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Chasseur de particules

Depuis 30 ans, l’association Airparif analyse la qualité de l’air en Île-de-France, grâce à un réseau de 65 stations de mesures entièrement automatisées.

Airparif fête cette année son trentième anniversaire. Cet organisme à but non lucratif, agréé par le ministère de l’Environnement, est chargé de surveiller la qualité de l’air en Île-de-France, et de prévoir les épisodes de pollution, afin d’en informer le plus rapidement possible les populations sensibles. Voici quelques-unes des constatations établies par l’association : “ Les concentrations de particules fines mesurées le long du boulevard périphérique sont en moyenne 75 % supérieures à celles mesurées au Forum des Halles. Celles de dioxyde d’azote mesurées sur les trottoirs des Champs-Élysées sont en moyenne 60 % supérieures à celles mesurées au Forum des Halles. Les concentrations d’ozone ont doublé en Île-de-France depuis le début des années 1990… ” Airparif dispose de 65 stations pour mesurer en temps réel la quantité et les différents types de polluants.

La maîtrise des données

L’association, qui emploie 50 personnes, réalise également des modèles mathématiques de la pollution en Île-de-France, en analysant une base de données des principaux polluants (usines, aéroport, trafic…). Chaque matin, l’ingénieur et le technicien d’astreinte étudient les données transmises par les stations, et les comparent aux modèles mathématiques. Une fois les mesures validées, le bulletin quotidien de la qualité de l’air est diffusé sur le site de l’association, www.airparif.asso.fr, à 11 heures précises. Chaque année, Airparif déclenche en moyenne dix alertes de pollution. Elles surviennent lorsque deux stations, dont une éloignée du trafic (station de fond), transmettent des valeurs trop élevées pour un même polluant au cours d’une période donnée. L’association diffuse alors des informations et des recommandations aux autorités et au grand public via son site.

Les stations de mesures

Airparif dispose de 65 stations de mesures en Île-de-France, dont 13 à Paris. Il en existe deux types : les stations situées à proximité du trafic et les stations de fond. Les premières sont installées dans les zones très polluées comme ici la place Victor-et-Hélène-Basch, dans le XIVe arrondissement. Les secondes sont placées dans les zones dites “ préservées ”, à l’écart des secteurs de pollution et permettent de mesurer la qualité moyenne de l’air.

Pièges à polluants

Les appareils de mesures passifs intègrent un grillage extrêmement fin qui capture les particules de polluants. Ils sont utilisés pour le contrôle du dioxyde d’azote, des formaldéhydes et des benzènes. Ce système est utilisé dans le cadre de campagnes de mesures à l’échelle régionale. Plusieurs centaines de tubes sont placés dans les stations d’Airparif pour une durée d’une à deux semaines, avant d’être analysés en laboratoire.

Des appareils automatisés

Les stations automatisées, à l’inverse des appareils passifs, aspirent l’air toutes les 7 secondes via un système de pompes situées dans des locaux thermorégulés (climatisés à la même température). En surface, deux des têtes de prélèvement, équipées de filtres, capturent les particules de 2,5 ou 10 microns. Celles-ci sont dirigées vers une microbalance (à gauche) qui calcule la masse de polluants. L’information est traitée par le boîtier d’analyses (ci-dessous) puis transmise à Airparif par ligne téléphonique tous les quarts d’heure.

L’analyse des polluants

Le laboratoire de chimie d’Airparif collecte et analyse les grillages contenus dans les tubes de mesures passifs. Le grillage est placé dans un tube puis rempli d’un solvant qui va détacher les particules. Les tubes sont ensuite placés dans un chromatographe ou un spectrophotomètre afin de séparer les composés et déterminer la nature et la quantité des différents polluants (oxydes d’azote, dioxydes de soufre…). L’opération s’effectue en 30 minutes seulement.

23 ans de données en mémoire

Le serveur de stockage principal équipé de processeurs Intel Xeon récupère les données en provenance des différentes stations d’analyse. Il est programmé pour repérer automatiquement les points de pollution et prévenir l’ingénieur ainsi que le technicien d’astreinte en cas de dépassement du seuil d’alerte. Le serveur principal, remplacé tous les cinq ans environ, stocke “ seulement ” 15 Go de données correspondant aux prélèvements de ces 23 dernières années.

En alerte 24 h sur 24

Le service informatique assure aussi bien la maintenance des serveurs que la mise à jour des informations du site Internet d’Airparif. Les informaticiens se relaient 24 heures sur 24 pour assurer la continuité du service, dans le cas d’une alerte pollution ou pour réparer en temps réel un système défaillant.

Des données transmises par ligne téléphonique

Les stations d’analyses de la qualité de l’air transmettent leurs données au centre de l’association tous les quarts d’heure, par ligne téléphonique. Une liaison ADSL coûte beaucoup trop cher et ne présente guère d’intérêt, compte tenu du faible poids des données transmises à chaque communication.

Analyse, calcul et diffusion

La plupart des serveurs sont utilisés par les ingénieurs d’Airparif pour le stockage des bases de données de polluants, la modélisation informatique des zones de pollution et la comparaison avec les mesures de qualité de l’air transmises en temps réel par les stations. C’est également ici que se trouvent les serveurs Web d’Airparif et de Esmeralda, le site multirégional de cartographie et de prévision de la qualité de l’air (Île-de-France, Centre, Champagne-Ardenne, Picardie, Haute-Normandie et Nord-Pas-de-Calais).

Informer en temps réel

Le site d’Airparif diffuse chaque jour, à 11 heures du matin, un bulletin sur la qualité de l’air en Île-de-France, mesuré par l’indice ATMO. Celui-ci varie de 1 pour très bon, à 10 pour très mauvais. Il est possible de consulter les résultats par station ou par type de polluant, et même de télécharger l’historique des mesures, depuis 1991. En outre, le site diffuse quotidiennement le bulletin allergo-pollinique de Paris, rédigé par le réseau national de surveillance aérobiologique, à partir des analyses du laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris.

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Philippe Fontaine - Olivier Blaise