnes pratiques. C’est en l’espèce un peu le prolongement des comités de conseil éthique sur l’intelligence artificielle qu’a créé Microsoft ou que Google a mis en place après le rachat de Deepmind en 2014.

En tout cas, cela signifie que potentiellement les plus grands noms de l’intelligence artificielle (Yann LeCun pour Facebook, Mustafa Suleyman pour Deepmind, Greg S. Corrado pour Google, Francesca Rossi pour IBM, Ralf Herbrich pour Amazon et Eric Horovitz pour Microsoft) se retrouveront régulièrement pour échanger sur leurs progrès en la matière. Ils discuteront également d’éthique, de respect de la vie privée, de transparence, d’échanges d’informations et de collaboration entre humain et intelligence artificielle.

Un programme vaste et encore nébuleux, qui peut paraître lointain, à tort. Car les manifestations de l’intelligence artificielle sont déjà présentes dans notre quotidien, de nos assistants personnels numériques à ces bots conversationnels qu’on retrouve sur Facebook ou encore dans Google Allo. Ce partenariat n’est pas sans rappeler, pour partie, d’autres initiatives, comme celle initiée par Elon Musk ou le Future of Life Institute.

Une ouverture vers d’autres acteurs

D’ailleurs, Partnership on AI, qui doit encore nommer son comité de direction, pourrait s’ouvrir à d’autres projets similaires, comme l’Association for the Advancement of Artificial Intelligence ou encore le groupe de recherche de l’Allen Institute for Artificial Intelligence, fondé par Paul Allen, co-fondateur de Microsoft.

L’heure est donc plus que jamais à la collaboration. D’ailleurs, quatre de ces cinq géants – seul Amazon manque à l’appel – font partie de l’Open Compute Project, destiné à partager en open source les conceptions d’infrastructures informatiques, y compris pour les systèmes d’intelligence artificielle.

Voilà qui pourrait répondre à une crainte d’enfermement, à la peur de voir ces géants se refermer sur eux-mêmes. On ne peut toutefois s’empêcher de constater qu’il n’y a pour l’instant pas d’acteurs publics, représentant un ou des Etats, ou d’universités (même si certains des membres fondateurs sont des universitaires).

La société civile doit se saisir de ces enjeux

Il est vrai que les progrès dans le domaine de l’intelligence artificielle sont aux mains des sociétés privées et que les enjeux économiques afférents s’y trouvent aussi. Il n’est donc pas étonnant que ce partenariat vise aussi à expliquer et rassurer le grand public face aux mystérieuses IA. Mais il est aussi inquiétant de voir des sociétés gigantesques s’unir alors qu’une majorité du public n’a pas encore conscience de l’impact de cette révolution. 

Pour défendre nos intérêts et nos libertés, pour conserver un pouvoir sur notre quotidien et les outils mis à notre disposition, il ne faut pas nous contenter de partenariats entre géants. Il faut nous manifester et faire preuve nous aussi… d’intelligence.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Pierre FONTAINE