Passer au contenu

Cher lecteur technophile hélas

‘ N’écoutant que son courage qui ne lui disait rien, il se hâta de ne rien faire… ‘ (d’après Jules Renard)

La vraie, la seule qualité que m’ont apportée vingt-cinq ans de pratique et de réflexion dans l’information et la technologie, est une vertu que les bonnes fées avaient omis de déposer dans mon berceau : la modestie. En la matière,
désormais, je ne crains personne.A force de voir que rien ne marche comme prévu, on finit par être prudent. Je suis donc très étonné par l’extrême agressivité, je dirais même la prétention des blogueurs et autres technéophytes, qui rééinventent tous les jours la roue.
Une attitude qui me rappelle celle des entrepreneurs de la nouvelle économie avant l’implosion de la bulle internet. Disons, pour être aimable, que cette prétention est positive si elle fait avancer les choses.Ce que je peux vous apporter ici, c’est un peu de recul, voire de hauteur. Avec l’avantage énorme ?” jubilatoire ?” que donne le statut d’observateur : à la différence d’autres émetteurs de paroles définitives
intervenant ici et là, je n’ai rien à vendre. Ma longue et douloureuse expérience m’amène seulement à quelques constats sur les T-I-C, les technologies de l’information et de la communication (pleines de tics et de tiques), que je voudrais vous
faire partager.Primo, la techno, ça ne marche pas comme on le voudrait : il se passe toujours des choses bizarres sur votre ordinateur, votre PDA, dans votre réseau ; vous appuyez quotidiennement sur les mêmes boutons et, un beau jour, nul
ne sait pourquoi, survient l’inattendu ; un peu comme si l’informatique générait sa propre entropie ; malgré l’implacable et binaire certitude du 0 et du 1, j’assimilerais davantage les TIC à la théorie des ensembles flous, voire à celle
des catastrophes, qu’à celle des mathématiques.Deuxio, la techno, nul n’y comprend rien, en tout cas globalement. Comme disait Bernard Shaw : ‘ Les spécialistes sont des gens qui savent de plus en plus de choses dans des domaines de plus en plus
restreints ; à la limite ils savent tout sur rien. ‘
Ainsi, une hot-line est, en général, incapable de répondre à la moitié des questions des utilisateurs. Le nombre de connexions systémiques d’un SI dépasse l’entendement humain. Pire que l’ADN, qui nous rapprocherait du chimpanzé, à
1 % près, soit quelques dizaines de millions de gènes de différence.Tertio, diffuser de la techno à l’allure où on le fait, c’est donner du lard aux cochons. Vous venez à peine de finir d’installer votre logiciel qu’on vous demande de télécharger une mise à jour.Quarto, la techno, ça fait perdre du temps ; un temps de compréhension, d’installation, de formation, de dépannage, qui serait peut-être utilisé plus judicieusement à se parler et à s’écouter.Bref, cher lecteur, vous m’avez compris : la techno est le pire de tous les systèmes, à l’exception de tous les autres, hélas.Bon, c’est pas tout ça, mon PDA sonne, mes fils RSS clignotent, ma webcam s’allume, faut que j’y aille…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Lucien