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Christophe Mohn (Lycos) : ” Pas de marché pour les applications haut débit aujourdhui “

Christophe Mohn, fils du patriarche de Bertelsmann et CEO de Lycos Europe, explore pour Le Nouvel Hebdo le potentiel des nouveaux médias.

Fils de Reinhard Mohn, patriarche de Bertelsmann, Christoph Mohn n’a pas choisi la voie la plus facile dans la vénérable maison d’édition allemande. Après trois ans au sein de BMG (Bertelsmann Music Group), il a préféré devenir l’artisan du développement internet du groupe, à l’issue d’un bref passage chez McKinsey.Aujourd’hui CEO de Lycos Europe, filiale à 30 % de Terra (Telefonica) et à 19 % de Bertelsmann, son principal objectif est d’amener sa société à l’équilibre à la fin de l’année après des pertes historiques sur l’exercice 2000 (clos le 31 juin 2001) d’1 milliard d’euros pour seulement 139 millions d’euros de revenus.“Nous tirons encore 60 % de nos revenus de la publicité, et cela grâce à notre position d’acteur majeur en Europe : nous attirons chaque mois 25 millions d’internautes sur notre réseau de sites. L’e-commerce et les contenus “premium” progressent plus vite que la publicité. Mais il ne faut pas se leurrer, ils ne constitueront pas la part majoritaire de nos revenus en 2002″, explique-t-il.En parallèle de ces trois sources de revenus, un accord a été signé avec Overture pour mettre en place une offre de positionnement payant. “C’est une offre différente de la publicité qui s’apparente au marketing direct et encore, ce ne sera qu’une petite source de revenus. Overture nous garantit 8 millions d’euros sur une année, mais nous espérons pouvoir aller au-delà. Pourtant, le positionnement payant n’est pas le sésame, qui va rendre rentables tous les moteurs de recherche”, ajoute-t-il.

Le PC exclu du haut débit ?

L’avenir des communautés, le PDG de Lycos Europe ne le voit pas encore vraiment dans le haut débit. “Les communautés du futur sont prêtes depuis trois ans, mais peu de gens peuvent y participer faute d’avoir un accès suffisamment rapide. Et puis, la plupart des applications haut débit ne sont pas faites pour un environnement PC.”Selon lui, il faudrait relier le PC à la télé. Seulement, estime Christoph Mohn, “il n’y a encore aucun marché pour les applications broadband. En Allemagne, nous proposons du téléchargement de films, mais la demande reste très faible. S’agissant de la musique, nous sommes bloqués en ce moment. Pressplay et Musicnet [plateformes de musique en ligne des majors, ndlr] ne sont pas des produits convaincants pour les internautes. Et ils ne sont pas adaptés au web. Le minimum que l’industrie de la musique devrait faire, c’est de permettre le téléchargement sans restrictions de copyright pour l’usage personnel. Si elle veut prendre le pas sur les réseaux pirates, elle doit offrir une facilité d’utilisation similaire avec une qualité supérieure et une base de données complète”. Qu’en est-il de Napster ? “Les négociations vont s’accélérer, car les “majors” comprennent qu’elles ne stopperont pas l’échange de fichiers piratés.”Enfin, quand on l’interroge sur les possibles développements de Lycos, Christoph Mohn en voit deux principaux : “Nous allons développer la messagerie multimédia, qui permet aux gens de communiquer entre eux, que ce soit via un téléphone portable ou “via” le web. Mais pour cela, nous attendons que les opérateurs mobiles rendent ce service accessible dans toute l’Europe. Notre deuxième axe de développement sera l’ouverture de notre base de téléchargement de films au-delà de l’Allemagne.”Mais pas question pour lui de se relancer dans l’aventure de l’accès à internet. “Avec Comundo [offre d’accès à bas débit, ndlr], nous avons 500 000 utilisateurs actifs dans toute l’Europe, principalement en Allemagne. C’est une ligne d’activité légèrement bénéficiaire. Mais nous ne nous lancerons pas dans le haut débit.”

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Alain Steinmann