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Chez NEC France, l’usine plie mais ne rompt pas

Sur le site d’Angers, la flexibilité des horaires et le recours aux intérimaires permettent à la filiale française du groupe japonais de supporter les variations de charge.

Les cartes signalent encore le site sous la marque Bull. Mais l’entreprise française a vendu le terrain depuis longtemps à la ville d’Angers. Le constructeur informatique japonais NEC s’y est installé en 1994 en louant les bâtiments à la municipalité. Depuis, NEC fait partie, tout comme Thomson Multimédia, des grands employeurs de la région. À la tête de 1100 employés, le directeur de l’usine, Denis Delrieu, débarqué de chez Thomson Multimédia il y a moins d’un an, s’attache à favoriser la flexibilité des horaires pour faire face aux fortes variations du marché du PC et, donc, des commandes.Le site d’Angers, qui est le principal centre de production du constructeur japonais en dehors des États-Unis et du Japon, fonctionne en tandem avec son frère jumeau de Livingstone en Écosse. L’usine fabrique des machines sous la marque NEC pour les professionnels et Packard-Bell pour les particuliers. Elle produit des desktops [ordinateurs de bureau, ndlr] en configuration à la demande (configure to order), des notebooks [ordinateurs portables] et des serveurs(*).

Une production par à-coups

Denis Delrieu explique qu’il peut transférer occasionnellement des volumes de production de l’un à l’autre en cas de variation de charge. Mais son plus gros problème aujourd’hui, c’est de gérer des cycles de commandes totalement irréguliers. Rien qu’au premier semestre, la demande a chuté de 35 %. Le second semestre devrait être meilleur, d’autant que l’usine a obtenu après compétition la fourniture à EDF de 100 000 ordinateurs destinés à son personnel. Soit quel-que 100 000 heures de travail supplémentaire et pas loin de 152 millions d’euros (1 milliard de francs de CA).Cette commande, typique d’une variation brutale de charge, peut donc être absorbée par la flexibilité des horaires du site “Patton”, qui fonctionne sous le régime des deux-huit. Une production hebdomadaire peut osciller entre 30 et 40 heures à partir d’un volume fixe annuel. Il n’y a donc pas d’incidence sur la feuille de paie. En cas de surcharge, et plutôt que de basculer sur un régime de trois-huit, l’usine a recours à des intérimaires, un volant de 100 à 150 fidèles, qui ont l’avantage, selon Denis Delrieu, d’avoir l’esprit “maison”.

Un ?”il sur les fournisseurs…

Plus que tout, la gestion des ressources humaines est au premier plan de cette usine d’assemblage qui entend défendre ses emplois. La politique du site consiste à multiplier les efforts pour obtenir des produits de qualité. Cette politique se retrouve d’abord dans les relations avec les fournisseurs, tout au long de la chaîne de production et, enfin, dans le centre d’appel intégré qui assure l’après-vente. Le premier volet n’est pas le moindre et chaque fournisseur, que ce soit pour les cartes mères, les processeurs ou les périphériques, voit son taux de défauts mesuré à la virgule près. Selon Arezki Sahli, quality senior manager, c’est Intel ?” pour les microprocesseurs ?” qui remporte la palme avec un taux de défaut de seulement 0,1 %.L’usine n’hésite pas à demander à ses fournisseurs d’envoyer des techniciens pour constater sur place les anomalies décelées. Elles le sont tout au long d’une chaîne d’assemblage qui mesure 450 mètres pour les desktops. Les vérifications s’effectuent en bordure des tapis roulants d’assemblage pour les quelque 1 300 000 ordinateurs de bureau, tandis que les ordinateurs portables et les serveurs bénéficient d’une production plus artisanale.

… l’autre sur les fêtards

Sur la chaîne des desktops, la culture japonaise n’est pas reniée. Les défauts sont comptabilisés par lots de 280 machines. Chaque défaut repéré entraîne un certain nombre de points. Passé un seuil, toute l’équipe est invitée à démonter les 280 machines du lot. Un épisode qui ne se produit pas souvent croit-on deviner dans les propos d’Arezki Sahli. Chez NEC, le travail d’équipe est essentiel.Pour Denis Delrieu, un employé qui “a fait la fête la veille a du mal”. Cette variable est prise en compte et l’équipe dont fait partie le fêtard doit pallier le manque accidentel d’énergie et d’attention de l’un ou l’autre de ses membres. Tout cela fait partie d’un plan baptisé “Impaqt” qui vise à responsabiliser au maximum, les 1100 salariés dont la moyenne d’âge est de 33 ans.Pour “backer” sa production, l’usine d’Angers dispose d’un centre d’appel intégré qui gère la hotline. Entre autres points forts, certains répondants sont des anciens de l’usine. Le retour d’une machine est rare : “89 % des appels sur la “hotline” génèrent une solution par téléphone”, assure Denis Delrieu. Juste retour des choses puisque, si l’assemblage pur et dur d’un ordinateur ne dure que 12 minutes, il ne quitte la chaîne, emballé et prêt à être livré, qu’au bout de 48 heures. Contrôle qualité oblige.(*) La marge réalisée à Angers sur les serveurs est vingt fois plus importante que pour les PC.

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Philippe Bonnet